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Pour une transition voulue par le peuple*

Pour une transition voulue par le peuple*

CONTRIBUTIONS DE NOS LECTEURS – Depuis le début du mouvement pour le changement du système, on entend des voix ici et là proposer une sortie de crise. Chacune énonce ce qu’elle croit être la meilleure solution à la crise.

Le peuple est sorti contre le système dont il demande le départ. Le chef d’état-major veut une transition dans le cadre de la Constitution. Pour ne pas créer un vide juridique, certains juristes et partis politiques pensent la même chose. Ils préconisent d’aller à la transition en appliquant les articles 7, 8, et 102 de la Constitution.

Faut-il se référer à la Constitution ?

La Constitution a été faite sur mesure par et pour Boutéflika qui l’a d’ailleurs violée à plusieurs reprises. Il l’a violée en supprimant la limitation des mandats. Il l’a violée en ne prêtant pas serment lors de l’entame de quatrième mandat comme il est précisé dans la Constitution. Il l’a violée en nommant Belaiz deux fois président du Conseil constitutionnel. Il l’a violée quand Belaiz n’a pas prêté serment dans les règles prévues par la Constitution.

Le chef d’état-major a reconnu que le président n’était pas en mesure de diriger le pays et que c’était une bande mafieuse qui le faisait à sa place. Il a déclaré d’autre part qu’il ne reconnaissait pas les décisions prises au nom du président.

Le peuple, de son côté, dit qu’il ne reconnait pas les institutions héritées du règne de Bouteflika. Ce qui est tout à fait normale et logique. On ne peut pas aller au changement du système en gardant les hommes du système. On ne peut faire du neuf avec du vieux, dit l’adage.

La Constitution de 2016 a été violée, piétinée sans que les institutions sensées la protéger lèvent le petit doigt. Elles ont laissé faire par fidélité, par soumission, par intérêt, peu importe. Elles ont donc été complices. Elles ont soutenu la bande mafieuse, elles doivent partir avec cette bande mafieuse.

La Constitution a été faite dans le seul intérêt de Bouteflika. Elle n’est par conséquent pas l’émanation du peuple. Le peuple est dès lors en droit de ne pas la reconnaître.

Il est impossible que la transition soit assurée par les hommes du système qui a mené le pays à la crise que nous vivons.

Comment Bensalah, Belaiz et Bedoui qui ont défendu ardemment le cinquième mandat peuvent-ils être crédibles pour mener la transition ? Comment Bédoui qui a fait matraquer les médecins résidents et d’autres manifestants peut-il être crédible aujourd’hui pour mener la transition ? Comment Belaiz qui a violé par deux fois la Constitution peut-il être crédible pour présider le Conseil constitutionnel ?

La souveraineté appartient au peuple et à lui seul. Toutes les institutions doivent être au service du peuple et non le contraire.

On insiste beaucoup sur le vide juridique si on sort du cadre constitutionnel. Ouyahia n’a-t-il pas brandi le syndrome syrien pour faire peur ?

Il y a des gens qui voient des diables à chaque coin de rue. Ils sont seuls à voir le danger que personne d’autre ne voit. Où est ce danger qu’on ne cesse de répéter ? Plus de la moitié du peuple algérien manifeste chaque vendredi pacifiquement. Le monde entier est admiratif devant la maturité de ce peuple. Les habitants offrent de l’eau et du couscous et des gâteaux aux manifestants. Les rues sont nettoyées après la marche. Des brigades de secouristes se sont réparties sur le parcours pour prêter assistance aux personnes qui en ont besoin. Où est donc le danger qu’on nous brandit à chaque instant ?

Si danger, il y avait, ce ne serait pas du côté du peuple qu’il viendrait, mais du côté de ceux qui sont contre le changement.

Le peuple est sorti sept ou plutôt huit fois, il ne faut pas, en effet, oublier que la première manifestation a eu lieu le 16 février à Kherrata. Chaque sortie constitue un vote ou mieux encore un référendum rejetant le système globalement et dans le détail. Cela est donc amplement suffisant pour établir de nouvelles règles de règlement de la crise.

Notre pays se trouve dans une situation exceptionnelle. A une situation exceptionnelle, la solution ne peut être qu’exceptionnelle.

Pour sortir de la crise, il faut respecter la volonté du peuple. Il faudrait pour cela :

– Désigner une instance qui conduira la transition.

– Cette instance sera présidée par homme ou un collège d’hommes crédibles n’ayant aucune attache partisane.

– Le choix de cet homme ou de ces hommes se fera en concertation entre l’armée et les partis d’opposition.

– La personne ou les personnes désignée(s) sera/seront soumis à l’approbation du peuple qui arrêtera de marcher s’il est satisfait.

– Cette instance nommera ensuite un premier ministre qui formera un gouvernement de transition non partisan.

– Le gouvernement de transition réformera la loi électorale.

– Il installera la commission indépendante des élections nationales, puis de wilaya et de daïras.

– Cette commission aura pour mission de s’occuper de toutes les étapes des élections : de la mise à jour du fichier électoral jusqu’à la proclamation des résultats.

– Le ministre de l’intérieur s’occupera uniquement de la logistique.

– Élections présidentielles.

– Réforme de la constitution.


*Mocrani Hamdane, écrivain.

Important : Les tribunes publiées sur TSA ont pour but de permettre aux lecteurs de participer au débat. Elles ne reflètent pas la position de la rédaction de notre média.

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