Le gouvernement pakistanais a fait samedi appel à l’armée pour rétablir l’ordre dans la capitale Islamabad, où des affrontements entre police et islamistes ont fait le même jour au moins un mort et près de 200 blessés.
« Le gouvernement (…) autorise le déploiement d’un nombre suffisant de soldats de l’armée pakistanaise (…) en appui au pouvoir civil, (afin de) maintenir l’ordre sur le territoire d’Islamabad à partir du 25 novembre, et jusqu’à nouvel ordre », d’après une requête des autorités chargées d’administrer Islamabad, dont l’AFP a eu copie.
La puissante armée pakistanaise n’a fait aucun commentaire dans l’immédiat.
Plus tôt samedi, son chef, le général Qamar Javed Bajwa, avait téléphoné au Premier ministre Shahid Khaqan Abbasi pour lui conseiller de régler la situation « pacifiquement ». « La violence (…) n’est pas dans l’intérêt national », lui a-t-il dit, selon un tweet de son porte-parole.
Quelque 2.000 manifestants bloquent depuis près de trois semaines le principal accès à Islamabad, campés sur un pont routier à la limite de l’agglomération voisine de Rawalpindi. Ils paralysent ainsi l’intense trafic entre ces deux villes aux dépens de dizaines de milliers d’habitants, contraints de subir des heures d’embouteillages.
Ce n’est qu’après plusieurs vaines tentatives de négociations que les autorités se sont résolues à tenter de les chasser.
Quelque 8.500 policiers et paramilitaires avaient été déployés au petit matin samedi pour disperser les contestataires, selon un responsable du ministère de l’Intérieur.
Mais les opérations, infructueuses, ont été suspendues dans l’après-midi, a déclaré à l’AFP une source sécuritaire de haut niveau. Elles n’avaient pas repris en début de soirée.
La manifestation est pilotée par un groupe religieux peu connu, Tehreek-i-Labaik Yah Rasool Allah Pakistan (TLYRAP), qui exige la démission du ministre de la Justice, à la suite d’une polémique au sujet d’un amendement modifiant légèrement le serment que doivent prêter les candidats à des élections.
D’après le TLYRAP, cette légère modification, finalement abandonnée par le gouvernement, visait à permettre la participation aux scrutins des Ahmadis, une secte dont les membres sont persécutés et considérés comme des hérétiques aux croyances blasphématoires, un sujet ultra-sensible dans le très conservateur Pakistan.
Au cours de l’opération déclenchée samedi matin, des policiers en tenue antiémeute ont tiré de premières grenades lacrymogènes et des balles en caoutchouc en direction des manifestants, qui ont répliqué par des jets de pierres et d’autres projectiles, ont constaté des journalistes de l’AFP sur place.