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Présidentielle : la campagne démarre dans un contexte tendu

Présidentielle : la campagne démarre dans un contexte tendu

Plus que les marches du 1er novembre, pour beaucoup les plus imposantes depuis le début du hirak, celles du trente-neuvième acte, vendredi 15 novembre, marqueront sans doute les esprits pour longtemps.

Par un froid glacial et sous une pluie battante, les Algériens sont sortis en masse dans les rues dans au moins quarante-trois wilayas. La manifestation d’Alger a drainé une foule inattendue pour une journée de mauvais temps. Les images des marées humaines s’abritant de parapluies des giboulées de grêle sont saisissantes et offrent bien des enseignements.

Le premier message livré n’est pas difficile à saisir : le hirak n’est pas prêt de faiblir et la détermination est au contraire plus significative que celle, pourtant impressionnante, des premières semaines du mouvement en février-mars.

Pour la comparaison, les conditions climatiques n’ont pas eu cette fois d’incidence notable sur la mobilisation. On se rappelle, après des manifestations mémorables pendant environ deux mois, l’ampleur des marches avait commencé à s’estomper dès les premières chaleurs et le ramadan, pour connaître un creux pendant tout l’été.

Les manifestations imposantes ont repris dès septembre et, depuis, la mobilisation est allée crescendo, avec un pic historique le 1er novembre et une forte mobilisation sous la pluie ce vendredi 39.

La comparaison appelle aussi un autre élément qui dénote de la force retrouvée du hirak : les contraintes sont plus nombreuses depuis quelques semaines.

Le retour et le maintien à des niveaux élevés de la mobilisation survient donc au moment où le pouvoir n’a plus autant de cartes à abattre qu’au printemps dernier, ayant maintenant tout tenté, du blocus médiatique aux arrestations et condamnations judiciaires.

Sans doute que l’approche du rendez-vous électoral du 12 décembre est pour beaucoup dans ce regain de détermination de la rue.

Car le hirak n’a pas fait que retrouver les manifestations imposantes. Il a aussi renoué avec les actions de protestation sporadiques qui visaient, lors des premiers mois, les cortèges de ministres et hauts responsables, et à qui s’offre maintenant une foule d’autres cibles : candidats à la présidentielle et leurs représentants, sièges locaux de l’Autorité électorale et marches de soutien au processus électoral qui ne drainent pas assez de monde, mais suffisamment pour donner lieu parfois à des escarmouches.

Comme hier samedi à Oran, où une trentaine de manifestants ont été arrêtés, pour avoir exprimé leur opposition face à une autre manifestation favorable à la tenue des élections le 12 décembre. Ensuite, des centaines de personnes se sont rassemblées à la place du premier novembre (ex-place d’armes) pour appeler à la libération des manifestants arrêtés.

Depuis au moins deux semaines, le hirak est quotidien et non plus bihebdomadaire et la cadence des actions risque de monter dès ce dimanche 16 novembre, date du coup d’envoi officiel de la campagne électorale.

Durant la précampagne déjà, au moins deux candidats, Ali Benflis et Abdelkader Bengrina, ont été chahutés par la foule, respectivement à Alger et Tindouf.

Ce genre de scènes pourrait bien se banaliser durant les trois semaines que durera la campagne. Pour tâter le terrain, quatre candidats ont opté pour des villes du Sud du pays, réputées pour leur calme, pour lancer leur campagne. Seul Abdelkader Bengrina a choisi Alger pour sa première rencontre avec la population. La campagne électorale commence dans un contexte tendu.

Samedi soir, le haut commandement de l’ANP a indiqué dans un communiqué avoir « donné d’amples instructions et les orientations nécessaires à toutes les Forces et les services de sécurité concernés pour garantir les conditions adéquates et permettre au peuple algérien de participer massivement à la campagne électorale et au prochain scrutin présidentiel en toute liberté et transparence ».

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