La présence de milliers de citoyens Français dans l’armée israélienne qui mène une guerre sanglante contre Gaza suscite la polémique en France.
Les médias français n’en parlent pas beaucoup, mais le phénomène est loin d’être marginal. Plus de 4000 Franco-israéliens sont engagés dans l’armée israélienne qui mène une guerre totale contre la bande de Gaza depuis le 7 octobre dernier.
Les appels se multiplient en France pour présenter devant les tribunaux ceux d’entre eux qui auront commis des crimes contre l’humanité.
D’autres estiment qu’il faut juger systématiquement ceux qui ont la nationalité française exclusive et qui se sont engagés avec Israël, la législation française considérant l’engagement avec une armée étrangère comme un acte de mercenariat et puni en tant que tel.
C’est une enquête d’Europe 1 qui a tout déclenché. Selon ce média, 4.185 français se sont engagés avec l’armée israélienne qui mène une guerre contre la bande de Gaza depuis le 7 octobre. Les Français constituent le deuxième contingent des étrangers engagés aux côtés de l’armée d’Israël après les Américains.
Le député de La France insoumise (LFI) Thomas Portes a saisi le ministre de la Justice, Éric Dupont-Moretti, réclamant une action de sa part en vertu de ses pouvoirs d’instruction, afin que les Français coupables de crimes de guerre, y compris les binationaux, soient traduits devant la justice française.
Sur la plateforme X, le député a annoncé qu’il va également « saisir le procureur de la République via l’article 40 », estimant qu’au regard des « crimes de guerre commis par l’armée israélienne, aussi bien à Gaza qu’en Cisjordanie, il est inacceptable que des citoyens français y participent ».
L’engagement de jeunes étrangers, binationaux ou pas, est une vieille pratique de l’armée israélienne. Dans le cadre du programme « Sherout Israël (Ser Ei) », qui signifie « servir Israël », des jeunes sont pris en charge sous le couvert de colonies de vacances d’été puis préparés à servir au sein de l’armée. Depuis 1983, l’armée israélienne a engagé 40.000 français, selon Al Jazeera. La plupart sont des jeunes âgés entre 16 et 18 ans.
Israël – Gaza : plus de 4.000 Français dans l’armée israélienne
Cité par le même média, le juriste algérien Abdelmadjid Merari, directeur de la région Mena de l’organisation des droits de l’homme AFD, a précisé que des associations enrôlent de très jeunes gens issus des refuges de bienfaisance et des colonies de vacances, y compris en Afrique et dans certains pays arabes.
Le juriste s’étonne que la France laisse faire ces associations qui constituent une menace pour sa propre sécurité et ajoute que ceux qui sont partis combattre en Israël après le 7 octobre ne l’ont pas fait d’une manière clandestine, ce qui laisse supposer qu’ils ont eu le feu vert du gouvernement.
Selon France Palestine Solidarité, il y a deux catégories de français qui servent dans l’armée israélienne, ceux qui détiennent la double nationalité et qui sont engagés en tant qu’Israéliens en vertu de la loi qui les contraint d’effectuer trois ans de service militaire (deux ans pour les femmes), et ceux qui, juifs ou pas, n’ont pas la nationalité israélienne, résident en France et s’engagent comme volontaires.
Ceux-ci peuvent être considérés comme des mercenaires en vertu de la convention internationale contre le mercenariat. La législation française prévoit une peine de 7 ans de prison et une amende de 100 000 euros pour les mercenaires, rappelle Abdelmadjid Merari, indiquant que l’engagement des Français dans l’armée israélienne sera documenté avec des listes nominatives des personnes concernées. Les autorités françaises ont bien poursuivi ceux qui sont allés combattre avec Daech en Syrie, rappelle l’avocat.
Anne Tuaillon, présidente de France-Palestine Solidarité, a indiqué que « tout le monde sait que des Français servent dans l’armée d’occupation depuis longtemps et ils peuvent rentrer en France comme si de rien n’était ».
Elle rappelle le cas du français Elor Azaria qui a tué en 2016 un Palestinien d’une balle dans la tête en Cisjordanie, devant les caméras. Condamné à 18 mois de prison en Israël, il a été libéré après avoir purgé la moitié de sa peine.
Outre ceux qui se sont engagés dans l’armée israélienne, Tuaillon cite aussi les colons qui portent la nationalité française et qui s’adonnent à des actes de violence en Cisjordanie, estimant qu’étant donné que la colonisation est un crime de guerre, ils tombent eux aussi sous le coup de la loi.