Alors que les prix de l’or noir ont atteint leur plus haut niveau depuis cinq semaines, le rapport de l’Agence internationale de l’énergie (AIE), publié ce jeudi 13 avril, pourrait donner un coup de frein à cette hausse.
Croissance de la demande révisée à la baisse
Certes, le rapport indique qu’en dépit d’une légère hausse des stocks mondiaux de pétrole au premier trimestre 2017 de 38,5 millions de barils (en raison d’une demande moins forte que prévu), le marché est proche de l’équilibre « doucement mais sûrement ».
Mais, dans le même temps, l’AIE revoit à la baisse ses prévisions de croissance de la demande mondiale de brut en 2017, à 1,3 million de barils/jour contre 1,4 million précédemment.
« Les nouvelles données montrent une croissance plus faible que prévu dans un certain nombre de pays, dont la Russie, l’Inde, plusieurs pays du Moyen-Orient, la Corée et les États-Unis, où la demande s’est immobilisée ces derniers mois », écrit l’agence basée à Paris.
Accord de l’Opep respecté
Ce recul de la demande peut toutefois être compensé en théorie par une baisse de la production. Car, trois mois et demi après son entrée en vigueur, l’accord de l’Opep sur une limitation de la production au premier semestre 2017 a bien été respecté, observe l’AIE.
La production du cartel a chuté de 365.000 barils par jour à 31,68 millions par jour le mois dernier, note l’AIE.
« Pour les pays de l’Opep, le taux de conformité a été impressionnant depuis le début (de l’accord), tandis que les participants non membres de l’Opep (11 pays, NDLR) améliorent progressivement leur taux de conformité », écrit l’AIE, qui prend toutefois le soin de préciser que « dans leur cas, il est plus difficile pour les analystes de vérifier les données ».
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L’AIE note que les producteurs non membres de l’Opep ont amélioré leur taux de conformité à 68% en mars contre 38% le mois précédent.
Pendant ce temps, la production américaine continue de croître
Toutefois, en dépit de l’accord de l’Opep, l’AIE revoit ses chiffres à la hausse, et s’attend à une augmentation de la production dans les pays non-Opep de 485.000 barils par jour en 2017, portée principalement par les États-Unis.
Les producteurs américains ont augmenté de 9 millions de barils par jour en mars contre 8,6 millions de barils par jour en septembre dernier, souligne l’AIE.
Le dernier rapport de l’Opep, publié mercredi 12 avril, indique également que l’offre non-opep sera essentiellement portée par les États-Unis en 2017 (+540.000 bj, soit 200.000 bpj de plus que la précédente estimation).
De plus, alors que les analystes tablent sur un renouvellement de l’accord de l’Opep fin mai, un tel scénario pourrait se révéler contre-productif. En effet, il encouragerait le secteur du pétrole de schiste aux États-Unis à augmenter sa production, écrit l’AIE.
L’Opep joue-t-elle la montre ?
On ne peut toutefois exclure que les pays de l’Opep misent sur une autre stratégie en prolongeant l’accord. Si les membres du cartel se doutent que la limitation de leur production va favoriser les États-Unis, ils cherchent surtout à gagner du temps en attendant une future flambée des cours.
Dans son rapport Pétrole 2017 sur les perspectives à cinq ans, l’Agence internationale de l’énergie indique que l’offre mondiale de pétrole pourrait avoir du mal à répondre à la demande après 2020, faute d’investissements suffisants dans l’exploration-production. Cette situation pourrait faire tomber les capacités de réserve à un creux de 14 ans et provoquer une hausse des prix.