La cession d’une mosquée en construction située à Angers (ouest de la France) au profit du gouvernement marocain a provoqué la polémique en France.
Baptisée Abou Bakr Essedik, la nouvelle mosquée d’Angers d’une capacité de 2435 fidèles est en chantier depuis octobre 2016 et était jusque-là la propriété de l’association des musulmans d’Angers (AMA). La construction bénéficiait jusque-là d’un financement provenant des dons des fidèles, qui ont permis de récolter 2,3 millions d’euros.
Le chantier avance cependant au ralenti et il manquerait 4,5 millions d’euros pour terminer l’édifice en construction. « Avec les 150 000 à 200 000 euros qu’on collecte chaque année, on en a encore pour quinze ou vingt ans », a estimé Mohamed Briwa, président de l’AMA.
C’est dans l’optique de finir promptement la construction de la mosquée que l’association a décidé de solliciter la participation des pays musulmans. « En 2013, l’ancien secrétaire de l’association avait écrit à tous les pays pour qu’ils nous aident, il n’y a que le Maroc qui nous avait répondu. Aujourd’hui, il y a une opportunité qui se présente, on ne va quand même pas se gêner », a affirmé M. Briwa qui estime qu’il faudrait un an à un an et demi au Maroc pour terminer la construction.
Ainsi, l’Association des musulmans d’Angers a voté le 25 septembre dernier la cession à titre gratuit de la mosquée en construction au profit du ministère des habous et des affaires islamiques du royaume du Maroc.
Ce n’est pas la première fois que le Maroc devient propriétaire d’une mosquée en France. Le royaume avait effectué l’acquisition de la mosquée de Saint-Étienne ainsi que des mosquées de Strasbourg et de Mantes-la-Jolie (Yvelines). D’autres mosquées pourraient également devenir à l’avenir propriétés du Maroc à Puteaux, Argenteuil, Carpentras ou encore Montpellier.
L’annonce de la cession de la mosquée d’Angers au Maroc a pris à contre-pied la communauté musulmane locale. « Il y avait 87 votants et nous sommes 7 000 musulmans ici, ça fait 0,01 % de gens qui décident pour tout le monde ! », a dénoncé Mohamed El Hourch, ancien président de l’association, remplacé par Mohamed Briwa en 2019.
L’annonce a également entraîné une vive réaction de Gilbert Collard, député européen pour le Rassemblement national (extrême droite), qui a dénoncé « un abandon de territoire, une pure folie ». Le maire d’Angers, Christophe Béchu (divers droite), a quant à lui interpellé par écrit le ministre français de l’Intérieur, Gérald Darmanin, à l’annonce de la cession afin de connaître sa position sur le sujet.
Le président de l’association a pour sa part réagi aux critiques, se montrant rassurant concernant les risques d’une éventuelle ingérence de l’Etat marocain. « L’imam est là depuis sept ans et il vient déjà du Maroc. Il n’y a aucune ingérence, la ligne est claire. Les prêches se font en français et en arabe et il n’y a rien qui changera demain », a assuré M. Briwa.