La polémique sur les pénuries de médicaments en Algérie s’installe. En visite mardi à Tizi-Ouzou, le ministre de l’Industrie pharmaceutique Ali Aoun a usé d’un ton ferme pour démentir toute pénurie de produits anticancéreux.
« Je ne fonctionne pas selon les déclarations des uns et des autres. Les professeurs et les chefs de services font les déclarations qu’ils veulent. Je fais des déclarations selon le constat que nous vivons. Aujourd’hui, au niveau surtout de certains services d’oncologie, il y a un affolement qui n’est pas dû aux ruptures de stocks. Cet affolement n’est pas justifié », a déclaré le ministre Ali Aoun.
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Pour convaincre, il a donné un chiffre sur la disponibilité des médicaments anticancéreux.
« Je l’ai dit et je le répète : sur une gamme de 121 produits anticancéreux qu’importe la Pharmacie centrale des Hôpitaux (PCH), il n’y a que cinq ou six produits qui sont sous tension », précise-t-il.
Le ministre appelle à la responsabilité dans la prise de parole publique et dans les déclarations sur la disponibilité des médicaments en Algérie.
« Que ceux qui disent que nos enfants sont en train de mourir à cause des pénuries de produits pharmaceutiques, prennent leur responsabilité. Nous allons ouvrir une enquête contre toutes ces déclarations que je considère comme des diffamations », a-t-il mis en garde. « Jusqu’à quand allons-nous continuer ainsi à supporter les déclarations des uns et des autres ? », a-t-il interrogé.
«Certains disent n’importe quoi »
Le ministre Ali Aoun cite l’exemple du Centre Pierre-et-Marie-Curie (CPMC) d’Alger qui est un établissement hospitalier spécialisé en cancérologie.
« Certains disent n’importe quoi. Nous avons déjà fait une enquête conjointe avec le ministère de la Santé sur la Pharmacie principale du CPMC, suite aux déclarations d’une responsable. On a trouvé que tous les produits dont cette responsable disait être en rupture de stock, étaient disponibles ! », a asséné Ali Aoun.
Et de s’interroger : « Quel est le but de telles déclarations ? » Ali Aoun concède toutefois l’existence de tensions sur certains médicaments. « Il y a certes des tensions, mais il n’y a pas de ruptures de médicaments ».
Le ministre Ali Aoun prend un ton très grave : « Accuser les autorités algériennes de ne pas importer ou de ne pas satisfaire les besoins des malades en médicaments et prétendre que des patients sont en train de mourir, est quelque chose de très grave. Personnellement, je ne permettrais plus ce type de déclarations. La justice tranchera entre nous ».
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Le 20 novembre, Ali Aoun a annoncé l’ouverture d’une enquête sur la destination des anticancéreux importés par l’Algérie qui dépense entre 600 et 650 millions d’euros par an pour l’importation de ces médicaments.