La problématique des langues, notamment le français, en Algérie est très complexe et les polémiques éclatent régulièrement sur la question. La dernière en date concerne la place de la langue française à l’université.
La nouvelle controverse sur la place du français en Algérie est partie de l’université de Béjaïa à l’occasion de l’organisation d’un concours de doctorat, pour atterrir dans l’hémicycle du parlement algérien.
Depuis maintenant plus de deux ans, on parle de plus en plus sérieusement du remplacement du français par l’anglais dans l’enseignement supérieur, et même comme première langue étrangère du pays.
La première grande action concrète dans ce sens a été l’introduction de la langue de Shakespeare dans le cycle primaire, faite dans la précipitation lors de la rentrée scolaire 2022-2023. Tout récemment, le ministère de l’Enseignement supérieur a lancé un programme de formation en anglais pour les enseignants.
D’autres actions plus symboliques sont visibles un peu partout, comme le remplacement du français par l’anglais sur les frontons de certaines administrations et les en-têtes de certains documents.
A l’origine de la nouvelle polémique, ce sont d’abord les réseaux sociaux qui se sont indignés du fait que la faculté des sciences sociales de l’université de Béjaïa ait organisé un concours d’accès au doctorat en sciences de la communication exclusivement en langue française.
Selon plusieurs pages sur les réseaux sociaux, les questions des épreuves étaient rédigées en français et les réponses devaient être également dans cette langue.
Place du français en Algérie : la polémique atterrit au Parlement
La nouvelle a en effet, à première vue de quoi choquer, puisque l’enseignement dans la filière se fait en langue arabe dans la plupart des universités algériennes et la majorité des étudiants n’ont pas une grande maîtrise du français.
Organiser le concours dans cette langue est une manière d’exclure de facto une très grande partie des candidats. Sauf que c’était une fake-news, à la limite un malentendu.
La direction de la faculté a vite fait de remettre les pendules à l’heure, expliquant que les questions du concours ont été présentées en arabe et en Français et que le choix a été laissé aux candidats de répondre dans l’une ou l’autre langue.
Dans un communiqué détaillé, la faculté a précisé que sur 463 réponses des candidats, 232 ont été rédigées en langue arabe, soit plus de 69%. En outre sur les 15 candidats admis, seuls deux sont de l’université de Béjaïa. Les autres sont issus des universités de Constantine, d’Alger, de Sétif, de Souk Ahras et même de Grenoble (France).
Ces éclaircissements devaient stopper net la polémique, mais celle-ci est allée plus loin, exploitée à des fins qui dépassent le débat pédagogique et les langues de l’enseignement en Algérie.
Même certains politiques et parlementaires ont en profité pour soulever la problématique des langues en Algérie, sous un angle hélas très idéologique et politique.
« Ce qui s’est passé au concours cde doctorat à l’Université de Bejaia n’est pas innocent. Il s’inscrit dans un projet visant à favoriser une frange dont le capital intellectuel et civilisationnel est de servir la France », a par exemple réagi le député du Mouvement de la société pour la paix (MSP), Slimane Zergani.