Abderrazak Makri en est convaincu : la solution à la crise passe par des élections présidentielles. Le chef du MSP l’a répété, lundi soir, sur la chaîne Echorouk News. « La solution se trouve dans des élections crédibles qui ne seront pas truquées et ne serviront pas à fabriquer un nouveau président », a-t-il expliqué.
Ce constat de Marki rejoint le discours officiel du pouvoir qui a annoncé son intention d’organiser l’élection présidentielle dans les « plus brefs délais. » Mais le chef du MSP ne croit pas à la sincérité de la démarche des autorités. « Les indicateurs montrent que la transition démocratique est encore loin et les conditions pour une telle transition ne sont pas encore réunies », a-t-il tranché.
Pour appuyer ses dires, Abderrazak Makri énumère trois points : « La fermeture du champ médiatique et le contrôle exercé sur les médias, les attaques contre les partis politiques et les agréments accordés aux partis et associations selon le principe de l’allégeance ». « Le champ médiatique est fermé. Nous n’avons pas vu une telle situation depuis 1991 », a-t-il appuyé.
Abderrazak Makri fait le même constat que plusieurs acteurs de l’opposition. Lundi, lors de son intervention à la convention des Forces de l’alternative démocratique, Mohcine Belabbas, président du RCD, a dénoncé « un niveau d’autoritarisme qui n’a pas été atteint par l’autre Issaba durant ses 20 ans de règne ». La convention des Forces de l’alternative démocratique a été interdite par les autorités. Elle s’est tenue au siège du RCD.
Dans la résolution finale sanctionnant les travaux de la convention, les signataires du Pacte de l’alternative démocratique déplorent qu’au moment « où le pouvoir de fait évoque un simulacre de dialogue en vue d’imposer une élection présidentielle, synonyme du maintien du système, des dizaines de citoyens sont toujours détenus arbitrairement pour leurs opinions ou leur positions politiques ».
Les signataires s’alarment aussi que la liberté d’expression et de circulation soient remise en cause, tandis que les médias publics et privés « sont soumis aux injonctions du pouvoir politique ».
Le 27 août dernier, dans un entretien à TSA, Abdelaziz Rahabi faisait un constat similaire concernant les atteintes aux libertés. « Je pense que le pouvoir politique ne mesure pas la réalité de la volonté de changement qui traverse la société algérienne et je pense également qu’il y a des résistances aussi bien au sein des institutions de l’Etat que dans certaines franges de la société à toute perspective de changement », a-t-il dit.
« Le pouvoir ne peut pas appeler au dialogue et à la réforme du système et parallèlement exercer un chantage avec la publicité institutionnelle, fermer des sites électroniques ou fermer l’accès à la télévision publique qui est financée sur des fonds publics, et demander au même temps une adhésion à sa démarche. Je pense que nous avons reculé même par rapport à la période de Bouteflika », a ajouté M. Rahabi à propos des atteintes à la liberté d’expression.
Le constat des acteurs politiques algériens est confirmé et appuyé par Human Rights Watch. Dans un rapport publié lundi, l’ONG américaine affirme que les autorités empêchent les Algériens de manifester pacifiquement. Pour y parvenir, les autorités ont recourt à la répression : arrestations arbitraires, interdiction de réunions de l’opposition, censure de sites internet…
C’est dans ce contexte de répression et de censure que les autorités accélèrent les préparatifs de la prochaine présidentielle qui devrait avoir lieu à la mi-décembre si le calendrier « suggéré » par le chef d’état-major de l’APN est respecté. Deux textes de lois, approuvés lundi en Conseil des ministres, devraient être définitivement votés par le Parlement avant la fin de cette semaine, ouvrant la voie à la convocation du corps électoral dès la semaine prochaine.