Ce n’est pas tous les ans que le Fonds monétaire international (FMI) délivre de bons points à l’Algérie pour ses politiques économique et sociale.
À l’issue des consultations de 2021 dans le cadre de l’article IV, l’institution de Bretton Woods exprime dans un communiqué publié mardi 30 novembre un satisfécit franc des mesures prises ou envisagées par les autorités algériennes.
Dans son constat, le FMI note que l’économie algérienne n’a pas été épargnée par la pandémie de covid-19 et la baisse des prix de pétrole en 2020, mais « la riposte rapide des autorités a permis d’atténuer les répercussions sanitaires et sociales de la crise ».
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L’Algérie se remet peu à peu de cette double épreuve. Après une contraction de 4,9 % en 2020, le PIB réel a enregistré une croissance de 2,3 % au premier trimestre 2021 grâce à la hausse des prix des hydrocarbures et la levée des mesures de confinement, relève le FMI. Le solde de la balance des paiements s’est également amélioré en 2021.
Néanmoins, il est noté que la pandémie a exacerbé les facteurs de vulnérabilité économique préexistants en Algérie, qui résultent d’une succession de chocs survenus depuis 2014.
La balance des paiements a enregistré des déficits pendant plusieurs années, ce qui a augmenté la dette publique, diminué les réserves de change et réduit la marge de manœuvre de l’action publique. L’augmentation des prix internationaux des denrées alimentaires et la sécheresse ont aussi induit la hausse de l’inflation qui érode le pouvoir d’achat des ménages.
Pour les perspectives, les administrateurs du FMI demeurent prudents. L’économie algérienne devrait se rétablir en 2021 et 2022, « mais les perspectives demeurent incertaines et difficiles ».
La croissance réelle devrait atteindre 3,2 % en 2021, le déficit de la balance des paiements devrait connaître une forte réduction grâce au redressement des exportations, mais « des risques pèsent sur ces perspectives ». Ces risques tiennent à l’évolution des cours du pétrole, à la pandémie et au contexte social et géopolitique.
« Les annonces récentes vont dans la bonne direction »
D’où la nécessité « d’un rééquilibrage progressif et soutenu des finances publiques, reposant sur une combinaison de mesures visant à accroître les recettes du budget et à réduire les dépenses ».
Les administrateurs jugent utile « d’adapter le rythme et la composition de l’ajustement budgétaire à l’évolution de la pandémie et aux conditions économiques domestiques, afin de protéger les tranches les plus vulnérables de la population ».
Côté satisfécits, « les actions rapides et ambitieuses prises par les autorités pour en contenir les coûts humains et économiques (de la pandémie) » sont saluées d’emblée.
Le conseil d’administration du FMI salue également « les efforts consentis récemment par les autorités pour moderniser la gestion budgétaire et améliorer l’efficacité du secteur public » et encourage les autorités « à diversifier les sources de financement du budget et à éviter le financement par la Banque centrale dans l’avenir », une politique monétaire « bien calibrée, associée à une plus grande flexibilité du taux de change », pouvant contribuer à la stabilisation de l’économie.
Ils encouragent les autorités à renforcer la supervision bancaire, à mettre en œuvre un cadre réglementaire pour la gestion des crises bancaires et à renforcer la gouvernance des banques publiques. Les administrateurs saluent également les réformes prévues pour renforcer l’indépendance de la Banque d’Algérie.
Autres bons points délivrés par le FMI aux autorités algériennes : leur stratégie pour relancer la croissance et réduire la dépendance de l’économie aux hydrocarbures, ainsi que l’orientation du Plan d’action du gouvernement qui prévoit des « réformes prioritaires » « pour faciliter la transition du pays vers un modèle de croissance plus inclusif et plus durable ».
« Les annonces récentes vont dans la bonne direction en ce qui concerne le renforcement de la transparence et du cadre institutionnel de lutte contre la corruption, l’amélioration de la résilience face aux changements climatiques, ou les initiatives en faveur des technologies numériques, des investissements directs étrangers et de la concurrence pour encourager l’investissement privé et la création d’emplois », notent par ailleurs les administrateurs du FMI.