Société

Paludisme et diphtérie dans le sud algérien : 40 décès, des associations décrivent une situation difficile

Plusieurs localités de l’extrême sud de l’Algérie sont touchées par une épidémie de paludisme et de diphtérie. Les habitants de Timiaouine, dans la wilaya de Bordj Badji Mokhtar, ont lancé un appel aux autorités pour une meilleure prise en charge des retombées de la situation sanitaire difficile.

Selon le prefesseur Kamel Sanhadji, directeur de l’agence algérienne de sécurité sanitaire, les deux maladies ont déjà causé la mort de 40 personnes. 

L’appel lancé au wali, signé par neuf associations locales, a été partagé ce mardi 1er octobre sur les réseaux sociaux par le Parti des Travailleurs (PT). 

Les signataires expliquent que l’épidémie de paludisme, ou “fièvre des marais”, est due aux marais qui se sont constitués après les fortes pluies qui se sont abattues sur la région durant le mois de septembre. Les marais se sont constitués sur une longueur de 100 kilomètres, traversant la commune de Timiaouine d’est en ouest, notamment au niveau des lieux dits Adjdem, Djoudane, Tadjraout et Tsameg. 

Ces eaux stagnantes ont favorisé la prolifération des moustiques et autres insectes vecteurs de la transmission de la maladie. Outre le paludisme (malaria), des cas de diphtérie sont aussi enregistrés. 

Selon les neuf associations, les plus touchées sont les populations de nomades installées près des marais, à El Djezal, Oued Tsameg, oued Djoudane, Hassi Chourmal, Adledj et Attoul. Un appel urgent est lancé au wali pour faire acheminer les vaccins et les médicaments vers ces lieux en priorité. 

Au chef-lieu de la commune de Timiaouine, la situation est “catastrophique dans tous les sens du terme”, déplorent les représentants de la société civile, indiquant que les salles et les zaouïas de la localité sont submergées de malades et les “morts se comptent par dizaines”. 

Paludisme et diphtérie : situation difficile à l’extrême-sud de l’Algérie

Les associations réclament l’envoi de cadres médicaux spécialisés dans la prise en charge des cas de paludisme et de diphtérie ainsi que d’une aide alimentaire d’urgence, particulièrement des produits de première nécessité. 

“La sous-alimentation de certaines familles nomades impacte l’immunité et la capacité à résister à maladie”, soulignent les associations de la société civile.  

Le directeur de l’Agence nationale de la sécurité sanitaire, Pr. Kamel Sanhadji, a dévoilé lundi les chiffres des contaminations et des décès. Il y a eu au total 40 décès, 28 dus à la diphtérie et 12 au paludisme. 

Concernant l’épidémie de diphtérie, 115 cas ont été enregistrés depuis le 28 août, principalement dans les zones frontalières comme Tin Zaouatine, In Guezam et Timiaouine. Sur les 28 décès, 27 ont été déplorés dans la région de Tin Zaouatine. 

En outre, 421 cas de paludisme (malaria) ont été enregistrés, également dans les zones frontalières, dont 200 cas à In Guezam. 

La situation s’améliore toutefois, du moins s’agissant de la diphtérie puisqu’une baisse du nombre de cas est constatées depuis trois jours et la démoustication est prise en charge par les services du ministère de l’Intérieur, a indiqué le spécialiste, ajoutant qu’il n’y a pas de risque de contamination dans les aéroports. 

Sur les ondes de la Radio algérienne, Sanhadji a confirmé que l’épidémie “s’est propagé en cette période propice marquée par les dernières pluies ayant provoqué des eaux stagnantes et l’émergence de moustiques dans le désert”, expliquant que la diphtérie est une maladie contagieuse, alors que le paludisme est transmissible par le moustique.

Il a aussi confirmé que les structures de santé des wilayas éloignées “sont prises d’assaut et sont saturées”.

La majorité des cas de diphtérie et de paludisme ont été “importés”, par les migrations en provenance de certains pays voisins où, a affirmé le professeur, « le système sanitaire n’est pas forcément développés comme le nôtre où le taux de couverture vaccinale avoisine ou dépasse les 80 % des populations ».

Toutes les zones touchées bénéficient d’un approvisionnement régulier en vaccins et en médicaments, avec un protocole thérapeutique conforme aux recommandations de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), a-t-assuré.

Il faudra, a plaidé Sanhadji, renforcer les moyens de dépistage sur place, sachant que des tests se font encore à l’Institut Pasteur d’Alger, à plus de 2 300 kilomètres. 

 

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