L’Algérie se prépare à organiser une élection présidentielle anticipée le 7 septembre prochain. À moins d’un mois de la convocation du corps électoral, le 8 juin prochain, la scène politique peine à s’emballer. Un début de frémissement est toutefois attendu dès les prochains jours avec l’annonce de nombreux partis de leurs positions par rapport à la présidentielle du 7 septembre prochain.
Pris de court par la surprenante décision présidentielle de convoquer une élection anticipée et sans doute dans l’attente d’une meilleure visibilité, nombre de partis politiques ont, en effet, programmé pour cette deuxième moitié de ce mois mai des réunions de leurs cadres ou de leurs conseils nationaux pour se déterminer par rapport à l’élection présidentielle du 7 septembre prochain.
Présidentielles en Algérie : les partis dans l’attente de signaux
Candidat en 2014 avant de se retirer après l’annonce de la candidature pour un quatrième mandat du défunt président Abdelaziz Bouteflika qui a dirigé l’Algérie durant vingt ans avant d’être chassé par le hirak en avril 2019, Soufiane Djillali, président de Jil Jadid devrait trancher sur la question dans les prochains jours à l’issue d’une réunion des cadres de son parti.
« Il faut une réflexion approfondie avant de se porter candidat », assurait-il récemment même s’il se dit « être prêt ». Partisan d’un changement de paradigme politique et économique et d’une « transition vers une gouvernance plus dynamique », Soufiane Djillali, assez critique de la situation actuelle du pays, particulièrement au plan des libertés et de l’orientation économique, semble attendre des signes probants pouvant rassurer sur une compétition ouverte.
Dans un entretien accordé à TSA en avril dernier, il avait suscité un large débat et de nombreux commentaires en suggérant au Président Tebboune de ne pas briguer un second mandat le 7 septembre prochain.
Absent de la compétition depuis le retrait de son chef historique, aujourd’hui disparu, Hocine Ait Ahmed, de la course en 1999, le FFS, de son côté, entend cette fois-ci faire de la prochaine échéance électorale un grand moment de débat national.
« Quelle que soit la forme à laquelle opteront en toute autonomie nos instances nationales, le FFS, fort de ses propositions, est déterminé à faire de ce scrutin un grand débat qui posera les jalons d’une Algérie souveraine, libre et prospère », réaffirmait, il y a quelques jours, le premier secrétaire du parti, Youcef Aouchiche, à l’occasion de l’ouverture des travaux d’une rencontre-débat sur la politique de l’emploi, la protection sociale et le pouvoir d’achat tenue au siège du parti.
Engagé depuis longtemps dans une initiative politique visant à réhabiliter l’action politique et la promotion d’un dialogue inclusif et du débat public en Algérie, à travers des rencontres avec de nombreux partis, le FFS considère que la prochaine élection présidentielle peut être une occasion pour « l’établissement d’un nouveau rapport avec les Algériens en respectant leur droit de s’exprimer, de s’organiser et de participer à la gestion des affaires publiques ».
S’il est peu probable que le plus vieux parti d’opposition en Algérie (il y a été fondé en 1963 par feu Hocine Ait Ahmed) présente son propre candidat, le FFS sera amené, au regard du climat politique actuel, « qu’il déplore », à choisir une option qui ira dans le « sens de l’intérêt national » et « conforme aux objectifs fixés par les résolutions du 6ᵉ congrès ».
La réponse est attendue pour les 24 et 25 mai prochains à l’occasion de la tenue d’une session ordinaire de son conseil national.
Le message brouillé de Louisa Hanoune
Plusieurs fois candidate à la présidentielle, Louisa Hanoune, secrétaire générale du PT, devrait, sans surprise, annoncer, quant à elle, sa candidature dans les prochaines jours. Prévue pour avant la fin du mois en cours, la réunion du conseil national de son parti devrait valider sa candidature.
Louisa Hanoune, dont le parti a déjà tranché sur la question de la participation, motive sa décision par des considérations géopolitiques et géostratégiques. « Ça va être un combat pour la survie, l’existence de notre pays, pour son intégrité et bien entendu en intégrant la nécessité d’assécher tous les viviers de la détresse et du désespoir », expliquait récemment Louisa Hanoune à la Radio algérienne.
« Cette élection n’est pas et ne sera pas ordinaire dans la mesure où elle se déroulera dans des conditions de paix, permettant de poser la question relative à la démocratie, mais elle prendra plutôt un caractère exceptionnel, dépassant de loin l’aspect électoral en raison du contexte international très agité et les défis auxquels nous devront faire face… », soutient-elle dans un message qui projette l’Algérie dans les bouleversements que connaît le monde ces dernières années.
Autres partis appelés à se prononcer les prochains jours : le MSP et le RCD. Sauf revirement de dernière minute, le MSP devrait présenter son candidat à l’occasion de la réunion de son conseil consultatif (Majliss Echoura) fin mai.
« Nous sommes prêts », assurait, il y a quelques jours à un média, Ahmed Sadok, vice-président du parti. Le MSP qui considère la prochaine élection présidentielle algérienne comme une « étape décisive et stratégique » risque toutefois d’être confronté à un choix embarrassant : trouver le meilleur profil pour défendre les couleurs du parti si la décision de participation venait à être entérinée.
Pour cause : l’éventuelle candidature de l’ex-président du parti, Abderrazak Makri, qui ne cache pas ses ambitions pour briguer la magistrature suprême, risque de chambouler les calculs du parti.
Quant au RCD, très critique de la situation actuelle, il devrait selon toute vraisemblance s’acheminer vers un appel au boycott. Qualifiant les « candidatures annoncées » de « lièvres », non sans s’interroger au « profit de qui », le RCD qui estime qu’il « n’est pas encore trop tard de faire du rendez-vous de la présidentielle un moment de sursaut patriotique », soutient-il.
Le RCD « demeure convaincu que repousser encore une fois le processus de transition qui restitue la volonté populaire ne fera que compliquer davantage une solution de sortie de crise ».
Silence du FLN et le RND
Habitués d’ordinaire à soutenir le candidat du pouvoir, le RND et le FLN, de leur côté, n’ont pas pour l’heure exprimé une position tranchée, sans doute dans l’attente de connaître les intentions d’Abdelmadjid Tebboune, lequel ne s’est pas encore exprimé sur sa candidature.
Attitude similaire d’Abdelkader Bengrina, président d’El Bina, tiraillé entre un éventuel soutien et un engagement solitaire. Mais cela ne saurait tarder, compte tenu de la proximité de la convocation du corps électoral.
Et selon les observateurs, l’attitude du FLN et du RND dépendra dans une large mesure d’une meilleure visibilité sur les enjeux de la prochaine élection présidentielle dont la décision de rapprochement n’a pas encore livré tous ses secrets.
Deux dirigeants politiques ont jusqu’ici annoncé leurs candidatures : Zoubida Assoul, présidente de l’UCP et Belkacem Sahli, secrétaire général de l’ANR, candidat au nom d’une coalition de sept partis dénommée « groupe des partis pour la stabilité et les réformes ».