Mohamed Loukal, Gouverneur de la Banque d’Algérie, était ce dimanche à l’Assemblée nationale pour faire le point sur la situation économique du pays. Nous vous proposons un résumé de l’intervention :
Planche à billets : déjà 28% du PIB
Mohamed Loukal ne partage pas l’optimisme régulièrement affiché par le gouvernement concernant l’utilisation de la planche à billets. Depuis sa mise en place fin 2017, cette méthode de financement représente déjà 28% du PIB de 2017, a souligné M. Loukal.
Le calcul est simple : 4005 milliards ont été émis jusqu’à la fin septembre 2018, auxquels s’ajoutent une nouvelle demande de financement de 1187,2 milliards de dinars formulée en novembre. La planche à billets a ainsi mené à la création de 5186 milliards de dinars, selon le gouverneur de la Banque d’Algérie. Un montant déjà trop élevé.
Les exportations d’hydrocarbures en baisse
Autre sujet d’inquiétude pour l’économie nationale : la baisse continue des quantités d’hydrocarbures exportées.
Entamée au premier semestre 2017, la baisse des quantités d’hydrocarbures exportées, s’est poursuivie au cours des deux semestres suivants : – 6,48 % entre les premiers semestres de 2017 et 2018, souligne le Gouverneur de la Banque d’Algérie. Sur les neuf premiers mois de 2018, les quantités de pétrole exportées se sont élevées à 73,3 millions de TEP contre 80,1 millions sur la même période de 2017, soit une baisse de 8,54 %.
Heureusement que, durant cette même période, les prix des hydrocarbures ont connu une forte hausse (72,7 dollars, +41,8 % par rapport aux neuf premiers mois de 2017). Ce qui a permis à l’Algérie d’exporter pour 28,7 milliards de dollars durant les neuf premiers mois de 2018.
Les exportations hors d’hydrocarbures : toujours décevantes
Depuis le début de l’année, le gouvernement en a fait une de ses priorités : augmenter les exportations hors hydrocarbures. Dans les faits, les résultats sont loin d’être à la hauteur des promesses officielles.
Structurellement faibles et peu diversifiées, elles ont certes augmenté de 61,7% durant les neuf premiers mois de 2018, passant de 978 millions de dollars à 1,581 milliard de dollars. Mais « cette progression des exportations hors hydrocarbures a concerné, pour l’essentiel, les produits semi-finis (engrais phosphatés et azotés), souligne le Gouverneur de la Banque d’Algérie. Dans ce contexte, l’objectif des 3 milliards à la fin de l’année semble hors d’atteinte.
Les importations : une légère baisse mais pas dans le bon sens
Durant les neuf premiers mois de 2018, l’Algérie a importé pour 35,3 milliards de dollars, en baisse de 1,04 milliard par rapport à la même période de 2017. Mais la baisse a surtout impacté, les importations de biens d’équipements industriels « utiles à l’investissement », souligne Mohamed Loukal.
« Au total, la tendance à la baisse des importations de biens d’équipement industriels et la reprise de la hausse de celles des biens de consommation non alimentaires et dans une moindre mesure alimentaires indiquent clairement que le recul des importations, significatif en 2015 et plus modéré en 2016, 2017 et sur les neuf premiers mois de 2018, a été plus défavorable à l’investissement qu’à la consommation finale », a noté le Gouverneur de la Banque centrale.
Très forte baisse des importations de carburants
Une bonne nouvelle : les importations algériennes de carburants sont en très forte baisse durant les neuf premiers mois de 2018 : 743 millions de dollars contre 1,34 milliard à la même période de 2017. En 2014, elles avaient atteint 2,72 milliards de dollars. Sur ce dossier, l’objectif « zéro » importation, annoncé récemment par le PDG de Sonatrach, semble réaliste.
Réserves de change : l’érosion s’accélère
Les réserves de change de l’Algérie ont chuté à 82,12 milliards de dollars à fin novembre 2018, contre 97,33 milliards de dollars à fin 2017, soit une baisse de 15,21 milliards de dollars en 11 mois. Les réserves de change ont été impactées par le déficit de la balance des paiements et la dépréciation de l’euro par rapport au dollar.
Change : le dinar résiste
Malgré des indicateurs économiques défavorables (recours à la planche à billets, baisse des réserves de change) le dinar continue de résister. « Le dinar s’est légèrement apprécié face au dollar de 1,01 % entre décembre 2017 et mars 2018 et s’est déprécié face à l’euro de 3,04 % sur la même période. Inversement, entre mars et juin 2018, le dinar s’est déprécié face au dollar de 2,51 %, s’est apprécié de 2,94 % face à l’euro et est demeuré relativement stable face à ces deux devises entre juin et septembre 2018 », explique la Banque d’Algérie.