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Présidentielle française : quels sont les enjeux du second tour ?

Après 15 jours d’une campagne de second tour difficile, les Français votent ce dimanche 7 mai pour élire leur président.

Les dernières enquêtes d’opinion sont formelles. Emmanuel Macron, candidat d’En Marche! devrait sortir vainqueur de ce scrutin présidentiel, avec 63% des voix contre 37% pour Marine Le Pen, candidate du Front national.

L’écart de points entre les deux candidats s’est creusé à l’issue du débat télévisé de mercredi soir. L’agressivité et l’amateurisme de la frontiste Marine Le Pen a permis à Emmanuel Macron de gagner en crédibilité. Un sondage Elabe réalisé à chaud après cet échange musclé de 2h30 indique que l’ancien ministre de l’Économie de François Hollande a été jugé le plus convaincant par 63% des téléspectateurs.

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Abstention historique

Toutefois, la victoire annoncée d’Emmanuel Macron ne serait, en réalité, qu’une victoire en trompe-l’œil. Car, toutes les enquêtes d’opinion le disent. L’abstention devrait être une clé de ce scrutin. Une enquête réalisée par l’institut de sondage Odoxa, publiée le 5 mai, note que le second tour de cette présidentielle se caractérisera par le deuxième plus fort taux d’abstention de l’histoire de la cinquième république avec 25%, après celui de 1969 (69% de participation à l’époque).

L’abstention promet d’être maximale dans les catégories populaires, en particulier chez les chômeurs (35%), chez les ouvriers (30%) note l’étude. Les plus jeunes (18-24 ans) seront les plus nombreux à déserter les urnes avec une abstention à 32%, contre 16% chez les plus de 65 ans.

Enfin, il faut noter que les sympathisants de Jean-Luc Mélenchon devraient être les plus abstentionnistes, avec un taux de 34%. Pour rappel, la consultation de ses militants lancée par le leader de la France insoumise au lendemain du premier tour a révélé que les deux-tiers ne voteront pas pour Emmanuel Macron au second tour. Si le vote blanc est arrivé en tête avec 36,12 % lors de cette consultation populaire, l’abstention a recueilli 29,05 % des suffrages.

Toutefois, il faut rappeler que seuls 243.128 « insoumis » sur les 7 millions d’électeurs de Jean-Luc Mélenchon ont été sollicités pour cette étude. De plus, l’enquête a été réalisée avant le débat télévisé de mercredi soir. Ce qui pourrait éventuellement avoir un impact sur la mobilisation.

Vote rejet

L’étude Odoxa sur les intentions de vote au second tour indique également qu’un grand nombre d’électeurs voteront dimanche « en traînant les pieds », soit parce qu’ils sont encore indécis (21%), soit parce qu’ils se sont décidés dans les tous derniers jours (24%).

Aussi, il faut observer que 57% des électeurs d’Emmanuel Macron de dimanche ne voteront pas pour lui, mais contre son adversaire. À titre de comparaison, “ce vote de rejet de l’adversaire” n’avait concerné que 49% des électeurs de François Hollande en 2012 et 32% des électeurs de Nicolas Sarkozy en 2007, rappelle l’institut de sondage.

Plusieurs initiatives citoyennes encouragent d’ailleurs à montrer son mécontentement. Ainsi, certains électeurs proposent de « bloquer Le Pen sans soutenir Macron »  en se rendant aux urnes « après 17 heures » dimanche. « Le ministère de l’Intérieur publie à 12h puis à 17h les chiffres de la participation. En allant voter après 17h, nous pouvons faire en sorte que notre opposition soit entendue et comptabilisée à travers les différents niveaux d’abstention au cours de la journée », détaille la pétition « Bloquer Le Pen sans soutenir Macron, c’est possible! ». Elle a déjà réuni plus de 60.000 soutiens en ligne.

Une autre pétition encourage le vote gris. « Le 7 mai prochain, lors du second tour de l’élection présidentielle, ne pouvant en conscience ni nous abstenir ni voter blanc, ni voter pour vous, nous voterons gris. Nous prêterons notre vote à votre candidature pour faire barrage au Front national et sauver la République. Nous le reprendrons aussitôt, afin de vous imposer une cohabitation avec une gauche rassemblée, qui vous initiera à la politique française et aux difficultés de la vie », écrit l’instigateur de cette pétition qui n’a recueilli que 3191 signatures pour le moment.

Les législatives en ligne de mire

Si les Français sont sonnés par cette élection présidentielle dont l’épilogue aura lieu dimanche soir, ils devront aussitôt affronter la  nouvelle bataille des élections législatives de juin. Le futur locataire de l’Élysée, ni de droite ni de gauche, devra alors parvenir à constituer une majorité au Parlement. Selon une étude OpinionWay-SLPV analytics réalisée pour les circonscriptions métropolitaines hors Corse (soit 535 sièges sur 577) note que le mouvement En Marche! pourrait obtenir entre 249 à 286 sièges.

En coulisses, les premiers calculs politiques ont déjà débuté. Après avoir trahi son propre camp en appelant à voter Emmanuel Macron dès le premier tour de la présidentielle, l’ex-Premier ministre socialiste Manuel Valls veut à tout prix assurer ses arrières pour les législatives. L’élu, qui rêvait de devenir président, devrait se présenter à ce scrutin sous l’étiquette En Marche!, et non plus socialiste !

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