Les Algériens s’entraident comme ils peuvent pendant le mois de ramadan. Dans toutes les régions du pays, l’aide aux nécessiteux prend des formes diverses et les gestes spontanés des citoyens viennent en appoint aux actions menées par les autorités et le mouvement associatif, comme le couffin du ramadan, remis désormais sous forme de chèque, ou les restaurants du cœur, ou restos Rahma.
En Kabylie, c’est à une tradition ancestrale que de nombreux villageois ont recours à chaque début du mois sacré. Il s’agit de Timechret, un mot qui n’a pas son équivalent dans les autres langues.
À l'occasion du mois de #Ramadan les habitants du village Ath Ouareth dans la commune de Sidi Namane et du village Takharadjit dans la commune d'Ath Bouadou renouent avec la tradition ancestrale Timechret#Tizi_Ouzou #Kabylie #Algérie pic.twitter.com/Uv3MeTYw6S
— Inal Ahmed Boukhalfa 🍀 بوخالفة أحمد إينال (@Inal_Boukhalfa) April 3, 2022
Il s’agit grosso modo du sacrifice d’un ou plusieurs bœufs et la distribution de la viande équitablement sur tous les membres de la communauté, quelle que soit leur condition sociale.
Au moins deux villages de la wilaya de Tizi Ouzou y ont eu recours en ce début de ramadan 2022. Il s’agit des villages de Ath Ouareth, dans la commune de Sidi Naamane, et de Takharadji relevant de la commune d’Ait Bouaddou. Les images de cette belle pratique ont été partagées sur les réseaux sociaux.
On y voit des jeunes en gilets jaunes s’affairant à découper de gros quartiers de viande pour en faire des parts équitables, soigneusement alignées, à distribuer sur tous les foyers de la communauté.
Vue sous tous les angles, cette tradition n’a que des aspects positifs. Le plus important est celui de la solidarité. Elle permet à tout le monde, nécessiteux ou pas, de passer un Aïd (parce qu’elle est aussi organisée à l’occasion de l’Aïd) ou un ramadan sans avoir à se ruiner.
L’importance d’une telle forme de solidarité prend tout son sens maintenant que les viandes deviennent inaccessibles d’année en année. L’achat des bœufs se fait généralement par des donateurs aisés ou par la cotisation des membres de la communauté. La répartition de la viande de fait suivant les besoins de chaque famille, déterminés par le nombre de ses membres.
Si beaucoup de villages de Kabylie tiennent encore à Timechret, c’est aussi parce qu’elle permet à tous les membres de la communauté, même ceux qui habitent les grandes villes, de se retrouver pour l’événement.
