Le commerce en Algérie est en train de connaître un tournant important.
Avec la digitalisation qui gagne du terrain dans tous les secteurs, de nouveaux petits commerces fleurissent sur la toile.
Avantage : n’importe qui peut se lancer dans cette aventure 2.0. Que ce soit pour arrondir ses fins de mois ou en faire son métier à temps plein, tout le monde peut y trouver sa place.
Myriam G., Sonia A., Besma Z. et Lila Z. sont de jeunes entrepreneures qui mènent leurs businesses sur Internet. Portraits.
Une aventure humaine avant tout
Lorsqu’elle n’occupe pas ses fonctions de cadre dans un ministère, Myriam G. se transforme en commerçante, sillonnant la toile à la recherche de « la perle rare » qui pourrait conquérir ses clients.
La jeune entrepreneure nous parle de ses débuts, d’abord timides, se limitant à un petit fonds de commerce et à son cercle privé de connaissances comme premiers clients.
« Une amie m’a proposé d’acheter quelques produits de l’étranger et de les revendre ici en Algérie. J’ai beaucoup hésité, car je n’avais aucune expérience dans le domaine du commerce. Mes premières commandes venaient de mes amis, de ma famille. C’est grâce au bouche-à-oreille que j’ai pu agrandir mon portfolio, » explique-t-elle.
Depuis plus d’un an maintenant Myriam vend différents articles sur les réseaux sociaux : des parfums, des vêtements, des sacs de marque, etc.
Elle nous fait le récit de son aventure : d’abord sur la plateforme commerciale de Facebook (Marketplace) et sur son compte Instagram. Elle s’est finalement tournée vers les groupes d’achat et de vente sur Facebook, qu’elle trouve plus réceptifs et moins contraignants.
« Je marche au coup de cœur, » répond Myriam, lorsqu’on lui demande comment elle procède dans le choix de la large gamme de produits qu’elle propose.
En dépit des difficultés rencontrées et des mauvaises expériences, Myriam affirme avec joie qu’elle a « rencontré de belles personnes ; beaucoup de clientes sont devenues des amies. Bien sûr, certains clients sont désagréables et j’ai eu quelques mésaventures, mais ça fait partie du métier ».
Dans ce contexte, elle nous parle également des obstacles qu’elle a rencontrés, principalement sur la livraison de ses articles. « Ce service est bien trop souvent excessivement cher, ce qui rend les gens réticents à l’achat en ligne, commente-t-elle. Je fais appel aux services d’une équipe de livreurs : « Bring me dz ». Ils sont très professionnels ».
Le concept semble conquérir les clients, si bien qu’une bonne partie devient fidèle. Pour la jeune femme, il s’agit avant tout d’une expérience humaine. « Au-delà du commerce, c’est surtout l’expérience humaine qui m’intéresse », dévoile-t-elle. « Ce projet me permet d’arrondir mes fins de mois, sans plus. J’ai surtout été enrichie humainement parlant », conclut-elle.
Tout plaquer pour vivre de sa passion…
À l’opposée, Sonia A., 32 ans, a laissé sa carrière dans la restauration derrière elle pour se donner entièrement à son projet : « Ferda ».
L’idée de créer une marque de babouches 100 % algériennes a émergé dans son esprit lorsqu’elle a voulu apporter une touche de modernité à cette chaussure du patrimoine algérien souvent délaissée et pas assez mise en valeur.
Ajouté à cela son amour pour la mode, « Ferda » est née. « Quand j’ai commencé, je n’y connaissais rien. J’ai demandé autour de moi, fais des recherches avant de me lancer. Ferda est le fruit de presque deux ans de travail acharné, et l’aventure n’est qu’à son début, » raconte Sonia, qui compte bientôt lancer le site web de la marque.
Si elle est aussi présente sur Internet, c’est à cause de la crise sanitaire qui frappe le monde entier. Encore trop instable il y’a un an, la situation ne « permettait pas de m’aventurer dans la location d’un magasin pour exercer mon commerce », confie-t-elle.
Le covid-19 a changé notre façon de consommer, et c’est tout doucement que les Algériens se dirigent vers la vente et l’achat en ligne, non sans quelques difficultés et appréhensions.
