Plus de trois semaines après le déclenchement de la guerre en Palestine, le roi Mohammed VI continue de garder le silence. Une attitude étrange qui est critiquée même au Maroc.
Les analystes ont raison d’estimer que la normalisation des relations de certains pays arabes avec Israël est l’autre victime collatérale des événements en cours en Palestine.
« Tout cela peut mourir du jour au lendemain », a récemment mis en garde l’ancien Premier ministre français, Dominique de Villepin.
@elmassoudiabousara♬ الصوت الأصلي – محمد المسعودي
Au Maroc, ce n’est pas encore la remise en cause de l’accord signé en 2020, mais la société bouillonne et son grognement se fait de plus en plus audible devant l’horreur des bombardements israéliens sur la bande de Gaza.
Le royaume a normalisé ses relations avec l’État hébreu en 2020, presque en même temps que trois autres pays arabes, les Émirats, le Bahreïn et le Soudan, dans le cadre des accords dits d’ « Abraham », négociés sous l’égide de l’ancien président américain, Donald Trump.
Plus que les trois autres États, le Maroc a une opinion publique résolument acquise à la cause palestinienne. Les autorités avaient mis en avant le statut du roi Mohammed VI, autoproclamé « président du comité Al Qods » et avaient tenté de convaincre que la normalisation n’empêchera pas le royaume de continuer à soutenir la cause palestinienne.
Mais ce n’est pas ce que laisse penser la position officielle du Maroc depuis le début des bombardements israéliens à Gaza, il y a plus de trois semaines.
Le roi Mohammed VI est resté étrangement silencieux, son gouvernement aussi. Pendant ce temps, les Marocains se distinguent par des marches imposantes dans les rues des grandes villes et d’autres actions pour afficher leur attachement à la cause palestinienne.
Sur les réseaux sociaux, des Marocains ont semblé apporter leur soutien à Israël et dénoncer la résistance palestinienne, mais il s’est avéré qu’il s’agit de faux comptes.
Un scandale a d’ailleurs éclaté après une enquête de la plateforme Eekad faisant ressortir que 22.000 faux comptes, se présentant comme marocains, ont été créés sur l’ex-Twitter.
L’enquête a révélé que ces faux comptes ont été créés juste avant la signature de l’accord de normalisation en décembre 2020. Leur objectif est évident : faire croire que la normalisation est acceptée par l’opinion publique. Ce que démentent les Marocains quotidiennement.
Guerre Israël – Palestine : le Maroc bouillonne
Outre dans les manifestations imposantes, les Marocains expriment leur colère partout, y compris dans les mosquées.
Dans une vidéo mise en ligne sur TikTok, on voit un fidèle prendre la parole pour dénoncer le silence du ministère des Waqfs, l’un des secteurs, avec la défense, la diplomatie et l’éducation, que le roi a gardé sous sa coupe.
Visiblement, l’imam n’a pas évoqué dans son prêche ce qui se passe en Palestine et cela n’a pas plus à ce fidèle qui s’en est pris directement au ministère, donc au gouvernement et au roi.
« Le ministère des Waqfs n’a pas osé parler de ce qui est fait à la mosquée d’Al Aqsa. Ils (les Israéliens) envisagent de la démolir. Y a-t-il une injustice plus grave que ça ? (…) Y a-t-il plus grave alors que nos frères meurent en Palestine ? », s’est-il écrié dans la salle de prière.
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« Dans un pays dont le roi est président du comité Al Qods, ils ne peuvent pas dénoncer cela », a-t-il enfoncé, s’en prenant directement à Mohammed VI.
« Il parle d’un petit voleur et il oublie le grand voleur, qui a volé toute une nation », ajoute l’homme, très en colère, à propos de l’imam qui n’a pas dit un mot sur ce qui se passe en Palestine. Dans leurs prêches, les Imams au Maroc sont tenus de ne pas sortir des thématiques fixées par la tutelle.
Les scandales liés à la normalisation se multiplient au Maroc simultanément avec la dégradation de la situation en Palestine.
Tout récemment, de nombreux Marocains sont sortis dans la rue à Tanger, notamment pour dénoncer des tentatives de leur expropriation par des Israéliens d’origine marocaine revenus après la normalisation réclamer des biens fonciers et immobiliers qu’ils ont abandonnés lors de leur départ pour Israël il y a plusieurs décennies. Un influenceur s’est demandé sur TikTok s’il s’agit là de la contrepartie que les Marocains devront payer pour avoir le Sahara occidental.
Le Maroc a, en effet, accepté de normaliser ses relations avec Israël en contrepartie de la reconnaissance par les États-Unis de la « souveraineté marocaine » sur les territoires sahraouis occupés.
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