TRIBUNE. Le curriculum de formation médicale se définit comme étant le parcours pédagogique nécessaire pour tout apprenant admis à l’intérieur d’un projet d’apprentissage en sciences de la santé dont la finalité est de fournir à la société des médecins compétents et autonomes.
À cet effet, l’approche pédagogique de toute réforme curriculaire doit être déterminée et fixée au préalable ainsi que le référentiel des compétences pour espérer une mutation en faveur de l’amélioration de la formation médicale centrée sur le développement des compétences et la promotion des soins de santé de haut niveau. Il est important de signaler d’emblée que toute réforme curriculaire de formation médicale nécessite des ressources humaines expertes sur le plan disciplinaire, pédagogique et de gestion de projet de réforme.
Cette réforme doit être soutenue au sein d’un processus de planification rigoureux après une longue période de réflexion profonde et sans aucune précipitation. En d’autres termes, la réforme curriculaire nécessite la mobilisation de ressources humaines compétentes et disponibles, des ressources financières et des outils de communication et de collaboration efficaces au service de la communauté médicale. La triple expertise disciplinaire, pédagogique et de gestion de projet curriculaire est fondamentale pour espérer une projection à court et moyen terme de la réforme des curriculums de formation en sciences de la santé. De plus, il est également important de distinguer la réforme curriculaire de la réforme des programmes disciplinaires selon une approche par compétences.
En sciences de la santé, la collaboration et la communication sont indissociables et considérées comme étant des compétences transversales. Les compétences transversales sont des compétences applicables et présentes dans différents types de fonctions. Elles sont importantes d’autant plus essentielles dans un contexte de réforme curriculaire.
Les compétences de collaboration et de communication peuvent se définir comme les qualités et aptitudes interpersonnelles que nous mettons en œuvre afin de résoudre un problème collectivement ou de progresser vers un objectif commun. Elles arrivent habituellement en tête de liste des compétences dont la réforme curriculaire a le plus besoin. Comme toutes les autres compétences, il est possible de les développer à condition de mettre en valeur les buts, les objectifs et les finalités de tout projet de réforme curriculaire, mais également les moyens et les outils pour soutenir les actions suscitées.
Les problématiques de la réforme des curriculums sont multidimensionnelles au regard du nombre des facultés de médecine en Algérie, leur dispersion géographique sur le vaste territoire national, l’indisponibilité des hospitalo-universitaire en cette période de pandémie, les coûts d’accompagnement de la réforme, mais également le manque de soutien pédagogique aux professionnels de la santé et des ressources documentaires pertinentes pour soutenir et promouvoir cette réforme sans oublier le manque des outils de collaboration et de communication efficaces. De plus, les ressources humaines de la communauté médicale et des pédagogues en dehors du territoire national ne sont ni directement exploitées, ni ne fait-on appel à leurs compétences et expertises disciplinaires et notamment pédagogiques.
C’est pour répondre à certaines de ces problématiques que l’utilisation de la plateforme de gestion de projet, de communication et de collaboration est plus que nécessaire. Il est d’emblée important de signaler que la gestion dudit projet doit être assurée par des ressources humaines compétentes en technologie éducative et en gestion de projet. Ce projet de réforme des programmes disciplinaires en sciences de la santé doit être une association de professionnels de la santé à but non lucratif dont la finalité est de rassembler la communauté médicale algérienne en Algérie et à l’étranger pour soutenir et promouvoir la réforme des programmes disciplinaires en Algérie. De plus, ce projet doit être perçu comme une action citoyenne au service de la formation médicale et de la qualité des soins de santé en Algérie.
Néanmoins, le soutien institutionnel est plus que souhaitable pour espérer une mutation des pratiques pédagogiques et une pérennisation de ce projet à moyen et long terme, mais aussi de promouvoir et d’améliorer nos façons d’agir ainsi que nos stratégies de collaboration et de communication au sein de la communauté médicale en Algérie et à l’étranger. Rassembler et associer les deux communautés médicales algériennes autour de ce projet est une valeur ajoutée certaine au service de la réforme de la formation médicale et de rapprochement des ressources humaines expertes dans le domaine des sciences de la santé, mais également des ressources documentaires tant médicales que pédagogiques. Il suffit de mettre à la disposition de la communauté médicale algérienne une plateforme de communication et de collaboration en ligne avec toutes les conditions de performance et de sécurité.
