L’horizon commence à s’éclaircir pour les présidentielles anticipées en Algérie. Alors que la convocation du corps électoral est attendue pour le 8 juin prochain, ils sont déjà plusieurs partis à avoir annoncé leur décision de prendre part au scrutin présidentiel du 7 septembre prochain.
Pas moins de quatre candidatures sont déjà déclarées : il s’agit de celles de Zoubida Assoul, présidente de l’UCP, Belkacem Sahli, secrétaire général de l’ANR, candidat au nom d’une coalition de sept partis, Louisa Hanoune, SG du PT et le dernier en date s’appelle Abdelali Hassani, président du MSP.
Algérie : quatre candidatures en lice en attendant Tebboune
Une autre candidature est attendue pour les prochains jours : celle du FFS. Le candidat du plus vieux parti d’opposition en Algérie devrait être désigné à l’occasion d’un congrès extraordinaire qui aura lieu dans les « plus brefs délais », selon le parti.
Quant au RCD, il devrait trancher la question de sa participation ou non au prochain scrutin lors d’une prochaine session de son conseil national prévue début juin au même titre que Jil Jadid de Soufiane Djillali.
Ces annonces interviennent alors que le président sortant, Abdelmadjid Tebboune, n’a pas encore dévoilé ses intentions de briguer, ou non, un second mandat.
Mais, d’ores et déjà, certains partis comme le mouvement El Bina d’Abdelkader Bengrina l’ont adoubé comme leur « cheval » sur lequel ils vont miser lors de la prochaine compétition présidentielle.
« Il sera le cheval sur lequel on va parier avec tous ceux qui partagent la même approche », a assuré vendredi 24 mai Abdelkader Bengrina devant les membres de son conseil consultatif.
Une « approche » que partagent le FLN, le RND et le front El Moustakbel qui au lendemain de la rencontre entre le président Tebboune et les partis, ont créé une « coalition des partis de la majorité », aux contours d’une nouvelle alliance présidentielle, visant à constituer une « base politique aux futures institutions ».
En anticipant sur ce soutien, Abdelkader Bengrina, réputé proche du cercle présidentiel, suggère que le président sortant va briguer un second mandat. Non seulement, on voit mal l’ancien ministre du tourisme se hasarder à parier sur un candidat qui ne s’est pas encore prononcé lui-même, mais son choix n’a pas été démenti, ni contesté par le cercle présidentiel.
Les enjeux et le contexte du scrutin présidentiel
Un autre indice probant : lors d’un meeting animé samedi à Mila, le SG du RND, Mustapha Yahi, a loué les « réalisations d’Abdelmadjid Tebboune » en assurant que son parti « poursuivra le train des réformes et l’appui des acquis sociaux avec un homme de consensus dont l’Algérie a besoin dans ce contexte sensible ». Lors de ce meeting, le RND a déployé un tifo géant de Tebboune.
Tout porte à croire que l’on s’achemine donc vers une compétition électorale où tous les courants politiques qui traversent la société algérienne seront représentés : le courant islamiste, les démocrates progressistes et le courant national-conservateur.
Et contrairement à certaines prévisions, la prochaine élection présidentielle s’annonce pluraliste et singulière.
Une particularité que semble avoir imposée le contexte international en plein bouleversement et la situation politique interne, aux enjeux multiples, qui confine à la nécessité, aux yeux des observateurs, d’une remobilisation politique lors de ce scrutin, pour donner à l’Algérie un président fort alors que le pays fait face à de sérieuses menaces à ses frontières.
« Le contexte international a lourdement pesé… »
« En dépit des conditions contestables dans lesquelles elle se déroulera, cette élection présidentielle offre l’opportunité politique à toutes les élites patriotiques, où qu’elles se trouvent, de sortir de leur passivité et d’agir pour éviter au pays de sombrer dans l’immobilisme et le statu quo », a indiqué, samedi, le FFS pour justifier sa participation.
« Le contexte international et les menaces contre l’Algérie ont pesé lourdement dans la décision du FFS d’opter pour la participation. L’Algérie a besoin d’un président fort, élu avec un bon taux de participation, pour contrecarrer les menaces », souligne à TSA une source proche du FFS.
C’est aussi, un rendez-vous électoral qui préfigure d’une recomposition politique et d’un tournant dans la vie de la Nation : la fin, aux commandes du pays, de la génération de la Guerre de libération.
Mais, dans l’immédiat, deux épreuves essentielles attendent les candidats : la collecte des signatures qui sont indispensables pour valider leurs candidatures et la mobilisation de la population pour participer au scrutin.
L’obstacle de la collecte des signatures
En vertu de la Loi électorale, les candidats disposent d’un délai de 40 jours, à compter de la convocation du corps électoral, pour déposer leurs dossiers de candidature auprès de l’Autorité nationale indépendante des élections (ANIE).
Outre la déclaration de candidature, chaque candidat est appelé à fournir un dossier comportant de nombreuses pièces administratives et des engagements en conformité avec les exigences de la Constitution.
Le candidat doit aussi présenter : soit une liste comportant, au moins, 600 signatures individuelles de membres élus d’assemblées populaires communales, de wilayas ou parlementaires et réparties, au moins, à travers vingt-neuf 29 wilayas ; soit une liste comportant 50.000 signatures individuelles, au moins, d’électeurs inscrits sur une liste électorale.
Ces signatures doivent être recueillies à travers, au moins, 29 wilayas du pays. Le nombre minimal des signatures exigées pour chacune des wilayas ne saurait être inférieur à 1200.
Une fois la procédure accomplie, l’ANIE statue sur la validité des dossiers dans un délai ne dépassant pas une semaine avant de les soumettre au Conseil constitutionnel auquel échoit la prérogative d’arrêter la liste définitive des candidatures pour l’élection présidentielle en Algérie.
Quant à la campagne électorale, elle débutera 23 jours avant la date du scrutin et s’achèvera 3 jours avant le jour du vote, qui est fixé pour la présidentielle de 2024 au 7 septembre prochain.
Véritable chemin de croix, la collecte des signatures, si elle ne risque pas de poser problème à certains candidats appuyés par des appareils politiques à l’ancrage assuré, telle ne sera pas le cas pour d’autres qui risquent d’être recalés.
Mais au cœur de ces projections, une incertitude demeure cependant : l’attitude des électeurs qui ont massivement boycotté les derniers rendez-vous électoraux.
En 2019, le taux de participation à l’élection présidentielle algérienne était de 39,88%.