La situation concernant l’épidémie de la peste des petits ruminants est « stabilisée », selon le Dr El Hachemi Karim Kaddour, Directeur des services vétérinaires (DSV) au ministère de l’Agriculture.
Le gros des cas recensés est concentré au niveau des wilayas « steppiques », de l’intérieur du pays comme Tébessa, Djelfa, Laghouat, Khenchela, El Bayadh et Naâma, où, selon notre interlocuteur, « les troupeaux sont nombreux, rapprochés et mobiles ».
« Il n’y a pas de contamination importante vers les autres wilayas grâce aux mesures que nous avons prises et à la collaboration des éleveurs qui sont mobilisés avec nous. Nous avons confiné la maladie dans ses premiers foyers. La situation est stabilisée », rassure M. Kaddour.
3150 agneaux morts de la peste
Le nombre d’ovins tués par la peste des petits ruminants a atteint, ce mardi 15 janvier, le chiffre de 3150 têtes, a indiqué le DSV qui a démenti tous les autres chiffres avancés par d’autres parties et qui font état de plusieurs milliers, voire de dizaines de milliers de cas.
La quasi-totalité des animaux tués par la maladie sont des agneaux âgés de moins d’un mois car « ils ne supportent pas la fièvre provoquée par la maladie ni le choc thermique qu’ils endurent à cause des basses températures des régions touchées », selon M. Kaddour.
Les premiers cas de mortalité d’ovins ont été rapportés entre les mois de septembre et d’octobre, selon le responsable du ministère de l’Agriculture.
« Nous nous sommes tout de suite penchés sur ces cas et nous avons vu des symptômes qui nous ont permis de suspecter la peste des petits ruminants, d’autant que c’est une maladie qui existe dans tous les pays du Maghreb ainsi qu’en Afrique et en Asie », explique-t-il.
L’épidémie a par la suite pris de l’ampleur jusqu’à ce qu’elle rende nécessaire la fermeture des marchés à bestiaux et la réglementation des mouvements d’animaux dès le mois de décembre, « sans arrêter l’approvisionnement des abattoirs parce que la population a besoin d’être alimentée en viande ovine », selon M. Kaddour.
Les suspicions du ministère de l’Agriculture ont été confirmées par des analyses faites par le laboratoire de référence situé en France. « Dès que nous avons eu le diagnostic, monsieur le Premier ministre nous a donné son accord pour l’achat du vaccin dans des conditions particulières [… ] Nous avons commandé 21 millions de doses et nous attendons la livraison des premières quantités à la fin janvier », détaille le DSV.
1400 vétérinaires mobilisés
El Hachemi Karim Kaddour rassure quant au suivi de la situation sur le terrain et la prise en charge des cas signalés et des éleveurs, notamment grâce à la mobilisation des 1400 vétérinaires que compte le ministère de l’Agriculture.
« Tous les services vétérinaires sont mobilisés, nous donnons des conseils et, en même temps, nous faisons un bilan quotidien des pertes », rassure encore M. Kaddour.
« Quand on nous signale un problème sanitaire, nos services se déplacent chez l’éleveur pour identifier la pathologie, parce qu’il y a d’autres pathologies que la peste. Lorsqu’il s’agit d’une maladie à déclaration obligatoire, nos services se mobilisent », affirme le DSV.
Parmi les mesures prises par le ministère pour contenir l’épidémie, l’isolement des animaux atteints, la distribution « à tous les éleveurs » de désinfectant et le démarrage, dès la réception des premiers lots de vaccin, fin janvier, de la campagne de vaccination. « Le dispositif de vaccination est déjà mis en place et nous allons commencer par les wilayas les plus touchées pour généraliser l’opération plus tard à tout le territoire national », promet le Dr El Hachemi Karim Kaddour.
« Forte suspicion » d’une origine subsaharienne de la contagion
Une origine subsaharienne de la contagion du cheptel algérien par la peste des petits ruminants est « fortement suspectée », selon le Dr El Hachemi.
La peste des petits ruminants est « une maladie transfrontalière et tous les virus que nous avons isolés sont originaires des pays du Sahel », révèle le même responsable. Pour lui, la maladie « est remontée du sud vers le nord ».
La maladie est présente en Afrique du nord mais encore plus en Afrique subsaharienne, région dans laquelle existent des races d’ovins et de bovins « interdites de remonter vers le nord de l’Algérie », selon le DSV.
Mais des animaux acquis dans l’extrême sud du pays « à petit prix » sont acheminés vers le nord pour y être revendus avec une forte marge de bénéfice. Cette pratique est suspectée d’avoir contribué à la propagation de la peste des ovins et caprins du sud vers le nord du pays.
« À plusieurs reprises les services de sécurité et de douanes ont intercepté des convois de ces animaux et les ont détruits », indique le Dr El Hachemi pour qui « l’importation frauduleuse d’une seule bête infectée peut provoquer la propagation de la maladie ». Une situation qui a poussé les services vétérinaires du ministère de l’Agriculture à « travailler avec les autorités locales, tous les services, pour renforcer les contrôles et interdire ces mouvements de bétail ».
Les animaux importés de façon légale « ne représentent aucun risque », rassure le même responsable. « Les animaux qui entrent par les postes-frontières ont des certificats dûment contrôlés, on leur fait des analyses et ils sont mis en quarantaine pour n’être livrés qu’une fois leur bon état de santé est confirmé par les analyses », insiste-t-il.
Pas de lien entre la peste des petits ruminants et la flambée des prix des viandes
Pour El Hachemi Karim Kaddour, la flambée des prix des viandes ovines ces dernières semaines ne peut être liée à l’épidémie de peste des petits ruminants. « Les 3150 cas recensés jusqu’à ce jour ne peuvent avoir d’incidence sur l’offre et la demande sur un cheptel d’ovins et de caprins qui compte environ 27 millions de têtes », justifie M. Kaddour, expliquant que cette augmentation des prix relève plutôt de « spéculations ».