En Sicile, l’acquisition de la raffinerie d’Augusta (près de Syracuse) par Sonatrach suscite de vives inquiétudes.
« La pollution à Syracuse, c’est une histoire bien connue en Sicile et qui traîne depuis des années. Beaucoup de cas de cancers dans la région seraient liés à la pollution des métaux lourds », confie à TSA une journaliste italienne installée à Paris.
Dans ce contexte, l’annonce de la vente de la raffinerie d’Augusta à la Sonatrach la semaine dernière inquiète les associations écologiques. Dans quelle mesure le nouvel acheteur, la Sonatrach, va répondre au principe de pollueur payeur ?, s’interroge la presse locale.
Officiellement, depuis 2000 en Italie, les entreprises doivent déclarer les conditions environnementales dans lesquelles elles opèrent. Mais, si un programme de dépollution des sols existe sur le site d’Augusta, il ressemble surtout à une mascarade, estime Enzo Parisi, représentant de l’association environnementale Legambiente pour la région de Syracuse cité par MeridioNews.
« En 18 ans, nous n’avons même pas atteint le seuil de 10% de sols pollués », déplore Enzo Parisi. « Les temps sont très longs et c’est inacceptable pour la population qui continue de vivre sur un territoire contaminé ».
« Il y a une part importante qui concerne les sols de la raffinerie contaminés par divers polluants, poursuit le représentant de Legambiente, mais la majorité concerne sans doute la nappe phréatique contaminée par les hydrocarbures et les métaux lourds ».
Si la mise en œuvre du plan incombe à Esso Italiana (filiale du groupe américain ExxonMobil), le rôle de vigilance revient désormais au nouveau propriétaire du site, détaille le militant écologique à la presse sicilienne.
De son côté, Don Palmiro Prisutto, archiprêtre d’Augusta, et figure locale de la lutte contre la pollution dans la région, dit ne se faire aucune illusion sur les intentions du nouvel acquéreur de dépolluer le site.
« J’ai peur que cette nouvelle compagnie ait tout intérêt à presser la terre comme un citron sans rien rendre. Quel intérêt peuvent-ils avoir à protéger notre terre ? », lâche celui qui célèbre chaque 28 du mois une messe en mémoire des victimes de cancers liés à la situation environnementale dans la région.
Ce rachat suscite également des inquiétudes pour l’emploi. Esso Italiana a affirmé qu’elle collaborerait avec Sonatrach pour assurer une « gestion prudente de la transition ». La transaction devrait être finalisée fin 2018, mais les syndicats s’inquiètent de l’avenir des 660 emplois de la raffinerie, rapporte la presse locale.
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