Économie

PC portables et téléphones fortement taxés : une mesure à haut risque

Les restrictions sur les importations font de nouveau parler. Une note des services des impôts, portant sur l’imposition de fortes taxes sur les marchandises envoyées de l’étranger vers l’Algérie par colis postaux, a fait réagir tant sur les réseaux sociaux que dans les médias.

Selon El Watan, les téléphones portables et les tablettes sont frappés d’une taxe de l’ordre de 133%, alors que pour les ordinateurs, cette taxe est de 60%.

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Le quotidien El Watan conclut à une énième entrave à la numérisation promise puisque ce mode d’acheminement concerne aussi, et surtout, les équipements informatiques et de téléphonie, ainsi que leurs accessoires.

Le marché est déjà plombé par le changement de cap entamé en 2018-2019, avec l’abandon du régime préférentiel accordé aux usines de montage et les fortes restrictions sur les importations.

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Toutes proportions gardées, la situation de la téléphonie-informatique est comparable à celle du secteur automobile. Une stratégie nationale a été adoptée au début des années 2010 pour asseoir une industrie locale qui serait un palliatif aux importations et permettrait de dégager des quantités à l’export.

Cette politique sera dénoncée plus tard, notamment après le hirak de 2019, et l’industrie promise est accusée de n’être qu’une autre forme déguisée d’importation.

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Cette remise en cause a coïncidé avec la chute des revenus pétroliers de l’Algérie et la ferme résolution du gouvernement à réduire la facture des importations pour préserver les réserves de change.

La levée du système préférentiel CKD/SKD a été suivie de la fermeture des usines de montage. Pour l’automobile, même l’importation est suspendue, causant une rareté de l’offre et la flambée des prix de l’occasion. L’interdiction n’est toujours pas levée.

L’importation de téléphones portables a été rétablie en 2019 mais elle sera soumise au droit additionnel provisoire de sauvegarde (DAPS) qui prévoit des taxations supplémentaires allant de 30 à 200% sur certains produits afin de protéger la production locale. La liste vient d’être élargie pour toucher un total de 2608 marchandises, selon le ministre du Commerce.

Les répercussions de la nouvelle situation sur le marché de la téléphonie et de l’informatique sont perceptibles à travers les prix qui ont atteint des sommets, le peu de variété de l’offre et l’indisponibilité de la pièce de rechange pour la maintenance.

Si le souci de réduire les importations dans une conjoncture économique difficile est compréhensible, d’autant plus que les abus tels que la surfacturation et le transfert illégal de devises sont légion, cela ne doit néanmoins pas se faire à tout prix.

Le cabas a pris le relais

Après plus d’une décennie de démocratisation, les outils permettant l’accès aux nouvelles technologies de l’information deviennent plus difficilement inaccessibles. Cela concerne les smartphones auxquels tout le monde s’est habitué, et surtout les ordinateurs portables, devenus hors de portée de nombreuses franges de la population.

Plusieurs raisons objectives dictent de lever les restrictions pour rendre ces équipements disponibles et plus accessibles. D’abord, la situation actuelle ne cadre pas avec la stratégie du président de la République qui plaide pour une relance basée sur l’économie de la connaissance.

Car si l’on ajoute les autres entraves, comme la qualité de la connexion internet ou les embûches fiscales et administratives mises devant le commerce électronique, la stratégie risque de ne pas atteindre tous ses objectifs.

L’autre raison qui doit inciter à plus de réflexion, c’est la prolifération du commerce informel qui a récupéré le terrain cédé par l’activité légale. L’importation de smartphones et d’ordinateurs portables continue à se faire par le procédé dit du « cabas », c’est-à-dire dans les bagages des voyageurs avec tout ce que cela implique comme risque de corruption et surtout de danger pour la sécurité nationale.

Il faut noter que la réglementation soumet tout téléphone importé au contrôle et à l’aval de l’Autorité de régulation de la Poste et des communications électroniques afin notamment d’éviter les logiciels d’espionnage. Or, avec les téléphones importés dans les cabas et qui sont largement majoritaires dans les boutiques en Algérie, il n’y aucun contrôle possible sur la qualité, la provenance et surtout la comptabilité des smartphones aux fréquences autorisées en Algérie.

Enfin, l’argument de la protection du produit national avancé pour expliquer le maintien du DASP et de toutes les restrictions sur les importations ne tient pas concernant la téléphonie et l’informatique puisque, dans ces deux filières, il n’y a quasiment plus d’industrie nationale à protéger.

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