Le plan d’action du gouvernement qui sera présenté ce mardi 11 janvier devant le Parlement par le Premier ministre Abdelaziz Djerad comporte un volet économique que décortique l’économiste Brahim Guendouzi.
Première observation d’emblée sur laquelle l’économiste a insisté : la transition énergétique. « Il y a un aspect qui me semble essentiel pour le pays, c’est la question de la transition énergétique. Il s’agit d’un aspect important. S’il y a une volonté de passer vers une transition énergétique c’est l’occasion pour permettre à l’économie nationale d’intégrer une chaine de valeur dans les énergies renouvelables », avance l’économiste qui précise que l’économie mondiale « est d’ores et déjà en transition énergétique ».
« Il ne faut surtout pas perdre de temps pour intégrer la chaine de valeur en amont et en aval pour produire de l’énergie renouvelable, notamment en ce qui nous concerne l’énergie solaire, maitriser les technologies, et en aval produire des équipements qui utiliseront l’énergie solaire, de sorte qu’on ait un avantage concurrentiel », recommande Brahim Guendouzi.
« Il y a des éléments qui existent mais qui ne sont pas valorisés, comme le Commissariat aux énergies renouvelables, un cluster d’entreprises qui a déjà commencé à travailler et dont le rôle est de défendre les intérêts des entreprises qui sont dans le domaine des énergies renouvelables. Aussi, il y un fond d’affectation dans le budget de l’Etat créé en 2010, aujourd’hui gelé et qu’il s’agit de relancer », poursuit M. Guendouzi.
Autre aspect sur lequel insiste l’économiste celui de la refonte fiscale. Il appelle à revoir la fiscalité « de fond en comble ». À cet effet, M. Guendouzi considère que la fiscalité locale pose problème. « De nombreuses communes ont des contraintes de financement faute d’impôts et faute d’activités économiques sur leur territoire », révèle-t-il.
Il est question aussi pour lui de consolider la fiscalité ordinaire qui doit prendre le relais de la fiscalité pétrolière. « Il s’agit d’un chantier énorme qu’il faut mener, sur le plan organisationnel et sur le plan de la redéfinition de certains impôts et leur collecte qui pose problème actuellement », souligne l’expert qui évoque l’épineuse problématique de l’économie parallèle.
« Il est question de trouver une solution au secteur informel, car il est anormal que, dans un pays, une grande partie de l’activité économique soit dans l’informel et échappe donc à l’impôt. C’est un chantier intéressant à mon avis », soutient Guendouzi.
Un autre chantier énorme qui attend le gouvernement, selon Brahim Guendouzi, il s’agit de la réforme du système financier. « Le système bancaire est dominé par 5 banques publiques et je peux vous dire que 80% des actifs bancaires sont concentrés dans ces banques ce qui est très peu. D’où la nécessité de créer des banques privées ou publiques et de revoir le marché financier. Les grandes entreprises doivent être sur le marché financier ».
Pour relancer la Bourse d’Alger, Guendouzi avance une piste : « il y a des entreprises de grande taille financées toujours par le Trésor. Comme c’est le cas de l’ENIEM. Si celle-ci est introduite en bourse, l’Etat libère 20% du capital comme il l’a fait avec Saidal et l’hôtel Aurassi. De cette façon, il peut y avoir une nouvelle dynamique de surveillance, de transparence et en termes de management, qui peuvent inciter ces entreprises à aller vers un meilleur management et une meilleure rentabilité », recommande-t-il encore.
Aussi, il pourrait être envisagé des alliances avec des entreprises « qui sont en bonne santé financière qui peuvent racheter jusqu’à 15% du capital d’une autre entreprise, de façon à donner une dynamique managériale et financière assez importante », suggère l’économiste.