Politique

Présidentielle : la Cour constitutionnelle publie la liste définitive des candidats

L’élection présidentielle algérienne du 7 septembre 2024 entame, ce mercredi 31 juillet, sa dernière ligne droite avec la fixation définitive de la liste des candidats par la Cour constitutionnelle.

Sans surprise, il y a sur la ligne de départ les trois personnages retenus par l’autorité électorale indépendante (ANIE) : le président sortant Abdelmadjid Tebboune et les candidats du Mouvement de la société pour la paix (MSP) et du Front des forces socialistes (FFS), Abdelali Hassani Cherif et Youcef Aouchiche.

Les recours introduits notamment par Saïda Neghza et Belkacem Sahli ont été rejetés.

La publication de la liste définitive des candidats est une étape clé du processus des élections présidentielles en Algérie. Il ne reste que la campagne électorale et le vote.

À moins d’un mois et demi de l’échéance, il n’est pas trop tôt pour comparer les forces en présence et spéculer sur les chances des uns et des autres.

C’est évidemment Abdelmadjid Tebboune qui se présente dans la peau du super favori, au moins pour quatre raisons.

L’avantage du président sortant en Algérie

D’abord, il n’est pas dans les mœurs politiques algériennes qu’un président en exercice se présente à une élection pour ne pas la gagner. Mieux, jamais un président candidat à sa propre succession n’est passé par le second tour.

La deuxième raison est que comme ses prédécesseurs, Abdelmadjid Tebboune a le soutien de tous les partis dits du pouvoir. À la redoutable machine électorale du Front de libération nationale (FLN), s’ajoutent celles du Rassemblement national démocratique (RND), du néo-islamiste El Bina, du front El Moustakbal…

Le soutien des principaux partis politiques

Aux législatives de 2021, ces partis ont remporté plus de la moitié des sièges de l’Assemblée populaire nationale.

Ils sont aussi majoritaires dans les assemblées locales. Ce sont eux qui feront campagne pour le président sortant et lui apporteront leur réservoir électoral le jour du scrutin.

Ils ont déjà étalé toute leur efficacité en assurant au président-candidat, en un temps record, le quota requis de parrainages de citoyens et d’élus.

De ce point de vue, Abdelmadjid Tebboune part à chances inégales avec ce qui reste de ses concurrents. Ce qui reste, car l’autorité électorale n’a retenu que trois candidatures sur la quinzaine déclarée.

Louisa Hanoune, secrétaire générale du Parti des Travailleurs (PT) s’était retirée de la course avant d’atteindre l’étape du tamis de l’Anie. Elle s’était plainte d’entraves lors de l’opération de collecte des signatures et a dénoncé une volonté de barrer la route à sa candidature.

L’inexpérience de ses rivaux

En plus de la force de ses soutiens, Abdelmadjid Tebboune pourra aussi compter sur les faiblesses de ses concurrents. Abdelali Hassani Cherif est certes le président de la deuxième force politique du Parlement, le MSP qui compte 98 députés. C’est la troisième raison.

Mais ce n’est pas lui faire injure de souligner qu’il est un novice de la scène politique algérienne. Il était un parfait inconnu des Algériens lorsque, en mars 2023, soit il y a seulement 16 mois, il a remplacé à la tête du parti un Abderrazak Makri bien plus charismatique.

En près de 18 mois à la tête du parti islamiste fondé par Mahfoud Nahnah, Abdelali Hassani Cherif n’a rien montré qui puisse effacer le souvenir de ses prédécesseurs.

De plus, sa candidature est contestée au sein même du MSP. En mai dernier, Abderrazak Makri avait grommelé, laissant entendre qu’il était le plus apte à défendre les chances du parti aux présidentielles.

Youcef Aouchiche n’a pas un meilleur parcours. Bien qu’il soit premier secrétaire du FFS depuis 2020, il reste lui aussi handicapé par son inexpérience et l’affaiblissement du parti par les crises successives qui l’ont secoué depuis la disparition de son fondateur, Hocine Aït Ahmed, en 2015.

Celui-ci a, du reste, placé trop haut la barre du charisme que beaucoup aujourd’hui trouvent trop grand le costume pour le jeune Aouchiche dont c’est la première participation à un scrutin majeur.

Pour ne rien arranger, les deux concurrents de Abdelmadjid Tebboune ne pourront compter que sur leurs propres troupes. Les autres formations qui pèsent dans l’un ou dans l’autre camp ont d’ores et déjà fait le choix du boycott ou du soutien au président sortant.

Abdelmadjid Tebboune sera, en outre, porté par une partie de la machine médiatique qui rappellera avant et pendant la campagne les points positifs de son premier mandat que sont le redressement des indicateurs macro-économiques et les innombrables mesures sociales dont il a la paternité.

Bilan économique : les bons de la Banque mondiale

Le président sortant peut, en effet, mettre en avant son bilan économique et social. Malgré la crise du Covid-19, il a pu redresser la situation économique qui était très mauvaise après son élection en 2019.

Grâce à la hausse des prix du pétrole et aux restrictions sur les importations, les réserves de change du pays ont augmenté pour avoisiner les 70 milliards de dollars après avoir fortement baissé pour s’approcher de la barre des 40 milliards de dollars en 2021.

Alors qu’elle a atteint des taux à deux chiffres dans de nombreux pays comme la Turquie, l’inflation en Algérie a été plus ou moins maîtrisée grâce au maintien du système des subventions et son élargissement à d’autres produits comme les légumes secs et récemment le café et la viande importée.

Le président Tebboune a même instauré une allocation chômage pour les jeunes demandeurs d’emploi, ce qui a amorti l’impact de la crise économique causée par la pandémie de Covid-19 sur des pans entiers de la société algérienne.

Il a aussi relancé ou lancé de grands projets comme l’exploitation de la mine géante de minerai de fer de Gara Djebilet, des gisements de zinc d’Amizour et de phosphate de Tébessa, le lancement d’un nouveau programme de logements AADL3…

Même si l’économie algérienne n’a pas changé radicalement de physionomie ces dernières années – elle reste dépendante des hydrocarbures – la Banque mondiale a estimé il y a quelques jours que l’Algérie a « emprunté un ambitieux chemin de développement ».

L’institution financière a cité notamment le changement de catégorie de l’Algérie de « revenu intermédiaire inférieur à supérieur ». Seuls trois autres pays ont réalisé cette performance en 2023 : l’Iran, la Mongolie et l’Ukraine.

Tout concourt en somme pour une réélection facile de Abdelmadjid Tebboune pour un second mandat à la tête de l’Algérie.

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