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Pour les étudiants, « le pouvoir veut gagner du temps et dilapider un peu plus le pays »

Pour les étudiants, « le pouvoir veut gagner du temps et dilapider un peu plus le pays »

L’annonce par le président Bouteflika d’une série de décisions dont le report de l’élection présidentielle n’a fait qu’accentuer l’exaspération des étudiants qui étaient nombreux à manifester, mardi 12 mars, à la place Maurice Audin à Alger. Les manifestants présents en centaines exigent « un changement radical » et le « départ du système et ses pontes ».

« Talaba ghadhiboune lil Ouhda rafidoune (étudiants en colère, nous sommes contre la prolongation du mandat), lance en chœur un groupe d’étudiants assis à même la sol. Plus loin, on entend d’autres crier « Klitou leblad ya Esserrakine (vous avez pillé le pays bandes de voleurs !». Des étudiantes de l’USTHB, rencontrées sur les lieux, estiment que les annonces faites lundi soir « ne sont qu’une manœuvre du Pouvoir pour gagner du temps et dilapider un peu plus le pays ». Elles appellent à un changement radical avec un maintien des élections à la date préalablement arrêtée du 18 avril « mais sans Bouteflika ».

Les différents étudiants interrogés dénoncent aussi l’attitude du pouvoir visant à les infantiliser, selon eux. « Nous ne sommes pas dupes. Nous avons compris la manœuvre », lance un étudiant tandis qu’un jeune enseignant venu soutenir les étudiants regrette l’attitude qui consiste « à remplacer un pion par un autre », en allusion à la désignation de Noureddine Bédoui au poste de Premier ministre en remplacement d’Ahmed Ouyahia.

« Nous avons perdu une bataille mais pas la guerre. Nous réclamons un changement radical, ce qui veut dire le départ de ce système et de tous ceux qui l’incarnent », ajoute cet enseignant dans un lycée à Hussein Dey. Ce dernier appelle à maintenir la mobilisation et à ne surtout pas « se laisser tenter par les promesses du pouvoir en place ».

« Le peuple est la base de tout pouvoir, la souveraineté est l’apanage du peuple », lance une dame entourée d’étudiants qui reprennent le slogan en chœur. Le tout sous l’œil amusé des policiers. La foule a même réussi à arracher un sourire à un agent de l’ordre au volant de sa Nissan Patrol. En écho à l’annonce d’une révision de la Constitution, les étudiants lancent : « La Constitution n’est pas un bouillon. Libérez l’Algérie ! ».

Les slogans scandés se déclinent en différentes langues dont le tamazight, cela avec l’humour propre aux jeunes algériens qui proclament à l’adresse des tenants du système : « Vous avez affaire à des gens qui vous connaissent bien mais que nous connaissez guère !»

La plaque commémorative au martyr de la Guerre d’Algérie Maurice Audin a été couverte de post-it sur lesquels chaque étudiant exprime une revendication souvent liée au départ du système ou pour extérioriser une frustration ou un mal-être.

Florilège : « Le cadre est tombé, le mur demeure », « Le changement ne peut provenir que du peuple », « A bas le régime des bandits, on nous a opprimés, ça suffit, y en a marre », « FLN dégage, pour le changement (écrite en arabe en français et même en Allemand) ». « Game over », « libérez l’Algérie, non au régime corrompu » ou encore « le départ et non à la prolongation », « oui pour une deuxième République ».

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