Le gouvernement ne parle pas d’une seule voix sur la planche à billets. Hier jeudi, devant les députés de l’APN, le ministre des Finances Mohamed Loukal n’a pas écarté le recours à nouveau au financement conventionnel.
Évoquant le financement non conventionnel (planche à billets), M. Loukal a réaffirmé qu’il est gelé depuis mai dernier jusqu’à la fin de l’année 2020, demeure en vigueur et il est “possible d’y recourir le cas échéant”.
Sur un total de 6.556,2 milliards de DA alloués à la fin de janvier 2019 dans le cadre de ce financement, un montant global de 5.945,5 milliards de DA a été injecté dans l’économie jusqu’à la fin de septembre.
M. Loukal a ajouté que ce financement non conventionnel constitue une dette à long terme pour le Trésor public qui la remboursera sur 30 ans avec un taux d’intérêt ne dépassant pas 0,5 %, estimant que “le fardeau de ce financement sur le Trésor public n’est pas aussi important”.
Le 21 septembre, le Premier ministre Nourredine Bedoui avait pourtant annoncé la décision du gouvernement de “renoncer définitivement au financement non conventionnel”. Et avant lui, le porte-parole du gouvernement Hassen Rabhi avait également fait part de la décision des autorités de ne plus recourir à la planche à billets pour financer le déficit public interne.
Outre la planche à billets, M. Loukal dans ses réponses aux députés jeudi dans le cadre du débat sur le projet de loi de fiances 2020, a évoqué le recours aux financements extérieurs.
Il a affirmé que ce financement ne peut être effectué sans le consentement du gouvernement et sera limité au financement des projets stratégiques et non à la subvention de la consommation.
Le niveau de la dette extérieure de l’Algérie demeure parmi les plus faibles niveaux dans le monde, dont le taux n’excède pas les 0,78 % du produit intérieur brut (PIB), alors que le taux de la dette publique interne s’élève à 40 % du PIB.
Subventions ciblées
Le ministre a également parlé de la réforme de l’aide sociale qui vise à passer de l’aide généralisée à l’aide ciblée visant exclusivement les catégories vulnérables. Il a jugé cette réforme impérative au regard du grand fardeau qu’elle constitue sur le budget de l’État, selon le compte rendu de l’agence officielle.
Rappelant que l’État a recouru à l’aide technique de la Banque mondiale (BM) pour définir les meilleurs mécanismes à adopter dans cette réforme “à court terme”, le ministre a souligné que la réforme des transferts “est une opération longue, compliquée et sensible sur les plans économique et social, nécessitant une méthode globale de réforme et un examen rigoureux pour définir ses répercussions sur les citoyens”.
L’État affecte annuellement près de 1800 milliards de DA de transferts sociaux directs et le même montant de transferts implicites.
“Le déficit du budget de l’État avoisine les 1500 milliards de DA/an et si nous réduisons le montant de l’aide directe et indirect de moitié, nous pouvons facilement combler ce déficit”, a-t-il dit.
Réévaluation des projets et dévaluation du dinar
Quant aux montants consacrés à la réévaluation des projets auxquels 279 milliards de DA sont alloués pour 2020, le ministre a précisé que ce montant est en recul par rapport aux prochaines années et ne représente que 2% du volume du programme en cours contre 25% avant 2010.
Pour ce qui est du niveau de l’inflation, en hausse selon l’avis de plusieurs députés, le ministre a indiqué que le taux d’inflation a connu une nette baisse, passant à 2,01% fin septembre dernier contre 4,45% fin septembre 2018.
Cette baisse est due aux multiples mesures visant à contenir cette inflation, a ajouté le ministre, citant l’intensification de réalisation des marchés de gros et de détail, le parachèvement de l’endiguement du commerce illégal et la lutte contre les pratiques frauduleuses, outre les mesures de la politique monétaire de la Banque d’Algérie pour absorber l’excès de liquidité et stabiliser le taux de change.
Concernant la dévaluation de la monnaie nationale face à l’euro et au dollar, le ministre a mis en avant que le Dinar algérien “n’est pas en dégringolade mais au contraire sa valeur est bonne par rapport aux fondamentaux de l’économie nationale”.