Un déficit de la balance des paiements qui résiste et reste à un niveau proche de 8 milliards de dollars au premier semestre 2018 et une diminution des réserves de change de près de 9 milliards de dollars en 6 mois.
Les chiffres rendus publics, samedi 6 octobre, par la Banque d’Algérie font l’effet d’une douche froide. Ils confirment que le redressement sensible des cours pétroliers depuis la fin de l’année dernière n’a pas empêché nos réserves financières de continuer à fondre à un rythme rapide. Une érosion qui devrait se poursuivre dans les prochains mois en les ramenant à un peu plus de 80 milliards de dollars à la fin de l’année en cours.
Pourquoi un tel niveau de déficit de nos paiements extérieurs alors que le prix du baril est pourtant en augmentation sensible ?
Les « vrais chiffres » du déficit commercial
La première raison est le maintien d’un déficit commercial significatif même s’il a été divisé par deux en un an. Selon la Banque d’Algérie, le déficit de la balance commerciale s’est élevé à 3, 6 milliards de dollars au premier semestre. Il s’agit d’un chiffre sensiblement plus élevé que celui des douanes algériennes qui évoquent un déficit de « seulement » 2,9 milliards de dollars pour la même période. Une différence imputable essentiellement à une révision en hausse du montant des importations.
On connait la cause de cet écart « traditionnel » entre les estimations des deux institutions : la Banque d’Algérie prend en compte la totalité des importations tandis que les douanes ne « tiennent pas compte » des importations de matériel destinées à la Défense nationale.
Au total, sur l’ensemble de 2018, le déficit commercial devrait rester proche de 6 milliards de dollars même avec des prix pétroliers nettement supérieurs à 80 dollars au dernier trimestre de l’année ainsi que c’est le cas actuellement.
Des importations de services toujours très élevées
En fait, le commerce de marchandises n’est pas le seul, ni le premier responsable de nos déficits extérieurs. Ce sont les échanges de services qui aujourd’hui prennent le relais.
Ils s’agit principalement du paiement de services techniques dans le secteur pétrolier ou de services de transport et d’assurance de nos importations ainsi que de la rémunérations des activités d’entreprises étrangères dans les domaines du bâtiment et des travaux publics pour la réalisation de projets publics notamment.
Ce poste de la balance des paiements a accusé en 6 mois un déficit de 5,6 milliards de dollars qui ne s’est pas réduit en un an. Sur l’ensemble de l’année 2018, il devrait rester supérieur à 10 milliards de dollars en portant le déficit prévisionnel de nos paiements courants à plus de 16 milliards de dollars.
L’ « effet de valorisation » joue contre les réserves en 2018
L’autre mauvaise nouvelle concerne nos réserves de change : elles se sont contractées de près de 9 milliards de dollars en 6 mois « soit légèrement plus que le déficit du solde global de la balance des paiements ». C’est en raison notamment d’un « effet de valorisation négative de près de 790 millions de dollars, lié à l’appréciation du dollar vis-à-vis de l’euro entre janvier et juin 2018 » ainsi que le relèvent les responsables de la Banque d’Algérie.
Pas de chance, cette année, contrairement à l’année dernière, l’« effet de valorisation » va jouer contre les réserves de changes exprimées en dollars et va donc ajouter sa contribution, comprise probablement entre 1 et 2 milliards de dollars en rythme annuel, à leur érosion.
Dans ces conditions, les calculs sont vite faits et les réserves de change vont continuer à fondre cette année dans une proportion proche de 17 milliards de dollars. Ce qui devrait les amener à tester la barre des 80 milliards de dollars à fin 2018.