Sonia avoue que l’aboutissement de ce projet n’a pas été chose aisée. Divers obstacles se heurtent aux commerçants du net. La chef d’entreprise nous en cite quelques-uns : la commercialisation des produits, la réticence des clients encore trop habitués à toucher l’article avant l’achat, le coût de la livraison qui décourage les acheteurs, etc.
Toutes ces entraves n’existant pas dans les commerces classiques, il est compliqué pour les porteurs de projets comme Sonia de s’imposer sur le marché.
« Mon produit est nouveau sur le marché, il se vend bien. Pour les difficultés, j’essaye d’y trouver des solutions », ajoute-t-elle pour conclure.
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Un projet mère-fille qui peine à décoller…
Besma Z. est une jeune entrepreneure de Biskra. À 28 ans, elle lance, en compagnie de sa mère, une marque de vêtements pour femmes. Cependant, ce projet s’avère plus compliqué que prévu…
« J’ai eu mon Master en économie monétaire et bancaire en 2018 et je suis toujours sans emploi. C’est ce qui m’a motivée à lancer mon propre projet », nous explique-t-elle, « ma mère est une couturière professionnelle, et je suis passionnée par la photographie et le commerce en ligne. Alors, une marque de vêtements semblait être une évidence ».
C’est ainsi que le fruit de leur travail, Be Elegant, a vu le jour il y’a quelques semaines. Mais voilà déjà qu’elles se heurtent aux premiers obstacles.
« Avec le covid-19, tout le monde s’est retourné vers le e-commerce. Mais ce n’est pas évident de faire décoller son projet. D’abord, la matière première coûte très cher, ce qui fait que le prix final n’attire pas les clients, qui se dirigent vers la fast fashion. Et puis, les Algériens ne font généralement pas confiance aux produits vendus sur Internet, suite aux nombreuses déceptions qu’ils ont dû avoir », continue-t-elle.
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Lorsqu’on lui a demandé ce qui l’a incitée à choisir cette méthode de commercialisation, Besma répond : « Le e-commerce a malgré tout facilité beaucoup de choses pour les commerçants, surtout pour les nouveaux dont le budget est souvent très restreint. De plus, nous ne sommes pas restreints par le temps, nous pouvons travailler n’importe quand n’importe où ».
« Quoiqu’il en soit, c’est un très bon moyen de vendre sa marchandise, j’espère que ce domaine va continuer à se développer en Algérie », termine Besma.
Quand science et art se rencontrent
Lila Z., de Tizi-Ouzou, est une jeune entrepreneure fraîchement diplômée de la faculté de biologie. À l’aube de ses 28 ans, elle a lancé son projet de cosmétique bio, qu’elle commercialise sur Internet.
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La biologiste nous en dit plus sur ce qui l’a motivée à se lancer dans ce projet : « Après avoir obtenu mon Master, j’ai voulu avoir une certaine indépendance financière. J’ai alors décidé d’utiliser mes connaissances pour la création de mon propre projet ».
« Grâce à mes études, j’ai pu entreprendre la création de mes produits. Je fabrique des savons, des boules de bain, des bougies, etc. Tout est bio ; c’était le critère principal pour moi et j’y tenais », explique Lila.
Pour ce qui en est du choix de commercialisation, Lila a opté pour la création d’un compte Instagram et une page Facebook, ainsi qu’un site Internet pour sa marque. Plus rapide, plus ludique et moins coûteux, selon elle, c’était le « compromis parfait ».
Non sans difficultés, la jeune femme a réussi à trouver sa voie : « Ça n’a pas été facile au début, entre les produits de qualité qui étaient quasiment introuvables et la difficulté à se faire connaître sur les réseaux. Il y a beaucoup de concurrences aussi, mais avec de la persévérance, on finit par trouver sa place ».
« Ce qui est bien, c’est que tout le monde peut le faire. Pas besoin d’un registre de commerce et d’un local, cela diminue considérablement le budget prévisionnel. Il suffit d’avoir une connexion Internet, un produit en lequel on croit et beaucoup de volonté », conclut-elle.