Suite aux attaques contre des installations pétrolières saoudiennes, les prix du pétrole ont connu une hausse spectaculaire. Cette hausse sera-t-elle durable ?
Dr Ali Kefaifi, expert pétrolier. La hausse a été de 14% sur le Brent, ce lundi. Sauf informations techniques inattendues sur les équipements touchés ou évènement supplémentaire majeur, la durée probable de la hausse serait de l’ordre de quelques jours. Elle devrait s’inscrire dans le modèle classique d’évolution et de volatilité des prix, soit essentiellement l’équilibre offre-demande d’une part, et, d’autre part, les effets des actions conjoncturelles (hedge funds, évènements politiques, actes de guerre, etc.) avec des conséquences sur les prix et la volatilité.
L’analyse des prix historiques montre que ce niveau de prix, de l’ordre de 65 $/bbl, a marqué plusieurs périodes 2019, telles avril, mai, fin juin, mi-juillet. Les décisions de l’OPEP sur le plafond de production et le respect des accords OPEP+ avaient contribué à la stabilité des prix et à l’encadrement de leur volatilité.
L’approvisionnement mondial sera-t-il affecté et dans quelle proportion ?
Dans le cas actuel, le marché est globalement équilibré et devrait l’être encore en 2020 voire 2021. Nonobstant les risques de récession économique mondiale, la demande effective connait une croissance faible autour d’un million baril/an contre 1,2 à 1,4 en situation normale. Cependant, grâce aux USA en particulier, l’offre mondiale excèdera la demande (+ 2 millions baril/jour au 1er semestre 2020) et se traduit par une baisse de la part de production revenant à l’OPEP (29 millions bbl/j au lieu de 30 +). Cet excédent est dû aux pétroles de schiste américain, mais risque de s’accentuer après 2020, avec le développement des productions de pays « géostratégiquement » limités en 2019 (Nigéria, Iran, Libye, Irak, Venezuela, etc.).
L’Arabie Saoudite sera-t-elle en mesure de restaurer la production perdue et combien cela lui prendra-t-il ?
Grâce au stock de pièces de rechange géré par Aramco, la réparation des installations pourrait être réalisée à 95 – 100 % en quelques semaines. Grâce au management et à la compétence, Aramco saura compenser, voire neutraliser, les effets de la diminution ou de la perte de production.