La carte de l’élection présidentielle libyenne, prévue le 24 décembre prochain, se dessine avec de plus en plus de clarté. Dimanche, l’un des fils de Mouammar Kadhafi, Seif El Islam, a déclaré officiellement sa candidature.
Ce mardi 16 novembre, c’est la maréchal Khalifa Haftar qui lui emboîte le pas, sans grande surprise. Le militaire autoproclamé chef de l’Armée nationale libyenne est l’un des principaux protagonistes de la crise qui déchire le pays depuis une décennie.
Haftar, qui contrôle l’Est de la Libye et ayant son quartier général à Benghazi, n’a jamais caché sa volonté de conquérir tout le pays. Il a tenté de le faire par les armes mais ses forces ont été stoppés in-extrémis en 2019 aux portes de Tripoli suite à l’intervention militaire directe de la Turquie, qui soutient l’autre faction, le gouvernement d’union nationale dirigé à l’époque par Fayez Al-Saradj.
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Face au rééquilibrage des forces et à l’impasse générée par la présence directe ou indirecte de plusieurs puissances régionales et mondiales dans ce pays, Khalifa Haftar a accepté d’adhérer au processus de paix devant déboucher sur l’organisation d’une élection présidentielle.
Dans son annonce de candidature, il a déclaré que l’élection présidentielle du 24 décembre constitue « le seul moyen pour sortir la Libye du chaos ».
Ce que le maréchal n’a pas obtenu par les armes, il tentera donc de l’avoir par la voie des urnes. « Je déclare ma candidature à l’élection présidentielle, non pas parce que je cours après le pouvoir, mais pour conduire notre peuple en cette période cruciale vers la gloire, le progrès et la prospérité », a-t-il annoncé dans un discours prononcé à partir de son fief de Benghazi et retransmis à la télévision.
Khalifa Haftar est soutenu ouvertement par de nombreux Etats, notamment l’Egypte et les Emirats arabes-Unis. Il a aussi bénéficié sur le terrain du soutien de la société de sécurité Wagner, bras armé de la Russie dans de nombreux conflits, notamment en Afrique.
Il a aussi tiré profit de la position paradoxale de la France qui reconnait officiellement le Gouvernement de Tripoli tout en restant très proche du général Haftar.
Le courant n’est jamais passé avec l’Algérie
Avec l’Algérie, en revanche, le courant n’est jamais passé. En septembre 2018, le chef autoproclamé de l’ANL a accusé l’Algérie d’actions belliqueuses et menacé de transférer la guerre sur son territoire. En juin dernier, le président Abdelmadjid Tebboune a révélé que l’Algérie allait intervenir « d’une manière ou d’une autre » en Libye lorsque les forces de Haftar étaient aux portes de la capitale Tripoli.
« Nous n’acceptons pas que la capitale d’un pays maghrébin et africain soit occupée par des mercenaires. Nous allions intervenir », a indiqué le chef de l’Etat dans un entretien avec la chaîne qatarie Al-Jazeera. « D’une manière ou d’une autre : nous n’allions pas rester les mains croisées (…) Quand nous avons dit « c’est (Tripoli, ndlr) une ligne rouge », le message est parvenu et Tripoli n’a pas été occupée », a-t-il expliqué.
Le président Tebboune avait participé à la conférence de Berlin sur la Libye en janvier 2020 mais il ne s’est pas déplacé vendredi 13 novembre pour la conférence de Paris, se faisant représenter par le ministre des Affaires étrangères Ramtane Lamamra.
L’absence du président de la République à cette conférence consacrée à la préparation de l’élection du 24 décembre est liée à la crise bilatérale avec la France et n’a rien à voir avec la position de l’Algérie sur la crise libyenne et le processus électoral en cours.