Économie

Planche à billets : l’économiste Nour Meddahi tire la sonnette d’alarme

Le professeur d’économie Nour Meddahi a tiré ce lundi la sonnette d’alarme au sujet de l’utilisation du financement non conventionnel, appelé également planche à billets, estimant que la situation actuelle constitue le “pire scénario”.

« La situation actuelle avec utilisation de la planche à billets à grande échelle, aucune réforme structurelle et un dinar surévalué est le pire scénario », a affirmé l’économiste dans un entretien accordé au quotidien papier El Watan.

« Après le départ de l’ancien gouverneur de la Banque d’Algérie, j’ai prédit la situation actuelle comme probable. J’ai été agréablement surpris en découvrant le projet de loi de Finances 2017 et sa trajectoire budgétaire », indique Meddahi. « Si la trajectoire de la LF 2017 avait été maintenue, le pays n’aurait pas eu besoin de l’utilisation de la planche à billets en 2018 et encore moins en 2019 pour cause de hausse du prix du pétrole. Évidemment, la LF 2017 était très contraignante et nous avons observé un ralentissement de la croissance, nécessitant le lancement de réformes », rappelle-t-il en outre.

Citant les alternatives en dehors de la planche à billets, l’économiste affirme qu’il « faut d’abord dépenser moins ». Il estime également qu’il « faut baisser la valeur du dinar pour augmenter les recettes pétrolières et celles liées aux importations, et aussi pour diminuer ces importations. Je rappelle que la valeur en dollars des importations de 2015 a baissé par rapport à celle de 2014, mais que sa valeur en dinars a augmenté, car la valeur du dinar a diminué. Ceci aurait évidéemment une incidence sur l’inflation et donc le pouvoir d’achat », affirme le professeur d’économétrie et finances à la Toulouse School of Economics.

Nour Meddahi se dit également « favorable à la baisse de l’impôt sur le revenu, du moins pour les taux des premières tranches, et à l’augmentation de toutes les prestations sociales et des allocations familiales. Ceci implique une réforme fiscale combinée à une baisse des subventions, en particulier les subventions énergétiques ». L’économiste appelle aussi à « privatiser certaines entreprises par la Bourse pour éviter la prédation des oligarques », et le faire « en plusieurs étapes, par exemple par tranches de 20% des entreprises, pour éviter la vente à prix cassé ».

Nour Meddahi se dit cependant défavorable à l’endettement sur les marchés internationaux. « Les montants seraient faibles par rapport aux besoins immédiats, ils seraient à des taux très élevés à cause du risque de défaut véhiculé par l’énormité des déficits budgétaires et de la balance des paiements, le dinar étant très surévalué, le remboursement de cette dette externe sera très élevé car il se fera après l’inévitable réajustement du dinar », affirme-t-il.

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