Depuis quelques jours, le célèbre chanteur kabyle Akli Yahyaten est au cœur d’une polémique en Algérie.

À bientôt 90 ans, cette figure emblématique de la chanson algérienne a dénoncé dans un entretien accordé à des médias le  » blocage » et « l’injustice «   dont il est victime, après le « refus » de l’Office national des droits d’auteur (ONDA) d’enregistrer certaines chansons qui composent son dernier album.

« On m’a dit que la commission les a rejetées, je ne sais pas pourquoi« , a-t-il notamment déclaré dans cet entretien

La réponse de l’Office national des droits d’auteur

Réagissant à cette polémique, l’Office national des droits d’auteur a estimé que cette affaire n’est qu’un « malentendu« .

« Il y a eu un malentendu dans la lecture de la notification que nous lui avons adressée« , a déclaré au micro de TSA Nacira Aiyachia,  directrice générale de l’ONDA.

Avant de revenir sur « le cas Akli Yahiatene« , Mme Aiyachia tient à détailler le fonctionnement et les prérogatives de l’ONDA.

« Nous avons une commission qui est composée de sept membres, tous désignés par rapport à leur expérience dans le domaine du lyrique, mais aussi par genre, par région, et par nombre de répertoires traités’, a-t-elle tout d’abord expliqué.

« Cela fait des années que cette commission siège. Elle est renouvelée à chaque fois. Sa principale prérogative est la préservation du patrimoine du domaine public du plagiat », ajoute-t-elle.

La directrice générale de l’ONDA explique ensuite que les auteurs compositeurs et artistes créateurs algériens « déposent et déclarent leurs œuvres à l’ONDA en vue qu’elles soient examinées par cette commission, et ce, pour distinguer entre le plagiat, l’adaptation, les arrangements et la paternité elle-même de l’œuvre« .

« La notification qui est faite à l’auteur après examen par cette commission de son œuvre lui donne le droit de déposer un recours durant les deux mois qui suivent. Si l’auteur n’est pas satisfait de la notification faite par la commission, il peut faire un recours pour que l’œuvre soit revue une nouvelle fois, soit par la même commission , ou par d’autres membres connus pour leur  grande expérience dans le domaine lyrique  et musical en Algérie« ,  a-t-elle développé.

Interrogée sur les dernières déclarations de Akli Yahyaten, la directrice de l’ONDA évoque un « malentendu« .

« Akli Yahyaten est un membre de l’ONDA et un grand artiste. Il y a eu un malentendu dans la lecture de la notification que nous lui avons fait parvenir« , a-t-elle dit, avant de souligner que la notification en question « a été écrite en arabe, langue officielle de notre pays« .

« L’album de Akli Yahyaten a été déposé et étudié par la commission le 3 février 2022. La commission a examiné les huit morceaux qui composent cet album. C’est Akli Yahyaten lui-même qui a déposé les huit œuvres. Il a déclaré que deux d’entre elles ne lui appartenaient pas. L’une est une œuvre étrangère pour laquelle il a apporté des arrangements. La deuxième est celle du chanteur  Dahmane El Harrachi (décédé en 1980). Il a voulu lui rendre hommage au vu de la grande amitié qui liait les deux hommes et leurs familles. Nous avons d’ailleurs contacté la famille de Dahmane El Harrachi, et notamment son épouse. Elle n’a pas émis d’opposition quant à l’adaptation de cette œuvre« , a fait savoir Mme Aiyachia.

« Pour les six autres morceaux de l’album,  Akli Yahyaten  a été notifié en tant qu’auteur compositeur. Pour trois d’entre elles, la commission a estimé que les arrangements appartenaient à Akli Yahyaten. Pour les trois autres,  il  a été notifié en tant qu’auteur compositeur, sans arrangements pour le moment« , a-t-elle ajouté.

De son côté, le professeur de musique et membre de l’ONDA, M. Belaid, a expliqué à TSA que « la notification qui lui a été parvenue a été mal interprétée. C’est écrit dessus le mot arrangement. Il y a trois chansons pour lesquelles les arrangements ont été acceptés. Pour trois autres chansons, la commission a estimé qu’il n’y avait pas d’arrangements. Mais les chansons en elles -mêmes ont été acceptées à 100 %. Il n’y a eu aucun rejet et aucune censure des chansons de Akli Yahyaten« .

 « Aucune œuvre n’a été refusée par la commission à Akli Yahyaten. Les centaines d’œuvres de son répertoire ont toutes été acceptées depuis le 30 juillet 1962.  Et on continuera de recevoir les déclarations de ses créations dont nous sommes très fiers« , a conclu à ce sujet la directrice générale de l’ONDA.