La hausse des transferts sociaux dans le projet de Loi de finances 2019, qui a été adoptée par les députés de l’APN ce jeudi 15 novembre, n’est pas liée à l’approche des élections présidentielles du printemps 2019, a dit en substance le ministre des Finances Abderrahmane Raouya.
Le ministre, qui s’est exprimé à l’APN, a affirmé qu’il s’agit d’une « continuité » de la politique sociale des années précédentes et de son renforcement cette année par une Loi de finances qui « ne comporte aucune augmentation des prélèvements ni l’instauration de nouvelles taxes ».
« Environ 10% du budget de l’État (pour 2019) est consacré aux transferts sociaux, ce qui correspond à plus de 1700 milliards de dinars », a déclaré M. Raouya, estimant que ce montant prouve la « poursuite de la politique sociale de l’État algérien malgré les difficultés financières dues à la chute des prix du pétrole depuis 2014 ».
Sur le même sujet, le ministre Raouya a réaffirmé la volonté de l’État de se diriger vers le ciblage des subventions. « La politique actuelle de subvention n’est pas efficace car il y a une catégorie qui en bénéficie sans en avoir besoin », a-t-il expliqué, mettant l’accent sur la nécessité de faire en sorte que la subvention « soit dirigée vers les catégories qui en ont besoin ».
Tout en annonçant cette hausse de la valeur des transferts sociaux, le ministre des Finances a rappelé que la situation financière de l’Algérie appelle à la « prudence », malgré le recours au financement non-conventionnel.
Un déficit de 1800 milliards de dinars en 2019
Grâce à la planche à billets, 2185 milliards de dinars en 2017 ont été injectés dans les caisses d’État et 1555 milliards de dinars en 2018, ce qui n’a pas empêché le déficit d’atteindre en 2019, les 10,4% du PIB, soit 1800 milliards de dinars, contre -11% en 2018 d’après le ministre. Ce même déficit baissera lors des deux prochaines années, selon l’APS qui cite les prévisions du ministère des Finances. Il sera de -5,7% du PIB en 2020 et de -5% en 2021.
Le déficit de la balance commerciale ralentira lors des deux prochaines années pour passer de 10,4 milliards de dollars en 2019 à 8,2 milliards de dollars en 2020 puis 6,4 milliards de dollars en 2021.
La balance des paiements suivra également une tendance baissière. Pour la période 2019-2021, elle devrait passer de 17,2 milliards de dollars en 2019 à 14,2 milliards de dollars en 2020 pour atteindre les 14 milliards en 2021.
Le total des dépenses prévues dans le PLF 2019 est de 8 557,2 milliards de dinars, dont 4 954,2 milliards de dépenses de fonctionnement (en hausse de 8,1%) et 3 602,7 milliards de dinars de dépenses d’équipement (en baisse de 10,9%).
Le projet de Loi de finances prévoit des recettes budgétaires de 6 507,9 milliards de dinars dont 2 714,5 milliards qui proviendront de la fiscalité pétrolière qui devrait atteindre les 3 201,4 milliards de dinars en 2019. Le volume des exportations d’hydrocarbures en 2020 augmentera de 4,2% pour des recettes de 34,5 milliards de dollars et de 2% en 2021 pour des recettes de 35,2 milliards de dollars. Le prix référentiel du baril de pétrole algérien « Sahara Blend » retenu par le PLF 2019 est de 50 dollars.
La croissance totale sera de 2,9% en 2019 selon les prévisions de la Loi de finances qui prédit une croissance hors-hydrocarbures de 3,2%.
Les réserves de change continueront à baisser jusqu’en 2021, d’après le ministre des Finances qui a annoncé le chiffre de 62 milliards de dollars de réserves en 2019, 47,8 milliards de dollars en 2020 et 33,8 milliards de dollars en 2021.
Le dinar algérien sera échangé en moyenne à 118 dinars pour un dollar sur la période 2019-2021, selon le projet de Loi de finances qui prédit une baisse de l’inflation sur les deux prochaines années. Elle sera, selon le PLF de 4,5% en 2019, de 3,9% en 2020 et de 3,5% en 2021.
L’État poursuivra ses efforts en vue de limiter les importations. Le PLF2019 prévoit un recul de la valeur des marchandises importées à 44 milliards de dollars en 2019 et 42,9 milliards de dollars en 2020 et 41,8 milliards en 2021.
Le projet de Loi de finances 2019 a été votée ce jeudi par l’APN. Les partis de la majorité (FLN, RND, MPA et TAJ) ont voté pour alors que les partis de l’opposition (PT, RCD, MSP, l’Union Ennahda-Adala-Bina) ont voté contre, selon l’APS. Les députés Front Al Moustakbal se sont abstenus et ceux du FFS étaient absents à la séance puisqu’ils ont gelé toutes leurs activités parlementaires depuis le 27 octobre.