« Nous ne représentons ni le hirak ni le pouvoir », a répété, ce jeudi 8 août 2019, le coordinateur de l’instance de dialogue et de la médiation. Karim Younès s’exprimait en conférence de presse au lendemain des premières rencontres du panel avec des « représentants du hirak ».
« Le panel est une structure ad hoc et indépendante. Il n’a pas vocation à être le porte-parole d’une institution quelle qu’elle soit, ou à représenter le mouvement populaire né de l’opposition du cinquième mandat de l’ancien président. Il partage avec le hirak l’aspiration à un état de droit et à des garanties pour un scrutin transparent A cet effet, nous appelons à l’union des forces patriotiques et démocratique pour qu’éclose le génie libérateur du peuple algérien au service d’un Etat de droit qui repose sur une économie sociale de marché qui consacre le mérite tout en protégeant les plus démunis », a-t-il expliqué.
Cela dit, il reconnaît les limites de l’action de la commission : « Le panel est conscient des limites de son action dans un contexte critique porteur de toutes les menaces sur les institutions, l’ordre, la stabilité l’intégrité et la souveraineté nationale. »
M. Younès a réfuté l’idée que l’instance qu’il dirige est « boycottée ». « Le panel prend acte du refus de certaines personnalités nationales respectables de renforcer ses rangs, nous respectons leur choix. Ceci ne nous empêche pas de continuer à les rencontrer », a-t-il souligné, avant de se féliciter que d’autres personnalités aient accepté la mission, citant les membres du panel présents à ses côtés, comme Ameur Belhimer, journaliste, et Fatiha Benabou, constitutionnaliste.
Le dialogue à venir devrait déboucher sur l’installation d’une instance indépendante d’organisation de l’élection présidentielle, « seul voie pour le règlement de la crise ».
Le hirak doit se poursuivre pour maintenir la pression
Pour Karim Younès, le hirak doit se poursuivre afin de maintenir la pression de la société, seul moyen de garantir la concrétisation des résolutions qui émaneront du dialogue.
Le panel exclut l’idée d’aller vers une période de transition ou une assemblée constituante. « Cela peut mener vers l’inconnu », selon Fatiha Benbou qui soutient qu’aucun processus constituant n’a réussi, citant l’exemple libyen.
« Le mandat du président élu devrait être un mandat de transition », a estimé Ameur Belhimer. Afin d’éviter la réédition du scénario de la présidence Bouteflika, il suggère l’engagement des futurs candidats à la présidentielle en signant une « charte d’éthique ».
Concernant les préalables posés, Younès a indiqué qu’il continuera à demander à la présidence de décréter les mesures d’apaisement et qu’il a « bon espoir » qu’elles soient concrétisées.
Aussi, il a annoncé à l’assistance la relaxe ce matin même du manifestant arrêté à Annaba pour port du drapeau amazigh et à l’encontre duquel le procureur avait requis une peine de dix ans de prison ferme. « Nous attendons que l’ensemble des personnes arrêtées soient libérées », a-t-il ajouté.
Le panel a réitéré à l’occasion l’exclusion du processus de dialogue des partis ayant soutenu le cinquième mandat. « Ce n’est pas notre avis, c’est celui de la société et de la classe politique », a soutenu Karim Younès qui, la veille avait mis une condition insurmontable pour intégrer le FLN et le RND, soit la sortie de millions de gens dans la rue pour la réclamer.