Chanter ou ne pas chanter pendant le ramadhan ? La polémique enfle depuis que certains artistes se sont vus prêter l’intention de ne pas animer de galas pendant le mois sacré en signe de solidarité avec le mouvement populaire.
À l’origine, souvent des rumeurs balancées sur les réseaux sociaux et des propos imputés à tort à des chanteurs et autres. Beaucoup d’artistes ont découvert ahuris sur les réseaux sociaux des décisions et des propos en rapport avec la question et qui ne sont pas les leurs. C’est le cas de Lounis Aït Menguellet. Sur sa page Facebook, il dément ce qui lui a été prêté comme intentions et déclarations. « On vient de m’envoyer un article où, soi-disant, je m’exprime sur les festivités pendant le mois de ramadhan. Je démens catégoriquement cette déclaration », rectifie-t-il. Au passage le poète administre une petite leçon puisée de sa sagesse légendaire. « Je ne me suis absolument pas exprimé sur ces festivités, mais puisqu’on m’oblige à le faire, voici mon avis sur la question : les chanteurs qui ont envie de chanter, qu’ils chantent, c’est leur gagne-pain et je ne vois pas en quoi cela gênerait le mouvement populaire dont ils font partie intégrante, étant eux-mêmes des chanteurs populaires », explique-t-il, avant de placer cette sentence imparable : « A ma connaissance, les manifestants, dont nous faisons partie, continuent à vaquer à leurs occupations les jours de semaine pour gagner leur vie, ce qui est logique et légitime ». Il aurait pu ajouter que les manifestants eux-mêmes font la fête au cours des marches et que le mouvement est qualifié par certains de « révolution joyeuse ».
« Me concernant, j’avais décidé de faire l’impasse sur ce mois de ramadhan bien avant le déclenchement du mouvement populaire pour des raisons personnelles », conclut Aït Menguellet.
Le seul artiste qui a annoncé officiellement son intention de boycotter les soirées de ramadhan, pour des considérations politiques, c’est le chanteur kabyle Brahim Tayeb. Fin avril dernier, il avait annoncé sur sa page Facebook qu’il ne participera pas aux activités culturelles organisées par les autorités durant le mois de Ramadhan en guise de soutien à la « révolution » pacifique en cours. « Je déclare à l’opinion de ne pas participer aux activités artistiques officielles organisées pour tout le mois de ramadan et au-delà, et ce jusqu’à l’installation des instances culturelles de la nouvelle Algérie tant rêvée (…) Je me mets à la disposition de notre révolution et à chanter dans tous les espaces et même dans la rue pour motiver et encourager la révolution. Nous libèrerons notre Algérie », avait-il écrit sans ambigüité.
Tout cela n’est pas sans rappeler la polémique qui avait entouré la participation d’artistes algériens, notamment kabyles, à l’année de l’Algérie en France en 2003, en plein mouvement citoyen des Aarouch. Le contexte n’est cependant pas le même. À l’époque, le mot d’ordre de boycott était motivé par le deuil consécutif aux nombreuses victimes (126) du printemps noir.