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Présidentielle : une campagne qui s’annonce compliquée pour les candidats

Présidentielle : une campagne qui s’annonce compliquée pour les candidats

L’image est assez édifiante : le candidat Ali Benflis, ancien chef du gouvernement, aujourd’hui à la tête de Talaie al Hurriyet a été conspué samedi à sa sortie d’un restaurant à Baba Hassan dans l’ouest d’Alger.

Loin d’être anodin, cet incident, même si pour l’heure il peut paraître marginal, traduit la défiance d’une partie de la population vis-à-vis des candidats à la présidentielle.

Comme le reste des autres candidats, Ali Benflis, malgré une opposition à Bouteflika entamée en 2004 lorsqu’il s’était présenté contre lui à l’élection présidentielle, traîne l’image d’un homme ayant fait partie du système, celui-là même dont les Algériens réclament le changement depuis février dernier.

Homme de droit pourtant, Ali Benflis n’a pas condamné, comme beaucoup espéraient, l’incarcération de Lakhdar Bouregâa ou encore celle de Karim Tabbou.

Mais c’est sans doute son plaidoyer en faveur des mesures d’apaisement et du départ du gouvernement, tout en s’inscrivant dans une démarche chapeautée par le pouvoir, qui prend les relents d’un passage en force, de l’avis de tous les observateurs, qui semble susciter la méfiance à son égard.

À cela s’ajoute son long silence durant les années fastes de Bouteflika, son rapprochement de l’opposition avant de prendre ses distances en rejetant l’idée de la transition.

Autre facteur de défiance : l’exigence des Algériens d’un renouvellement politique général. Composés majoritairement de jeunes et de femmes, les manifestants qui descendent dans les rues depuis février dernier réclament un renouvellement du personnel politique, comme ils l’ont montré à travers le rejet de tous les symboles du régime que recouvre le slogan « Yetnahaw gaâ », mais aussi de toute la classe politique qui de, près ou de loin, a composé avec le régime.

Est-ce seulement à cause de ces raisons ? Confusément, sa candidature, tout comme celles de Tebboune, Mihoubi, Bengrina ou encore d’Abdelaziz Belaid, est perçue comme visant à dévoyer le mouvement populaire qui après huit mois de mobilisation attend toujours d’être entendu, sur sa revendication principale, qui est le changement radical du régime.

Même si certains candidats peuvent avoir le bénéfice du doute, la présence de Tebboune, un septuagénaire, au profil d’un parfait serviteur du régime, ou encore de Mihoubi, à la tête d’un parti dont le SG, abhorrée, est sous les verrous, achèvent de convaincre que le scrutin est loin de répondre aux aspirations des manifestants.

Dans de telles conditions, la question est de savoir comment ces candidats espèrent-ils mener la campagne électorale. Intervenant au lendemain de l’empêchement par certains citoyens, dans certaines wilayas, de la célébration des festivités du 1er novembre par les officiels, dans un contexte d’effervescence sociale et de bras de fer entre les magistrats et l’Exécutif aux conséquences imprévisibles, la campagne électorale s’annonce assurément compliquée et risquée pour les candidats. Et l’incident de Baba Hassan se décline comme un indice révélateur.

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