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Plus d’une année après sa nomination : quel bilan pour le gouvernement Djerad ?

Plus d’une année après sa nomination : quel bilan pour le gouvernement Djerad ?

Abdelaziz Djerad a été chargé de constituer un gouvernement le jour même de la prestation de serment du président Abdelmadjid Tebboune suivie de la démission du Premier ministre Noureddine Bedoui, le 19 septembre 2019.

Le 11 février 2020, il a présenté devant le Parlement le plan d’action de son gouvernement conformément à la Constitution. Cela fait donc plus d’une année qu’il est aux affaires et il est appelé à satisfaire à une autre disposition de la loi fondamentale qui stipule dans sa version amendée que « le Premier ministre ou le Chef du Gouvernement, selon le cas, doit présenter annuellement à l’Assemblée populaire nationale, une déclaration de politique générale » qui « donne lieu à débat sur l’action du Gouvernement ».

La présentation, annoncée par certaines sources pour ce début février, est néanmoins incertaine, à en croire d’autres. On ne connait rien à ce stade des raisons de cette incertitude sinon que la présentation envisagée intervient dans une conjoncture particulière, marquée notamment par l’absence du pays du président de la République, hospitalisé pour la seconde fois en Allemagne depuis le 10 janvier, la persistance de la pandémie de Covid-19 et des rumeurs sur un prochain remaniement ministériel, voire un changement de gouvernement.

L’élément central qui conforte de telles prévisions est sans doute la déclaration faite par le président Tebboune à l’aéroport d’Alger alors qu’il s’apprêtait à repartir en Allemagne.

« Pour le gouvernement, il y a des aspects positifs et d’autres négatifs », avait-il dit. À ce niveau, un tel euphémisme peut bien signifier une désapprobation franche et c’est la lecture qui en a été faite par plus d’un observateur.

Quoi qu’il en soit, un bilan d’étape s’impose et, le moins que l’on puisse dire est que Abdelaziz Djerad et son cabinet n’ont pas eu une année facile. C’est en effet moins de deux semaines après la présentation du plan d’action du gouvernement que le premier cas de Covid-19 est détecté en Algérie.

La suite, tout le monde la connait et tous les efforts du pays se sont concentrés et continuent à l’être sur cet imprévu. Les prix des hydrocarbures, principale sinon unique ressource en devises de l’Algérie, ont chuté vertigineusement dans le sillage de l’arrêt de l’économie mondiale et, en avril, le prix du baril de pétrole a atteint des valeurs négatives.

La peine est double et l’année ne pouvait pas être plus difficile. S’agissant du bilan chiffré de la crise sanitaire, on ne peut pas dire que l’Exécutif a échoué. Malgré quelques tergiversations et maladresses dénoncées en leur temps, la catastrophe redoutée n’a pas eu lieu et le pays compte moins de décès et de contaminations que les États voisins et beaucoup moins que ceux d’Europe, des Amériques et d’autres régions du monde.

Aussi, la vaccination est lancée dans les délais promis, et malgré quelques critiques entendues quant au nombre de doses acquises, il faudra attendre quelques semaines ou même plus pour tirer une première évaluation objective.

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Inaction face à la crise économique

C’est, par contre, dans le registre de la gestion des retombées économiques et sociales de la pandémie que l’action gouvernementale est discutable, avec une administration qui s’est montrée incapable même d’acheminer les aides décidées au profit du corps médical et de ceux qui ont dû suspendre leur activité. Comme le montre d’ailleurs les bilans rachitiques présentés sur les réseaux sociaux par les ministères de l’Industrie et du Tourisme. Tout comme celui du Commerce dont le ministre a clairement échoué à tenir son engagement d’assainir le marché du sachet de lait.

La pandémie a contraint à l’arrêt des pans entiers de l’économie et selon des estimations jamais démenties, des centaines de milliers de travailleurs ont perdu leur emploi notamment dans le privé.

Ces contingents de nouveaux chômeurs s’ajoutent à ceux qui s’étaient retrouvé sans travail suite à l’emprisonnement de leurs employeurs dans le cadre de la campagne anti-corruption qui a jeté en prison plusieurs hommes d’affaires considérés comme proches du président déchu Abdelaziz Bouteflika.

Face au désastre, le gouvernement est désarmé et Djerad lui-même avouera son incapacité à imaginer des solutions en dehors d’un pétrole cher. Si, à sa décharge, l’Exécutif a dû gérer le pays dans une conjoncture de double crise, il n’en reste pas moins qu’il a péché par sa frilosité et son absence de vision sur bien des dossiers.

Le constat est par exemple quasi unanime quant à l’inaction du gouvernement par rapport à l’immense chantier des réformes économiques et les critiques émanent parfois de l’intérieur de l’équipe gouvernementale, comme l’a fait récemment Abdelmadjid Attar sur les retards dans la mise en œuvre des projets de transition énergétique.

Les ministres se sont contentés de faire des annonces qui ressemblent parfois à des travaux d’Hercule, mais aucune réforme n’a été lancée, alors que l’Algérie est confrontée à une crise économique sans précédent, et ses réserves de change continuent de baisser dangereusement.

Comble de l’irrésolution, il a fallu une année pleine pour trancher la question de l’importation des véhicules d’occasion et il faudra visiblement plus pour régler celle des voitures neuves. Il est aussi vrai que certains ministres ont passé moins de temps sur le terrain ou penchés sur les dossiers qu’ils en ont passés sur les réseaux sociaux.

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