Société

PCR pour les joueurs de football : une prise en charge qui ne passe pas

Le championnat de Ligue 1 algérienne de football reprendra samedi prochain, 28 novembre, dans un contexte de recrudescence de la pandémie de Covid-19.

Tous les matchs se dérouleront à huis clos jusqu’à nouvel ordre et les clubs engagés sont tenus de se conformer au protocole sanitaire afin de préserver la santé des joueurs. Le protocole prévoit notamment des tests PCR obligatoires pour tout le monde avant chaque rencontre. Cela est aussi valable pour les matchs de la Ligue2.

Ce qui induira forcément des frais supplémentaires pour des clubs qui font déjà face à d’énormes difficultés financières. Certains présidents de clubs ont fait la moue et celui de la Ligue de football professionnel (LFP) qui gère la compétition s’est précipité pour rassurer tout le monde en annonçant la prise en charge par la ligue de l’ensemble des frais des tests PCR le temps que ceux-ci seront nécessaires, c’est-à-dire jusqu’à l’éradication du virus, ce qui sous-entend que cette prise en charge promise pourrait s’étaler sur toute la saison.

Avec un championnat de Ligue 1 à vingt clubs, c’est 38 journées de 10 matchs chacune, et autant pour la Ligue 2. Pour un seul match, il faudra tester au moins une trentaine de membres de chaque équipe (joueurs convoqués pour le match, différents staff…) en plus des officiels. À 12 000 Da le test, suivant les tarifs pratiqués dans le privé, la facture risque d’être très salée en fin de saison pour la Ligue.

Une facture que l’ancien président du CA Batna, Farid Nezzar, estime à environ 80 milliards de centimes (800 millions de dinars) par an. Nezzar pose une interrogation très pertinente : la LFP possède-t-elle une telle somme ?

Il est en effet très peu probable que la LFP soit en mesure de faire face à une telle dépense, notamment si la pandémie dure jusqu’à la fin de la saison, prévue pour juillet prochain.

Pour l’ancien dirigeant batnéen, il serait plus sensé de mettre les frais des tests à la charge des joueurs. Ces derniers perçoivent en effet de très gros salaires, dépassant pour la plupart les un million de dinars mensuels, allant même jusqu’à 2 ou 3 millions. Une dépense de 12 000 Da par semaine ne les ruinera pas. Cela au moment où des personnels directement exposés n’ouvrent pas droit au dépistage gratuit.

Le professeur Salim Benkhedda, qui milite pour rendre les tests et les médicaments anti-Covid plus accessibles, relève la même aberration.

« Depuis le début de la pandémie, nous demandons sans résultat le dépistage systématique du Covid chez le personnel soignant. Il est impératif de détecter et d’isoler le personnel afin de protéger les malades qui sont les personnes les plus vulnérables face à cette pandémie », rappelle le professeur, qui exerce au CHU Mustapha  d’Alger.

« Par contre, dénonce-t-il, les footballeurs auront tous droit à un test de dépistage payé par la fédération de football ». « Il n’y a aucune comparaison entre le salaire d’un footballeur qui dépasse les 200 millions (centimes, soit deux millions de dinars) et la paye minable que touche un soignant du secteur public qui affronte la mort et met ses proches en danger. De nombreux soignants du secteur public, même symptomatiques, ont dû faire leurs tests en privé et payer le prix fort », regrette le Professeur Benkhedda.

Le président de la Ligue de football, Abdelkrim Medouar devra au moins répondre à une interrogation qui taraude l’opinion : où compte-t-il trouver les fonds nécessaires pour financer une telle opération ?

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