La mission se complique de plus en plus pour le panel de dialogue et de médiation mis en place le 25 juillet.
Ce dimanche 4 août, la commission a tenu sa première séance de travail à laquelle ont assisté même les « nouveaux membres » dont les noms n’ont pas été dévoilés. Des commissions de travail ont été mises en place ainsi qu’une commission des sages.
L’Instance annonce surtout avoir décidé d’entamer « immédiatement » l’organisation des consultations de dialogue avec la classe politique, les personnalités nationales et la société civile. Sauf que les réactions enregistrées jusque-là du côté des acteurs de la scène politique incitent à moins d’optimisme.
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Alors qu’une partie non négligeable de l’opposition, soit les partis de l’Alternative démocratique, ont exprimé leur rejet du principe même de la mise en place de l’instance et d’organiser un dialogue autour du seul point de la présidentielle, l’autre faction de la classe politique, les partis des Forces du changement, ne semble pas prête à prendre part au processus.
Samedi, Abdallah Djaballah a taillé en pièces le panel et l’objet de sa mission, qualifiant le dialogue annoncé de « manœuvre grossière ». Djaballah parlait au nom de son parti, le Front de la justice et du développement, mais les propos qu’il a tenus laissent penser qu’ils expriment l’état d’esprit de toutes les formations politiques et organisations de la société civile qui avaient pris part au Forum du dialogue le 6 juin à Aïn Benian.
Le président du FJD a clairement fait le reproche au pouvoir d’avoir « ignoré » les propositions de sortie de crise de ce forum. « Comment peut-on ignorer une plateforme adoptée par une grande partie des meilleurs enfants de la patrie, parmi lesquels des acteurs du hirak, des étudiants, des avocats, des associations et des syndicats qui ont présenté une vision mûre pour une solution politique, et opter pour une manœuvre ridicule et grossière ? », s’est-il interrogé.
Le forum du 6 juin avait regroupé des dizaines de syndicats et d’associations en plus de treize partis politiques, dont des poids lourds comme le FJD, le MSP et Talai al Houriyat d’Ali Benflis.
Ce dimanche, Djaballah a remis ça en annonçant sur TSA qu’il ne va pas « trahir le peuple ». « Nous ne sommes pas concernés par le panel dont l’objet a été défini précédemment et qui a été créé spécialement pour la mise en place de l’instance indépendante de contrôle et d’organisation des élections. Nous pensons que cela ne répond pas au but recherché », tranche-t-il.
Le démenti des oulémas, un coup dur pour le panel
Pour le moment, aucun parti d’opposition n’a fait part de sa disponibilité à répondre à une éventuelle invitation du panel et il semble bien que celui-ci devra discuter au mieux avec les seconds couteaux de la classe politique et ce qui reste de l’ex-alliance présidentielle.
La commission aura aussi du mal à convaincre par sa composante, ou ce qu’il en reste. Le 30 juillet, au soir du recul du pouvoir sur les engagements pris concernant les mesures d’apaisement, un membre à la crédibilité indéniable avait claqué la porte. Il s’agit de l’économiste Smaïl Lalmas, imité en fin de semaine par Azzedine Benaïssa.
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Même le coordinateur Karim Younès a songé à remettre le tablier jeudi, mais il a accepté de continuer sur insistance des autres membres. Néanmoins, il a expliqué dès samedi qu’il n’abandonnait pas les préalables posés et qu’il était toujours dans l’attente de voir la présidence tenir ses engagements.
Ce dimanche, le président de l’association des oulémas musulmans, Abderrazak Guessoum, a porté un coup supplémentaire au moral de Karim Younès en démentant les informations de presse faisant état de sa décision d’intégrer l’Instance de dialogue.
« L’association des oulémas considère certes que le dialogue est la meilleure voie pour sortir de la crise, mais la réussite du dialogue et la concrétisation des aspirations des Algériens sont liées à la mise en place d’un climat favorable à sa réussite », écrit l’association qui dit attendre toujours « la mise en place d’un climat favorable, via notamment la protection du hirak, la cessation du harcèlement contre le mouvement populaire et la satisfaction de ses revendications ».