Le quartier populaire de Bab El Oued, à Alger, a vécu dans la soirée du jeudi 16 décembre un drame, après la mort de deux jeunes, qui ont été tués par balles. Un policier a été placé en garde à vue.
La Direction générale de la Sûreté nationale (DGSN) a annoncé dans un communiqué que le policier soupçonné d’avoir perpétré ces crimes s’est rendu aux services de la police judiciaire, avant d’être placé en garde à vue.
Les circonstances de cette affaire dramatique ne sont pas encore connues, la DGSN ayant promis de tenir la population informée. Sur les réseaux sociaux, une polémique a éclaté.
Le vice-président de la Ligue algérienne des droits de l’homme (Laddh), Saïd Salhi, s’est plaint dans un message publié sur Facebook d’être l’objet d’insultes après avoir, dit-il, défendu le principe du droit.
« Je reçois des insultes par certains, car j’ai rappelé le respect du droit dans l’affaire du policier qui a tué par balles deux jeunes à Bab El oued, paix à leurs âmes. Ils justifient par le fait que c’est « des voyous » qui dérangent la quiétude des bons citoyens du quartier », a écrit M. Salhi, samedi 18 décembre.
« Depuis quand on autorise les agents de l’application de la loi à tuer les « voyous » et à se faire justice eux même », s’est-il interrogé. « Heureusement que c’est un acte isolé, sinon, à quoi bon la présomption d’innocence, la loi, les forces de l’ordre, la justice, la prison ? », s’est demandé le militant des droits de l’homme avant d’inviter chacun à la retenue et à laisser la justice suivre son cours. « Arrêtez, il y a mort d’homme, laissons la justice faire son travail, exigeons un procès équitable pour le policier », a-t-il lancé.
Un voisin témoigne
Le journal arabophone El Khabar a publié, ce samedi, une vidéo dans laquelle des voisins du policier livrent leur version des circonstances dans lesquelles le drame de jeudi soir s’est produit.
L’auteur, qui n’a pas montré son visage, a précisé s’il a fait cette vidéo c’est pour « éclairer l’opinion » à ce propos de ce qui s’est passé.
Ainsi, raconte-t-il, le policier -qui travaille au siège de la DGSN, situé pas loin de son domicile-, rentrait chez lui vers 21h pour changer les couches de son père alité et gravement malade.
Sur la vidéo, on voit un homme pâle et respirant difficilement, que l’auteur de la vidéo a présenté comme le père du policier soupçonné d’avoir tué les deux jeunes.
De service ce soir-là, le policier est rentré pour faire la toilette de son père comme il le fait habituellement. Sur son chemin, poursuit l’auteur de la vidéo, le policier a trouvé un groupe de jeunes, présentés comme étant des « dealers », en train de se disputer et de s’échanger des obscénités.
Il n’aurait pas agi sur le moment, d’après le témoignage. Une fois qu’il a aidé son père à se changer, l’agent de police s’apprêtait à revenir à son travail et c’est au moment de quitter son domicile qu’il aurait été agressé verbalement et physiquement avec des armes blanches par ce groupe de jeunes, selon toujours le témoignage.
L’agent de police aurait pointé son arme de service dans un « réflexe de légitime défense », raconte l’auteur du témoignage qui ajoute que le policier n’avait pas l’intention de « tuer ». Le policier vit avec ses parents, tous deux très malades, sa femme et sa grand-mère nonagénaire.