CONTRIBUTION. La sclérose en plaques (SEP) est une maladie d’origine inflammatoire chronique et auto-immune du système nerveux central (SNC). Elle est la principale cause d’invalidité non traumatique chez les jeunes adultes, caractérisée par une démyélinisation du SNC.
Les plaques démyélinisantes, qui endommagent la myéline de la substance blanche du système nerveux, sont responsables de l’altération de la conduction nerveuse, entraînant une invalidité.
Cette maladie peut prendre trois formes différentes, comme la SEP récurrente-rémittente (SEP-RR), la plus fréquente, la SEP secondairement progressive (SEP-SP), qui est une évolution de la forme précédente, et la SEP primaire progressive (SEP-PP), moins fréquente mais plus sévère.
Une étude longitudinale effectuée entre 2013 et 2020 par Clare Walton et ses collaborateurs, afin de dresser un atlas mondial de la maladie, a montré que le nombre de personnes atteintes de la SEP dans le monde a augmenté pour atteindre 2,8 millions en 2020, l’estimation est supérieure de 30 % à celle de 2013.
La prévalence mondiale en 2020 est de 35,9 cas pour 100 000 personnes. La SEP a augmenté dans toutes les régions du monde entre 2013 et 2020, y compris en Afrique du Nord. Les femmes sont deux fois plus à risque de développer cette maladie que les hommes.
Le facteur aggravant est que la SEP touche les jeunes adultes d’âge moyen, avec une moyenne de 29 ans, qui coïncide avec l’émancipation socio-professionnelle avec toutes ses répercutions en termes de perte d’autonomie et estime de soi.
En Algérie l’estimation de Dr. Smail Kenzoua en 2022 est de 15 à 17000 cas, une fourchette approximative en l’absence d’un registre national qui permettrait de répertorier la proportion exacte de cette maladie et ses formes.
Le déficit est à la fois moteur, mais aussi cognitif avec un déclin de l’ensemble des aptitudes mentales. En effet 60 % des patients atteints de SEP souffrent de troubles cognitifs.
Les différentes évolutions de la maladie sont associées à différents profils cognitifs avec une lenteur de réactivité en relation avec un ralentissement général de la vitesse de traitement de l’information (IPS) ; d’un point de vue pratique le sujet atteint présente une incapacité à s’impliquer de façon immédiate aux exigences d’une situation de vie quotidienne, comme engager une réflexion pour gérer un problème.
L’approche thérapeutique est multidisciplinaire, elle comporte un volet médical qui implique l’usage de médicament qui permettent de ralentir la progression de la maladie et ses effets.
La remédiation comporte aussi un soutien psychologique aux sujets particulièrement pour cerner la problématique de l’isolement et l’aspect dépressif inhérent à cette maladie.
Le suivi orthophonique permet de stimuler le langage et l’ensemble des fonctions mentales ; une stimulation continue reste l’un des meilleurs remèdes pour contrecarrer le déclin cognitif avec une meilleure réactivité aux exigences de l’entourage.
La Fédération algérienne des malades atteints de sclérose en plaques, fondée en 2016, œuvre au quotidien pour une meilleure compréhension de cette maladie à la fois sur le plan de la vulgarisation sociale mais aussi auprès des pouvoirs publics afin de répondre à une meilleure prise en charge de ces sujets en termes de prise en charge médicale et structures de réadaptations.
Rappelons ici qu’un bon suivi médical associé à une remédiation multidisciplinaire au tout début de la maladie et le meilleur garant d’une évolution positive pour ces sujets.
*Maître de conférences au département d’orthophonie. Université Mouloud Mammeri de Tizi Ouzou
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