Petit bilan d’étape de la première semaine de la campagne électorale pour la présidentielle du 12 décembre. Les débuts ont été pour le moins difficiles pour les cinq candidats qui se sont contentés d’une activité à minima, donnant l’impression de n’avoir comme souci que de marquer le coup, faute de pouvoir aspirer à mieux, comme remplir stades et places publiques, ou mener un débat de fond sur les défis qui se posent au pays.
Les prévisions d’une campagne au mieux morose, au pire sous tension, sont confortées chaque jour davantage à mesure qu’approche la date du scrutin et se multiplient les sorties des postulants sur le terrain.
Premier constat, aucun candidat n’est épargné par les actions de protestation, laissant comprendre que la contestation est destinée d’abord contre la tenue même de l’élection, du reste rejetée chaque vendredi et mardi lors des marches cycliques du hirak.
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Au premier jour de la campagne, dimanche 17 novembre, le candidat Ali Benflis était à Tlemcen. Des dizaines de jeunes ont tenté de chahuter son meeting et quatre d’entre eux seront condamnés dès le lendemain à de lourdes peines de prison, dans une célérité qui tranche avec la lenteur avec laquelle sont traités les dossiers d’une centaine de détenus d’opinion qui attendent pour certains leur jugement depuis le début de l’été.
A El Oued, encore une rencontre de Benflis chahutée, et de nouveau des condamnations lourdes qui tombent avec la même célérité. Le président de Talai el Houriyat aurait sans doute préféré faire l’économie d’une telle publicité autour de sa campagne, d’autant que celle des autres candidats n’est pas moins chahutée.
L’autre action à l’impact très négatif a ciblé Abdelkader Bengrina qui s’est « aventuré » un vendredi à faire campagne à l’intérieur du pays. À Aflou, il a été encerclé des heures durant dans un hôtel et les images de son extirpation par la police ont fait le tour des réseaux sociaux, à l’affût du moindre incident.
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Depuis le début de la campagne, le comité national pour la libération des détenus (CNLD) fait état quotidiennement d’arrestations, parfois de placements en détention provisoire.
Néanmoins, aussi déterminés soient-ils, ceux qui rejettent l’élection agissent toujours avec pacifisme et aucun affrontement n’a été signalé ni avec les partisans des candidats ou ceux qui marchent en faveur de l’élection ni avec les forces de l’ordre au cours des rassemblements nocturnes qui se multiplient depuis quelques jours.
Côté affluence des citoyens, autant dire que, au vu de la conjoncture dans laquelle surviennent l’élection et la campagne, les cinq postulants eux-mêmes ne s’attendaient pas à mieux que de discourir devant une assistance clairsemée.
Pour la teneur des discours, on est loin du débat de fond sur les questions de première importance. La conjoncture a imposé aux candidats d’insister avant tout sur la participation.
Dans les programmes déclinés avant même le début de la campagne, on y trouve le même engagement à réformer profondément le fonctionnement de l’État, à réduire les prérogatives du président et à garantir les libertés.
En somme, la même disposition à satisfaire les revendications de changement portées par le hirak populaire depuis neuf mois. Le volet économique est cependant abordé avec une certaine légèreté par les cinq candidats qui s’engagent à bâtir une économie forte, à atteindre l’autosuffisance alimentaire et promettent partout où ils passent qui plus d’eau dans les robinets, qui moins de coupures d’électricité, ou encore un meilleur SMIG et la suppression de l’IRG.
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Cela dans un contexte de crise économique qui avance inexorablement, avec des prévisions de déficit abyssal pour le budget de l’Etat, l’épuisement inéluctable des réserves de change, des prix du pétrole qui ne remontent pas et sur lesquels le pays n’a aucune emprise.
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À retenir aussi de cette semaine les premières salves visant certains candidats, en dépit de la « charte d’éthique » signée juste avant le lancement de la campagne par les postulants et les patrons de certains médias. Le plus ciblé est Abdelmadjid Tebboune. Les premières piques ont été aussi échangées, avec notamment les attaques de Abdelkader Bengrina à l’égard du même Tebboune et de Azzzedine Mihoubi.