Alors que l’incident diplomatique du sommet Afrique-Japon organisé à Maputo (au Mozambique, pays allié du Sahara occidental) est encore dans tous les esprits, le Maroc est-il en train de changer de stratégie sur le Sahara occidental ?
Selon les sources du Desk, Rabat ne pratiquera pas la politique de la chaise vide et pourrait être représenté « au plus haut niveau » – c’est à dire par Mohammed VI en personne – au 5ème sommet entre l’Union Africaine et l’Union européenne qui se tiendra les 29 et 30 novembre à Abidjan, en Côte d’Ivoire.
Après avoir tout fait pour exclure la République arabe sahraouie démocratique (RASD) de ce rendez-vous diplomatique, le Maroc se serait donc résigné à sa présence. Le 1er novembre le président Ibrahim Ghali a officiellement reçu une invitation de la commission de l’Union africaine (UA) pour participer à l’événement.
En outre, le 16 octobre, le Conseil exécutif de l’UA, réuni en session extraordinaire, avait rappelé que la RASD avait, en qualité de membre de l’Union africaine, le droit de participer au sommet UE-UA. Après voir tenté de résister, la Côte d’Ivoire, allié du Maroc, a fini par céder.
« Relabellisation » du sommet, un revers pour le Maroc
Ce rendez-vous diplomatique initialement baptisé « sommet Afrique UE » a été renommé « sommet UA UE » fin septembre. Un changement de nom qui signe l’échec de l’offensive diplomatique menée par Rabat pour exclure la RASD, estimait il y a quelques semaines Amar Belani, ambassadeur d’Algérie à Bruxelles.
Cette convergence entre l’institution panafricaine et l’institution européenne « vient ainsi mettre en échec les manœuvres et les pressions exercées par le Maroc sur l’institution européenne directement, ou par le biais de pays européens qui lui sont favorables, afin d’exclure du prochain Sommet la République arabe sahraouie démocratique (RASD), pays fondateur de l’Union africaine avec lequel le Maroc a accepté de siéger en adhérant à l’institution panafricaine et en procédant à la ratification de son acte constitutif, sans conditions et sans réserves », expliquait M. Belani.
La position de Bruxelles instrumentalisée, selon Amar Belani
Sur ce dossier, Bruxelles a rappelé que la présence de la RASD au sommet fin novembre ne constitue pas une modification de la position européenne de non reconnaissance de la RASD, selon les propos d’une des porte-paroles de la Commission européenne, rapportés par Le Desk et Jeune Afrique.
Mais pour Amar Belani, il s’agit d’un non-événement. « La déclaration de la porte-parole de l’UE n’apporte rien de nouveau en ce qui concerne la non reconnaissance de la RASD, parce que la position constante de l’Union européenne consiste à énoncer de manière non équivoque que : primo, le Sahara occidental est considéré comme un territoire non autonome ; secundo, que son statut final fait toujours l’objet d’un processus de négociations entre les deux parties au conflit (Polisario et Royaume du Maroc) mené sous les auspices de l’ONU ; enfin, tertio, elle réaffirme son soutien aux efforts du Secrétaire général de l’ONU pour parvenir à une solution politique juste, durable et mutuellement acceptable (…) », explique-t-il dans une interview accordée à TSA jeudi 16 novembre.
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