Société

Plongée dans le quotidien des Algérois confrontés aux coupures d’eau

L’eau 24 heures sur 24 heures dans les robinets à Alger, c’est terminé ! Au vu de la faible pluviométrie enregistrée ces deux dernières années en Algérie, l’alimentation en eau potable est rationnée.

Depuis plusieurs mois déjà, le précieux liquide ne coule dans les robinets qu’à certaines plages horaires : 8h-20h avant le Ramadan ; 23 h-8h durant le mois sacré.

Le hic, c’est que ces plages-horaires ne sont pas toujours respectées, d’où la détresse des citoyens. Ce week-end, des coupures d’eau intempestives ont touché plusieurs quartiers d’Alger, sans préavis : Alger-centre, Kouba, Belcourt, Bab El Oued, Bologhine, Birmandreis… Dans les quartiers de la périphérie, le rationnement a commencé bien avant le Ramadan.

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En plein Ramadan, des familles entières ont dû prendre leur mal en patience, laissant en plan lessive, vaisselle, cuisine. Cette irrégularité dans l’alimentation en eau potable irrite au plus haut point les clients de la SEAAL qui ne demandent qu’une chose : être informés à l’avance afin de s’organiser.

Retour aux années que tout le monde aurait aimé oublier : le rationnement de l’eau potable. L’eau se fait rare dans les robinets. Les citoyens tentent de s’organiser comme ils peuvent. Ils ont installé citernes, acheté bassines et jerricans.

« J’avais jeté tout ce bric-à-brac encombrant depuis longtemps », nous dit une habitante de Kouba. « Et voilà que mon balcon est à nouveau encombré par une citerne de 1000 litres en plastique pour faire face aux coupures drastiques. Lorsque celles-ci se prolongent au-delà de 48 heures, je tombe en panne d’eau. C’est invivable ! ».

« Nous sommes en 2021 bon sang ! »

« Durant les deux premières semaines du mois de Ramadan, il n’y a pas eu  de  coupures. Mais à partir de la troisième elles ont repris, on n’avait plus d’eau à partir de 21h, ça durait parfois jusqu’au petit matin. Il y’a trois ou quatre jours, cela a empiré. L’eau était coupée même en journée, parfois jusqu’à 16h. Ça revenait pendant deux heures tout au plus, puis la coupure reprenait de 18h jusqu’au lendemain », témoigne Karima qui habite au Telelmy à deux pas du centre-ville d’Alger.

Jeudi dernier, des quartiers entiers ont été privés d’eau durant plus de deux jours. Certains ont déambulé dans la rue avec des jerricans vides, à la recherche d’une hypothétique source pour s’approvisionner.

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« Le vendredi, c’est le jour où toute la famille est à la maison, tempête un habitant. Laisser les gens sans eau est inadmissible. Si au moins, on nous avertissait à l’avance ! Je me retrouve à transporter des jerricans de 10 litres jusqu’au 5 eme étage. Nous payons nos factures et nous exigeons une bonne qualité de service en retour. Nous sommes en 2021 bon sang ! Les autres nations explorent la planète mars, et nous on attend une goutte d’eau au robinet ! C’est un monde ! »

Les mères de familles qui travaillent toute la journée sont fortement perturbées par ces coupures d’eau. « Avec des enfants en bas âge, c’est la vraie ‘tmarmida’  (catastrophe) lâche Amel (39 ans). Quand je quitte la maison, l’eau n’est pas encore revenue et lorsque je reviens elle est déjà coupée. Je n’ai pas le temps de faire des réserves ».

Et d’ajouter : « Notre qualité de vie ne cesse de se détériorer. Au problème du coût de la vie est venu se greffer un autre souci : les restrictions en eau.  Au lieu de faire des campagnes anti-gaspillages, on nous prive de ce liquide vital. Il faut aussi réparer les nombreuses fuites d’eau et pénaliser ceux qui remplissent leurs piscines l’été avec de l’eau potable ».

A Reghaia, les habitants sont déjà habitués au rationnement d’eau potable. « C’est très difficile de cuisiner pendant le Ramadan quand les robinets sont à sec. Parfois, je simplifie tout : hamburgers pour tout le monde. Cela me permet d’utiliser un minimum d’ustensiles de cuisine, et d’économiser le peu d’eau que j’ai gardé dans les jerricans », explique Fatima qui habite dans le centre de Reghaia.

Citerne, baignoire, bassine

Face à la résurgence des coupures, les familles ont dû adopter un système D.

« La baignoire me sert désormais de citerne, nous a révélé une mère de famille. Nous sommes dix à la maison et tombons rapidement à cours d’eau. A cela s’ajoutent les bidons et autres bassines qu’il faut remplir. Ces derniers temps, l’eau ne revient pas à des heures régulières. Quand je dois recevoir des invités, c’est la panique. En plus, je dois adapter mes tâches ménagères aux horaires  de distribution. Je fais souvent tourner la machine à laver la nuit quand les autres dorment. Ce n’est pas une vie normale ! »

Souvent les robinets restent en position « ouvert » durant la coupure. Il arrive que les habitants ne soient pas chez eux quand l’eau est lâchée. Résultat des courses, les inondations sont monnaies courantes. « J’ai dû repeindre le salon et la salle de bain de mon appartement  à cause de l’infiltration causée par une inondation chez le voisin du dessus » témoigne Islam (67 ans).

Les vannes sont coupées     

 D’autres citoyens évoquent la mal vie, induite par toutes ces suspensions. Wahiba 45 ans, habite Alger-Centre. Elle raconte son calvaire.

« Je n’ai jamais vu autant de coupures d’eau impromptues que ces deux dernières années.  La SEEAL, met un numéro de téléphone à la disposition de ses clients, le 1594, mais n’y répond jamais. Parfois, en tant que citoyen, on désire juste avoir accès à l’information. Savoir si la coupure est due à des travaux et à quelle heure l’eau sera rétablie. Mais il est très rare que les communiqués de cette entreprise soient diffusés par voie de presse ou  par radio ».

A l’approche de l’été, l’alimentation en eau potable risque d’être encore plus réduite à Alger. Les citoyens se préparent déjà à vivre un été de rationnement, d’où le retour des citernes qui trônent désormais sur les terrasses et les balcons.

Régularité dans l’alimentation en eau et information en amont si ces plages horaires sont changées, c’est tout ce que demandent les citoyens. A bon entendeur…

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