Le but de ce projet est d’anticiper les prochaines étapes de la réforme des programmes disciplinaires de médecine en Algérie. Les stratégies de conception ou de réingénierie des programmes disciplinaires par la collaboration interprofessionnelle du corps des sciences de la santé autant en Algérie que celle de la communauté médicale algérienne à l’étranger pourront générer des valeurs ajoutées à ce projet à travers les expertises tant disciplinaires que pédagogiques des intervenants académiques.
En effet, ce projet a également comme valeur ajoutée celle de promouvoir et de revisiter nos façons de faire et d’agir, nos stratégies de collaboration et de communication au sein de la communauté médicale algérienne nationale et à l’étranger, car rassembler, sans déplacement physique, cet important bassin d’experts en soins de santé et en pédagogie des sciences de la santé est une entreprise faisable et réalisable avec le soutien du MESRS.
Ce projet a également pour but et valeur ajoutée de soutenir et promouvoir la veille pédagogique au service des réformes des programmes disciplinaires et des curriculums de formation selon les normes en vigueur.
En effet et grâce à la communauté médicale algérienne à l’étranger, cela facilite l’ouverture sur les autres milieux internationaux de l’éducation médicale afin de voir ce qui s’y fait ainsi que sur les dernières « tendances » afin de les comprendre et de les appliquer en Algérie.
Cette démarche de veille pédagogique a connu ces dix dernières années un saut qualitatif extraordinaire et notamment en Amérique du Nord et plus précisément au Canada d’où l’intérêt d’une collaboration avec la communauté médicale à l’étranger au sein d’une plateforme en ligne économisant ainsi tous les frais de déplacements et de réunion en présentiel interminable et d’éviter les surcoûts pour l’Algérie.
La réforme profonde des curriculums de formation médicale nécessite une transformation abyssale voire radicale de nos réflexions et pratiques pédagogiques, de communication et de collaboration pour espérer un impact et une mutation en faveur de l’amélioration de la formation médicale en général et la qualité des soins de santé en Algérie. Ces requêtes sont les conditions sine qua non pour espérer une évolution au profit du développement des compétences disciplinaires et pédagogiques chez les professionnels de la santé. Cela exige une volonté politique déjà exprimée par le ministère de l’Enseignement supérieur (MESRS) par la création de la commission de travail pour traiter du projet de réforme de la formation médicale.
L’adhésion à ce projet se fera avec la participation du Mesrs pour la communauté médicale algérienne et à l’étranger. Les porteurs du projet devront jouer un rôle de catalyseur de cette réforme sur les réseaux sociaux et la presse algérienne par la promotion des contributions à propos de ce projet.
L’adhésion se fera en ligne après création d’un compte et identification du professionnel de santé. Les personnes ressources sont les hospitalo-universitaires de chaque spécialité médicale avec un canevas précis de collaboration et de communication pour la rédaction des référentiels de compétences et des objectifs d’apprentissages.
En effet et selon la disponibilité du soutien du MESRS, il est possible d’associer à cette plateforme, un module de formation pédagogique sur la rédaction des objectifs d’apprentissage et des ressources documentaires cibles et pertinentes pour promouvoir et soutenir la réforme des programmes disciplinaires selon les normes pédagogiques en vigueur.
Par ailleurs, cette contribution est un appel limpide à une plus grande participation de la communauté médicale et des ressources humaines algériennes des sciences de la santé afin de faire valoir leur savoir-faire et savoir-agir, que ce soit « au sein ou en dehors » des structures universitaires et des facultés de médecine.
Finalement, c’est notre devoir et rôle de citoyen de faire entendre notre voix et celle de tout universitaire et professionnel de la santé en Algérie et à l’étranger désirant concrétiser l’idée de l’amélioration des pratiques pédagogiques en sciences de la santé, de la formation médicale et des soins de santé.
*Dr Lardjane Dahmane – Conseiller et concepteur pédagogique
*Aziz Chaib – Conseiller en gestion de formation
*Pr Meguenni Kaouel – Responsable du bureau pédagogique CHU Tlemcen
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