Depuis ce lundi matin, la ville de Bejaia est agitée par une vive polémique. La cause ? L’annonce par le maire de la ville de l’annulation du Festival de la chanson amazigh qui se tient tous les ans dans la capitale des Hammadites.
Le maire FFS Hocine Marzougui a justifié sa décision par des considérations d’arbitrages budgétaires. « On ne peut pas tenir un festival de cette nature dans une ville aussi sale que Bejaia », explique-t-il dans une déclaration à TSA. L’élu préfère consacrer les 40 millions de dinars (4 milliards de centimes) alloués initialement au festival au nettoyage de la ville dont l’état de saleté est régulièrement dénoncé par les habitants sur les réseaux sociaux.
M. Marzougui réfute toute annulation du festival, préférant parler de « report ». Pour lui, c’est une manière de faire pression sur les pouvoir publics afin qu’ils daignent trouver une solution au problème de déchets ménagers qui pourrissent la vie des citoyens à Bejaïa.
Il rappelle, dans ce contexte, les promesses « non tenues » du ministre des Finances de régler cet épineux problème. Entre autres promesses, il cite le déblocage du projet d’Établissement public industriel et commercial (Epic) Bougie-Net.
A la question de savoir quand le festival aura lieu, le premier magistrat de la ville de Bejaia refuse d’avancer une date : « ça dépendra des pouvoirs publics. Dès que le problème des ordures sera réglé, le festival aura lieu ».
Des arguments qui ne semblent pas avoir convaincu les associations locales et l’opposition. Dans un communiqué, la LADDH s’est dite « indignée » et a dénoncé cette annulation « que rien ne justifie », selon elle. « Aucune justification ne peut être évoquée ou acceptée, le festival doit rester et continuer. Ce que doivent comprendre ceux qui détiennent les hauteurs : c’est que la culture, ce parent pauvre, ne peut être sacrifié sur l’autel des difficultés économiques ou autres, l’argument ne tenant pas la route », écrit la LADDH.
Braham Bennadji, député indépendant de Bejaia, a pour sa part dénoncé cette décision. « C’est un acte gravissime de la part de la plus riche mairie de la Kabylie. Avant tout, c’est une insulte à tout le combat identitaire et une atteinte à la dignité des citoyens de la ville de Bejaia », a-t-il déclaré.
Et d’ajouter : « Ce maire doit demander pardon et démissionner immédiatement. Le FFS doit prendre ses responsabilités devant cette dérive par la levée de la couverture politique à ce maire faute de quoi l’histoire le condamnera à jamais comme un parti baathiste ».