Le puzzle de l’élection présidentielle du 7 septembre 2024 en Algérie se met en place. La veille de la convocation du corps électoral samedi 8 juin et à trois mois pile du vote, le FFS a désigné ce vendredi 7 juin son premier secrétaire, Youcef Aouchiche, comme candidat du parti au scrutin du 7 septembre prochain.
Jeune loup de la politique, Youcef Aouchiche, 41 ans, a été plébiscité à l’écrasante majorité des 1.100 congressistes présents au congrès extraordinaire du FFS ce vendredi à Zéralda dans l’ouest d’Alger.
Ce choix, du reste prévisible, comme en témoignait l’absence de candidatures concurrentes, bien que la liste ait été ouverte à tous, consacre l’option « stratégique » de la participation, la deuxième dans l’histoire du plus vieux parti d’opposition en Algérie qui a été fondé en 1963 par feu Hocine Ait Ahmed.
En 1999, le défunt président du parti, Hocine Ait Ahmed, s’était retiré la veille du scrutin présidentiel, en compagnie de cinq autres candidats au motif de velléités de fraude de la part de l’administration au profit du candidat Abdelaziz Bouteflika.
Présidentielle 2024 en Algérie : un « choix politique stratégique » pour le FFS
« Si la décision de participer (à la présidentielle du 7 septembre) a été un choix politique et stratégique dicté par les nécessités et les exigences liées au pays, à son unité et à sa cohésion, elle s’inscrit également dans le cadre de notre ferme conviction de restaurer les espaces démocratiques et d’une forte aspiration à ramener le parti au premier plan du débat sur la scène politique nationale », a affirmé Youcef Aouchiche dans son discours, sitôt sa candidature validée.
Le candidat du FFS à la présidentielle du 7 septembre a ensuite détaillé les raisons de la participation du parti à ce scrutin.
« Nous devons placer notre participation et notre campagne électorale dans un contexte politique stratégique global qui vise à reconstruire et à élargir la base populaire du parti, à accélérer son ouverture à la société et à renforcer ses capacités organisationnelles en interne, nous permettant de créer des cadres et des canaux de dialogue solides au sein de la société », a-t-il développé.
Se disant mesurer pleinement « l’ampleur de la responsabilité », la « grandeur de la tâche qui lui est confiée » et les « difficultés de la conjoncture », Youcef Aouchiche a estimé que les multiples défis auxquels est confronté l’Algérie ne doivent pas pour autant confiner au renoncement et à la démission.
« Je sais, je le sens comme vous tous, les difficultés et même le désarroi sont là, nul n’ignore la situation réelle et la complexité du moment, mais le désir d’agir pour que notre pays retrouve un sens, pour que notre pays ait un cap est puissant », soutient-il.
« J’ai la ferme conviction que face aux multiples défis de notre pays et de notre monde, une action cohérente et un langage de vérité permettront de récréer de la confiance, de redresser notre pays et de le rassembler autour d’un projet commun pour le changement, la préservation du pays et le respect des libertés et des pluralismes », poursuit-il.
Un changement qu’il souhaite porter au sein des institutions, en compagnie d’autres forces partageant la même vision auxquelles il a lancé un appel.
D’autant, selon lui, que la réponse institutionnelle aux exigences du Hirak populaire de 2019 n’a pas « été à la hauteur », ni ne reflète « l’ampleur de l’élan » de ce mouvement inédit.
« Se retirer aujourd’hui, c’est abandonner la lutte »
« La libre organisation de la société et la mobilisation populaire pacifique en faveur d’un projet national global restent une nécessité vitale pour le pays et une soupape de sécurité pour lui. Se retirer aujourd’hui, c’est abandonner la lutte », justifie-t-il, en réponse à ceux qui critiquent la décision du FFS de prendre part au scrutin présidentiel du 7 septembre.
« Le repli, la peur et la défaite n’ont rien à voir avec le FFS ; ils n’ont rien à voir avec l’Algérie ni avec les femmes et les hommes algériens, dans le sang desquels ne coulent que les valeurs de défi, de courage et de victoire », lance-t-il encore sous les applaudissements nourris des présents.
Mais, au-delà de l’ambition du changement souhaité, le FFS entend d’abord redonner la confiance et l’espoir à la population algérienne.
« Nous ferons de ces élections l’occasion de montrer notre distinction et de souligner la différence entre nous et les autres, en portant un message d’espoir et en transmettant une énergie positive, et cela ne peut se produire que si nous agissons comme nous-mêmes et si nous nous exprimons véritablement, avec notre projet, idées et propositions, tout en adaptant nos stratégies et nos méthodes. Nous avons travaillé avec les transformations profondes que nous vivons sans abandonner notre identité et nos valeurs », conclut Aouchiche.
Cap désormais sur la première bataille du candidat du FFS : la collecte des signatures. Mais le candidat du plus vieux parti d’opposition en Algérie ne devrait pas rencontrer de difficultés puisque le FFS dispose de 950 élus, la Loi exigeant 600 signatures d’élus ou 50.000 signatures d’électeurs.
Youcef Aouchiche est le cinquième candidat déclaré à la présidentielle algérienne de 2024 après Louisa Hanoune, du PT, Zoubida Assoul (UCP), Belkacem Sahli, au nom de sept partis et Abdelali Hassani du MSP.
Le président sortant Abdelmadjid Tebboune n’a pas encore fait part de ses intentions de briguer ou non un second mandat le 7 septembre, alors que de nombreux partis l’appellent à se représenter pour poursuivre les réformes qu’il a entamées depuis son élection à la tête de l’Algérie en décembre 2019.