Mercredi 13 novembre, le candidat à la présidentielle du 12 décembre, Ali Benflis, anime une conférence de presse, retransmise en direct par des chaînes de télévision privées et sur Facebook.
Qu’un candidat fasse connaître son programme via les médias, cela semble tout à fait dans l’ordre des choses à quelques semaines de l’épreuve des urnes.
Ce qui ne l’est pas en revanche, c’est le fait que ni le président de Talai el Houriyat ni les quatre autres postulants n’ont entamé le travail de terrain, alors que le compte à rebours pour le scrutin a commencé.
Le seul qui a tenté de s’adresser de vive voix aux électeurs, c’est Abdelkader Bengrina et il a eu un avant-goût de ce qui l’attend lui et les autres candidats pendant la campagne électorale. Celle-ci, qui devrait démarrer dans quelques jours, s’annonce pour le moins compliquée, voire à hauts risques. Bengrina a été hué mardi 12 novembre à Tindouf où il a tenté d’animer un meeting de pré-campagne.
Avant lui, Ali Benflis avait subi le même sort à sa sortie d’un restaurant d’Alger, le soir-même de l’annonce des candidats retenus par l’Autorité électorale. Les autres candidats n’ont pas encore fait de sortie, se contentant de passages sur les plateaux des télés privées ou de conférences de presse. Pour eux et pour tous ceux qui tiennent au scrutin, le plus dur semble à venir.
Les actions anti-élections se multiplient et se font plus fréquentes à mesure qu’approche l’échéance. Ce mercredi, les forces de l’ordre ont procédé à une soixantaine d’arrestations à Annaba parmi les citoyens qui ont organisé une contre-manifestation au moment où se tenait une marche de soutien au scrutin du 12 décembre. La majorité des personnes interpellées ont été relâchées en fin de journée.
A Jijel et Relizane, des dizaines de jeunes se sont rassemblés devant le siège local de l’Anie et une autre action de protestation est signalée à Laghouat. A Constantine, des appels sont lancés sur les réseaux sociaux pour organiser une contre-manifestation ce jeudi, simultanément à la tenue d’une marche des partisans de l’élection.
Parallèlement, les ministres et autres hauts responsables continuent à être hués à chacune de leurs visites sur le terrain, comme ce fut le cas pour les ministres de l’Industrie et de l’Energie dimanche 10 novembre à Tizi-Ouzou.
La mobilisation lors des marches hebdomadaires va également crescendo à l’approche de la date de l’élection et il est pour le moins difficile d’entrevoir dans ces conditions une campagne électorale normale. La situation n’est pas sans rappeler celle qui avait prévalu en mai-juin et qui avait amené à l’annulation de l’élection du 4 juillet, à la seule différence que cette fois, une pléthore de candidats s’est présentée, dont deux anciens Premiers ministres. Cela ne signifie pas que le scrutin du 12 décembre connaîtra forcément le même sort, mais il sera difficile aux autorités de le tenir dans la sérénité.
La force publique pourra certes être utilisée contre les protestataires, d’autant que les services de sécurité ont été instruits de sécuriser tout le processus électoral, mais tout indique, si les actions de protestation se poursuivent, que les candidats seront amenés à renoncer au moins à une partie de leurs programmes de meetings et autres rencontres de proximité pour la raison simple que d’éventuelles images de heurts ne les serviront pas, bien au contraire. Ils devraient vraisemblablement se contenter de passages sur les médias ou, au mieux, de rencontres à huis clos et en catimini.
L’élection du 12 décembre s’annonce décidément très différente des précédentes à tous points de vue. On savait déjà que les observateurs internationaux ne viendraient pas, une première depuis de nombreuses années. Ce mercredi 13 novembre, des médias français ont fait part de difficultés pour l’obtention de visas, laissant penser que le scrutin pourrait se dérouler loin des regards de la presse internationale.
« Les journalistes français seront-ils les bienvenus dans les bureaux de vote ? Plusieurs rédactions craignent que non, au vu du refus systématique que leur oppose le consulat d’Algérie depuis déjà plusieurs mois, voire plusieurs années », écrit Le Parisien. Après la campagne, c’est le vote qui risque aussi de se tenir à huis clos.