Des pêcheurs ont jeté des sardines à la mer dans la nuit de samedi à dimanche au niveau du port d’El Marsa à Chlef. Hier, les services de la direction de la pêche de cette wilaya ont annoncé l’ouverture d’une enquête sur cette pratique, rapporte l’agence officielle qui cite le directeur local de la pêche et des ressources halieutiques.
Le prétexte est que les sardines jetées ne sont pas conformes au calibre légal. « Jeter des quantités de sardines est avant tout du gaspillage mais il ne faut pas oublier que cette pratique va impacter la production », dénonce le président de l’Association des commerçants et artisans (ANCA), Hadj-Tahar Boulenouar.
|Lire aussi :Flambée des prix : où est passé le gouvernement ?
Il explique que dans le cas des pêcheurs de Chlef, il s’agit de sardines d’un très petit calibre (taille non marchande pour les spécialistes) qui ne sont pas destinées à la consommation.
Un phénomène récurrent
La réglementation fixe un minimum de 11 cm la taille de la sardine autorisée à la pêche et à la vente aux consommateurs. Or, le recours à la pêche illégale de sardines de petites tailles met en danger le circuit de reproduction avec toutes les conséquences sur la production halieutique déjà jugée très en deçà du potentiel halieutique national.
Malheureusement, ces sardines au calibre non conforme inondent les marchés du pays. Au sujet des causes à l’origine d’un tel gâchis, Boulenouar cite le facteur lié à la qualité des filets de pêche qui ne sont pas adaptés aux poissons de calibres permis par la loi.
Selon Boulenouar, un autre aspect tient à l’absence de formation chez les pêcheurs. Pourquoi les pêcheurs ne recourent-ils pas aux pratiques de pêche conformes normes ?
« Soit ils n’ont pas été formés ou bien ils manquent de moyens », répond Boulenouar qui met en cause l’absence d’accompagnement par les instances du secteur vis-à-vis de la corporation des pêcheurs, tant en termes de formation que de sensibilisation.
Outre la pêche à la sardine non marchande, le président de l’Association de protection et d’orientation du consommateur (Apoce), Mustapha Zebdi, explique que le phénomène du rejet en mer des sardines s’explique souvent aussi par la volonté des pêcheurs de garder des prix élevés. Actuellement le prix du kilo de sardine avoisine les 700 dinars à Alger.
« Ce sont des comportements malsains, irresponsables venant d’individus suceurs de sang », dénonce Zebdi, déplorant un manque de contrôle des pêcheurs qui s’adonnent à ces pratiques illégales.
« S’il y avait eu un contrôle rigoureux en amont, on n’aurait pas vu sur les étals des marchés de la sardine entre 5 et 6 centimètres, soit la moitié de la moyenne admise (11cm) », souligne le président de l’Apoce qui réclame de sévir contre ce phénomène.
« Il y a une responsabilité partagée entre les pêcheurs et les services de contrôle », pointe Zebdi tout en appelant à une réorganisation de la filière de la pêche pour le bien de l’économie nationale et pour la préservation de cette richesse halieutique.