La mise sous mandat de dépôt de 18 manifestants interpellés lors de la marche du vendredi 21 juin à Alger pour avoir brandi le drapeau amazigh a suscité de vives réactions et soulevé un tollé sur les réseaux sociaux. « Scandaleux », « honteux », « injustice », « exagération », sont les termes les plus utilisés par les internautes algériens pour commenter ces emprisonnements, pour motifs d’« atteinte à l’unité nationale », des jeunes manifestants pacifiques.
La solidarité n’a pas tardé à s’organiser et dès le soir-même de l’annonce de l’interpellation des manifestants, les localités dont ils sont originaires ont enregistré des rassemblements de protestation et des marches pacifiques pour réclamer leur libération.
A Alger, un rassemblement de protestation s’est tenu ce lundi devant le tribunal de Sidi M’hamed pour dénoncer ces premières mises sous mandat de dépôt de manifestants du hirak.
Grève générale à Haizer et sit-in devant la Cour de justice de Bouira
Dans la ville de Haizer, située à dix kilomètres du chef-lieu de la wilaya de Bouira, d’où sont originaires trois des 17 détenus du hirak, une grève générale est organisée dès ce lundi 23 juin, à l’appel d’associations, de collectifs et de personnalités de la ville pour réclamer la libération de tous les détenus.
La grève fortement suivie, notamment par les commerçants et administrations, a paralysé la localité. La veille, un rassemblement de protestation avec drapeaux algériens et amazighs a été observée par une nombreuse foule sur la place publique de la même ville.
Au chef-lieu de la wilaya, un sit-in de protestation s’est tenu, ce lundi, devant la Cour de Justice. Les centaines de manifestants rassemblés devant l’édifice ont réclamé la libération immédiate de tous les détenus.
Lors du rassemblement auquel ont pris part des étudiants, des travailleurs, des élus locaux et des militants politiques et associatifs, les manifestants ont scandé des slogans en faveur des libertés et la démocratie.
Des appels à la grève générale et à la tenue de rassemblements de protestation sont lancés par des militants et organisations politiques et associatives d’autres localités. C’est le cas notamment à Bechloul, Ait Laaziz et M’chedallah.
Forte mobilisation à Béjaia et Boumerdes
La wilaya de Béjaia qui compte cinq de ses habitants parmi les interpellés n’est pas en reste. Dans la soirée de dimanche, un rassemblement de soutien aux détenus a été observé par de nombreux citoyens sur la place Said Mekbel au chef-lieu de la wilaya. D’autres rassemblements et marches sont prévus dans la même ville les prochains jours.
A Ifri Ouzellaguene, dont sont originaires deux manifestants arrêtés, une grève générale est observée depuis ce lundi matin, avec la fermeture de tous les commerces et administrations, à l’exception des établissements de santé et des transports.
Une imposante marche a été organisée dans la ville. Les milliers de manifestants qui y ont participé ont exigé la libération des 18 manifestants mis sous mandat de dépôt à la prison d’El Harrach. Sur des banderoles brandies par les manifestants, les prisonniers sont qualifiés de “détenus d’opinion” et leur libération immédiate est exigée.
Nacéria, ville située à l’est de Boumerdes, est elle aussi paralysée par une grève générale ce lundi. Dimanche soir, une imposante marche a été organisée par les habitants pour réclamer la libération de tous les détenus, dont un est originaire de la localité et dont la mère a interpellé les autorités devant le commissariat de la ville.
« Emmenez-moi à sa place ! C’est ça la justice ? Comment pouvez-vous arrêter un jeune de 23 ans qui a brandi le drapeau amazigh, l’emprisonner, lui gâcher son avenir et lui faire haïr l’Algérie ? », a-t-elle notamment lancé à l’adresse des autorités en brandissant, à son tour un drapeau amazigh.
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