L’Onu et l’Union européenne ont interpelé ce lundi l’Italie et Malte après que ces derniers aient refusé de laisser débarquer dans leurs ports un bateau humanitaire transportant plus de 600 migrants à bord, tandis qu’en parallèle l’Espagne a accepté d’accueillir le navire, rapporte l’AFP
Le Haut-Commissariat de l’ONU pour les Réfugiés (HCR) a ainsi demandé aux deux pays d’autoriser immédiatement le débarquement de l’Aquarius. Dans un communiqué, le HCR « a lancé un appel aux gouvernements concernés pour qu’ils autorisent le débarquement immédiat des centaines de personnes bloquées en Méditerranée depuis samedi ».
« Il y a un impératif humanitaire urgent ici », a estimé Vincent Cochetel, envoyé spécial du HCR pour la Méditerranée centrale. « Les gens sont en détresse, ils sont à court de provisions et ont besoin d’aide rapidement ».
« Nous demandons à toutes les parties concernées de contribuer à un règlement rapide afin que les personnes à bord du navire Aquarius puissent être débarquées en toute sécurité dès que possible », a pour sa part déclaré le porte-parole de la Commission européenne Margaritis Schinas, évoquant également un « impératif humanitaire ».
L’Aquarius, affrété par l’ONG SOS Méditerranée, a secouru ce samedi au large de la Libye 629 migrants, dont 7 femmes enceintes, 11 enfants en bas âge et 123 mineurs isolés. Il est toutefois resté depuis en stand-by au large de l’Italie et de Malte, qui lui refusent l’accès à un port.
Un tweet de l’ONG SOS Méditerranée a indiqué que « l’Aquarius a reçu l’instruction du Centre de coordination des secours maritimes italien (IMRCC) de rester en stand-by à sa position actuelle, soit 35 milles nautiques de l’Italie et 27 milles nautiques de Malte ».
Malte a réitéré dimanche son refus de laisser le navire accosté, malgré les demandes de Rome. Un porte-parole maltais a déclaré à l’AFP que les sauvetages opérés par l’Aquarius avaient eu lieu dans la zone de recherche et de sauvetage libyenne et dépendaient du centre de coordination des secours de Rome. Ce qui signifiait, selon lui, que Malte n’avait aucune obligation de prendre en charge ces migrants.
L’Espagne accepte les migrants de l’Aquarius
Finalement, c’est l’Espagne qui a accepté d’accueillir le navire transportant les 629 migrants. « Le président du gouvernement Pedro Sanchez a donné des instructions pour que l’Espagne honore les engagements internationaux en matière de crise humanitaire et a annoncé qu’elle accueillerait dans un port espagnol le navire Aquarius dans lequel se trouvent plus de 600 personnes abandonnées à leur sort en Méditerranée », a indiqué un communiqué de la présidence du gouvernement espagnol.
« Il est de notre obligation d’aider à éviter une catastrophe humanitaire et d’offrir un ‘’port sûr’’ à ces personnes », ajoute le communiqué, en précisant que le port de Valence (est) avait été choisi comme destination de l’Aquarius.
Flou dans le droit international
« Il s’agit d’une question de droit international », avait expliqué plus tôt une autre porte-parole de la Commission européenne, Natasha Bertaud, admettant qu’« en réalité la situation est tout sauf claire ».
« Selon le droit international, la décision de l’endroit où un bateau devrait débarquer relève de la compétence du pays qui est en train de coordonner l’opération de recherche et de sauvetage”, a-t-elle expliqué. Mais le droit international « ne précise pas que ce doit être le pays lui-même » qui ouvre l’un de ses ports, « tout ce qu’il donne, ce sont des critères pour orienter cette décision » du « port sûr » pour le débarquement.
« Il y a un devoir de coopération en vertu de la législation européenne » entre les pays impliqués, a toutefois souligné la porte-parole de l’exécutif européen.