Le chef d’état-major et vice-ministre de la Défense, le général de corps d’armée Ahmed Gaïd Salah, a réitéré ce mercredi son appel pour « se diriger aux urnes pour une compétition basée sur des règles démocratiques justes », alors que plusieurs potentiels candidats ont annoncé cette semaine leurs intentions de boycotter le prochain scrutin présidentiel prévu pour le 12 décembre prochain.
« Nous ne nous lasserons jamais d’appeler à se diriger aux urnes, pour une compétition basée sur des règles démocratiques justes, où la voix du peuple sera souveraine pour décider qui présidera à la destinée du pays. Une opportunité particulière pour passer à une nouvelle étape dans le processus d’édification de l’avenir du pays », a déclaré le chef d’état-major dans une allocution prononcée ce mercredi citée dans un communiqué du ministère de la Défense nationale.
Les nouvelles déclarations du vice-ministre de la Défense interviennent alors que ses précédentes n’ont semble-t-il pas encore réussi à trouver écho auprès des personnalités politiques susceptibles de se présenter pour les prochaines élections présidentielles. Dernière en date, l’annonce par l’ex-ministre de la Communication Abdelaziz Rahabi ce mercredi de sa décision de ne pas participer aux prochaines élections.
« Je ne serai pas candidat », a annoncé M. Rahabi dans une déclaration à TSA. S’il n’a pas apporté d’explications officielles, la décision d’Abdelaziz Rahabi de ne pas se porter candidat serait liée à l’environnement politique marqué par les arrestations d’opposants et d’activistes du Hirak, la fermeture du champ audiovisuel et les pressions sur les médias.
L’ex-ministre avait été le coordinateur de « l’initiative politique globale » qui avait donné le « Forum du dialogue national » organisé le 6 juillet dernier. L’initiative finira par être parasitée par le « panel de dialogue et de médiation » coordonné par l’ex-président de l’APN Karim Younes.
Ce mercredi a vu également le Parti de la liberté et de la justice (PLJ) présidé par Mohamed Saïd annoncer sa décision de boycotter les prochaines élections présidentielles. « Les données actuelles n’encouragent guère l’organisation d’élections permettant l’émergence d’un président qui, fort de la légitimité populaire, sera capable de jeter les nouvelles bases d’un Etat démocratique et d’engager des réformes structurelles politiques et économiques dans une atmosphère de solidarité nationale et de confiance mutuelle entre les gouvernants et les gouvernés », a estimé le président du PLJ.
Par conséquent, le PLJ a décidé « qu’il n’est pas concerné par ces élections tant qu’elles ne constitueront pas le couronnement d’un large consensus national qui ouvre la voie à un changement radical, et au renouvellement de la classe politique », renouvelant au passage « son soutien au Hirak populaire dans son pacifisme et ses revendications légitimes et juste ».
Deux jours plus tôt ce lundi, Ali Fawzi Rebaine avait annoncé son intention de ne pas se présenter pour les prochaines élections présidentielles, estimant que « les conditions ne sont pas réunies et le peuple a dit non ».
Le candidat malheureux des trois dernières élections présidentielles a en effet indiqué que son parti Ahd-54 « ne participera pas à ce rendez-vous », estimant que « toute mesure unilatérale ou fait accompli sera d’aucune utilité, car le peuple a dit son mot durant 31 semaines. Cela peut être considéré comme un référendum indirect à travers lequel le peuple algérien a exprimé son rejet de cette élection », avait estimé M. Rebaine.
Le 18 septembre dernier, c’était Rachid Nekkaz qui avait annoncé qu’il ne participerait pas aux prochaines élections prévues le 12 décembre. « Il est impossible de prendre part aux élections présidentielles si le premier ministre Bedoui, qui était ministre de l’Intérieur de Bouteflika, garde son poste. Vous savez que cette personne a trafiqué six millions de formulaires de signature en faveur du candidat Abdelaziz Bouteflika », a indiqué le candidat à la candidature aux élections du 18 avril dernier, finalement annulées.
« Il est impossible de participer aux élections lorsqu’on voit nos frères emprisonnés pour port du drapeau amazigh ou à cause du Hirak », avait affirmé M. Nekkaz, estimant par ailleurs que « la majorité du peuple algérien ne veut pas participer à cette élection ».
L’ancien chef de Gouvernement Ahmed Benbitour a décidé aussi de ne pas prendre part à la prochaine élection présidentielle.
« Le Dr Ahmed Benbitour s’excuse auprès de ses partisans et de tous les citoyens qui le soutiennent afin de sortir le pays de la crise et annonce, avec regret, qu’il n’a pas l’intention de participer aux prochaines élections organisées par les autorités actuelles », selon un texte publié dimanche sur sa page sur Facebook. « Il expliquera les raisons ultérieurement », a ajouté le texte.
Quels candidats pour les présidentielles ?
Le président du Mouvement El Bina, Abdelkader Bengrina, a annoncé le 20 septembre son intention de se porter candidat aux prochaines élections présidentielles. Il s’est notamment fait remarquer en affirmant que ce samedi s’attendre à l’invasion de l’Algérie par les troupes libyennes de Khalifa Haftar, provoquant l’incrédulité (et l’hilarité) de l’opinion publique algérienne.
L’ex-chef du gouvernement Ali Benflis, candidat lors des élections présidentielles de 2014, devrait statuer sur une éventuelle candidature ce jeudi.
L’ex-Premier ministre Abdelmadjid Tebboune, en poste pendant 81 jours, devrait quant à lui retirer les formulaires de candidatures ce jeudi également. « Sauf changement de dernière minute ou imprévu, il va retirer les formulaires de candidature jeudi », a indiqué à TSA une source proche de l’ex-ministre de l’Habitat. Son nom est évoqué avec insistance ces dernières semaines, lié à une éventuelle candidature à la magistrature suprême.